Textes bibliques

“L’autorité masculine” #bingodesclichés

Deux mots qui servent à justifier l’exclusion des femmes de certains rôles dans le cadre de l’Église. Deux mots qui ferment la porte aux bonnes relations homme-femme interdépendantes. Deux mots qui affirment la structure patriarcale de la famille et, dans les pires des cas, ouvre le chemin aux violences faites aux femmes : “autorité masculine !”

Globalement, les auteurs et autrices du blog se servent de deux approches générales en abordant ce sujet épineux. D’un côté on examine certaines femmes pour remarquer comment elles rompent avec les attentes patriarcales de soumission et de passivité (par exemple les articles sur Lydie, Ruth, les filles de Tselophhad etc). D’un autre côté, on démontre à partir de la Genèse que l’homme et la femme ont été créés égaux à l’image de Dieu. Ils pèchent tous les deux. La domination de l’homme sur la femme qui s’ensuit est le résultat de ce péché ainsi que son expression. Suivant la dynamique de cette pensée égalitaire, on creuse les enseignements des épitres pour démontrer que les interprétations traditionnelles de ces textes sont erronées.

Mais une autre piste serait de voir dans les Évangiles ce qui y est dit des hommes en position d’autorité. Et d’examiner ensuite la façon dont Jésus exerçait l’autorité, et la manière dont la volonté de Dieu est communiquée.

Les hommes au pouvoir selon les Évangiles

A l’époque de Jésus, l’autorité patriarcale était une réalité quasiment universelle. Les gouverneurs ; les monarques ; les prêtres et les scribes ; les pharisiens et les sadducéens : des hommes, tous. Pourtant, au lieu de faire l’éloge des hommes placés au sein des structures d’autorité établies, les Évangiles les remettent constamment en question, ainsi que leur manière d’exercer le pouvoir. Même si l’apôtre Paul affirme l’importance de respecter les puissances humaines (Rm 13 : 1), les Évangiles montrent que le pouvoir sur le plan humain peut bien être corrosif. Les hommes investis du pouvoir politique et religieux se laissent facilement corrompre. Par crainte de perdre leur emprise sur le peuple, ils ont recours au mensonge et à la violence.

  • Les autorités politiques et religieuses sont les ennemis du Royaume : ils persécutent les disciples (Marc 13 : 9-11).
  • Les chefs des nations tiennent les petits sous leur pouvoir et les grands sous leur domination (Marc 10: 42).
  • De peur de la foule, Pilate condamne Jésus et libère Barabbas (Matt 27 : 21). 
  • Le tyran Hérode ordonne le meurtre des enfants juifs (Matt 2 : 16).
  • Au lieu de renoncer au péché, Hérode Antipas fait tuer Jean-Baptiste (Marc 6 : 17-29).
  • Les Pharisiens ne comprennent pas l’essentiel de la Loi (Marc 3 : 18-28 ; 7 : 1-23). En compagnie des Hérodiens ils cherchent à faire périr Jésus (Marc 3 : 6).
  • Les scribes sont des hypocrites (Marc 12 : 38-40). Ils exploitent les plus pauvres de la société.
  • Les grands prêtres et les scribes craignent la perte de leur pouvoir et lancent un complot pour tuer Jésus (Marc 14 : 1). Ils établissent un procès illégal qui a lieu pendant la nuit. Ils suscitent de faux témoins.

Il y a de quoi se méfier ! Selon les Évangiles, l’autorité masculine traditionnelle, exercée par les puissances institutionnelles, est bien dangereuse.

L’autorité masculine des apôtres

Parfois, dans le cadre de l’Église, on justifie l’autorité de l’homme à partir de la masculinité des Douze. Il est vrai qu’il n’y a aucune femme parmi les Douze. Pourtant, l’autorité que Jésus leur donne n’est pas destinée à être exercée sur les femmes !  Il s’agit d’une autorité sur les esprits impurs et les maladies (Matt 10 : 1 ; Marc 3 : 15 ; Luc 9 : 1). En plus, cette autorité n’est pas donnée uniquement aux Douze : les Évangiles nous confirment que les soixante-douze hommes et femmes qui suivent Jésus en sont aussi chargés (Matthieu 10 : 8 ; Marc 6 : 7-11 ; Luc 10 : 8). Cette autorité accompagne leur proclamation du Royaume de Dieu et la fortifie. N’oublions pas non plus que les Douze ne sont pas les seuls à être nommés apôtres. Il y a également la femme Junia en Romains 16 : 7.

Il suffit d’une lecture superficielle des Évangiles pour comprendre que le portrait des Douze est souvent loin d’être flatteur. Regardons par exemple l’Évangile de Marc : ceux qui suivent Jésus et qui devraient comprendre les valeurs du Royaume, ont de nombreuses lacunes. Ils comprennent peu et se laissent tenter par des modèles d’autorité humaine. Se croyant supérieurs, ils méprisent les plus petits. Par exemple :

  • Ils se disputent les sièges les plus puissants au Royaume et ne comprennent pas la valeur du service (Marc 9 : 33 ; 10 : 37).
  • Pierre ne croit pas au sacrifice de Jésus (Marc 8 : 32).
  • Ils manquent de compréhension (Marc 6 : 52)
  • Ils trouvent ridicule que Jésus veuille identifier dans la foule la personne qui l’a touché (Marc 5 : 31)
  • Ils manquent de foi (Marc 4 : 40)  
  • Au lieu de suivre Jésus jusqu’au bout, ils disparaissent lors de l’arrestation de Jésus. Judas le trahit ; Pierre le renie.

Ce portrait justifie difficilement le privilège masculin !

Jésus : modèle de l’autorité selon le plan de Dieu

Sans question, Jésus nous offre le modèle parfait de l’autorité exercée selon le plan de Dieu. Cette autorité est fondée sur sa relation avec son Père Céleste. C’est le parfait serviteur de Dieu, soumis à Dieu, rempli de justice et d’amour.

L’autorité de Jésus ne ressemble en aucune manière à celle du dictateur qui emploie la force et suscite la peur. Sa confiance en Dieu est parfaite et il ne manifeste aucune rivalité. Au moment des tentations il ne veut pas abuser de son pouvoir (Matt 4 : 1-11). Jésus – Emmanuel – est « Dieu avec nous. » Humble jusqu’à la croix, il chemine avec les humains. Vivant selon les valeurs du Royaume, il n’oblige personne à se soumettre à lui. Témoins des miracles de Jésus, les foules qui l’entendent enseigner affirment que son autorité ne ressemble justement pas à celle des autres hommes politiques ou religieux. Jésus n’impose ni son pouvoir ni son autorité. Il laisse plutôt aux autres la possibilité de reconnaitre l’autorité divine investie en lui. Il attend que ses paroles d’amour et de sagesse éveillent la foi de ses auditeurs et suscitent leur engagement. L’autorité manifestée librement par Jésus doit être accueillie avec une même liberté par ceux et celles qui le rencontrent.

Comment l’autorité divine est-elle exercée selon le plan de Dieu ? Le serviteur parfait, humble jusqu’au bout, nous en offre donc le modèle idéal. Mais, attention ! Jésus n’est pas uniquement le modèle d’autorité pour les hommes : il l’est aussi pour les femmes. Nous sommes tous et toutes appelés à le suivre et à grandir à son image.

Jésus n’invite pas les hommes à imiter un certain nombre de ses qualités divines pour laisser aux femmes d’autres qualités à imiter par elles seules. Nous sommes appelés, chacun à partir de son contexte, à ressembler de plus en plus à toutes ses qualités.

L’autorité vient des humbles

Dieu est au-dessus de tout, et toute l’Écriture affirme que l’autorité vient de lui. Personne d’entre nous ne peut prendre sa place.

Pourtant les textes des deux Testaments nous témoignent de nombreuses situations où quelqu’un d’inattendu occupe la place d’autorité en apportant la parole de vérité qui vient de Dieu. Très souvent cette personne ne fait pas partie de l’établissement institutionnel ou du centre de pouvoir. Elle vient plutôt des coulisses. Il peut s’agir aussi bien d’une femme que d’un homme :

  • En 2 Rois 5.3 la fillette captive de Naaman prononce une parole d’autorité lorsqu’elle parle d’Elisée à sa maîtresse,
  • Les prophètes tels que Nathan (2 S 12 : 1) viennent d’en dehors du fonctionnement de la cour pour offrir la parole de vérité au roi,
  • Jean-Baptiste parle dans le désert (Matt 3 : 1),
  • Le centurion romain à la croix prononce l’identité véritable de Jésus : c’était le Fils de Dieu (Matt 27 : 54),
  • La cananéenne venant d’un pays païen affirme la portée de l’autorité de Jésus (Matt 15 : 21-29),
  • La femme de Pilate, païenne, prononce la vérité en ce qui concerne l’innocence de Jésus, communiquée dans un rêve (Matt 27 : 19),
  • La veuve pauvre qui donne tout ce qu’elle a pour vivre comprend le vrai sens du sacrifice.

Jésus lui-même est conforme à ce modèle. Il ne sort ni d’un palais ni de la maison d’un grand prêtre de Jérusalem ; il naît dans une étable et grandit à Nazareth, loin de la capitale. Il lance son ministère en Galilée. Il ne fait pas partie des groupes officiellement désignés pour exercer l’autorité.

Ne soyons pas alors déroutés par cette expression « l’autorité masculine ». La parole d’autorité ne sort pas de la bouche d’un homme pour la seule raison que c’est un homme qui élève la voix. La parole de vérité, accompagnée de l’action, se fera entendre aussi bien dans la bouche d’une femme que de celle d’un homme. Notre Dieu nous réserve constamment des surprises. Laissons-nous surprendre ! La personne qui sort des coulisses, pourrait bien être le messager ou la messagère qui communique la volonté de Dieu. Plus nous suivrons fidèlement Jésus, et plus, en relation avec Dieu, nous apprendrons le service et l’humilité qui sont tous les deux au cœur du plan de Dieu. Et plus nous reconnaitrons la vérité et la volonté de Dieu lorsque celui-ci se servira d’un être humain – homme ou femme – pour les communiquer.


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« La Bible est claire, il suffit de la lire »
et « N’oubliez pas l’ordre créationnel ».

D’autres articles sont à venir dans la série #bingodesclichés le premier vendredi de chaque mois. Il s’agit d’un bingo des phrases entendues couramment. Un bingo de certaines idées reçues sur le ministère (pastoral) des femmes. En 9 courts articles nous aimerons y apporter une réponse et donner des pistes pour aller plus loin. Nous sommes impatientes de partager la suite avec vous !

À propos revdmcotes

Mary Cotes est pasteure baptiste anglaise. Ayant fait ses études doctorales de théologie, elle a exercé un ministère dans de nombreux contextes, y compris l’aumônerie d’un hôpital psychiatrique. Autrice de Women Without Walls et Quand les femmes se mettent à l’œuvre, elle exerce un ministere itinérant. . Musicienne diplômée, elle donne également des cours de piano.

5 comments on ““L’autorité masculine” #bingodesclichés

  1. Olivia

    Merci beaucoup pour cet article et pour les vérités qui en ressortent: hommes et femmes sont égaux et à la suite de Christ ils et elles peuvent parler avec autorité et avoir autorité. J’ai entendu, lors d’une méditation sur l’application “prie en chemin” (coup de pub pour cette belle façon de méditer la parole de DIeu) ” Parler avec autorité pour Jésus, c’est faire grandir en entraînant vers plus de vie”.

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