Jésus les appela tous et dit : « Vous savez que les chefs des peuples les commandent en maîtres et que les personnes puissantes leur font sentir leur pouvoir. Mais cela ne se passera pas ainsi parmi vous. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur, et celui qui veut être le premier parmi vous sera votre esclave : c’est ainsi que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie comme rançon pour libérer une multitude de gens. »
Matthieu 20: 25-28
Lorsque deux des disciples de Jésus lui ont demandé des places d’honneur, il a présenté un autre modèle de vie. Il a insisté sur le service et la soumission à Dieu. Il ne s’agit pas de rechercher des positions de pouvoir, ni d’exercer une autorité, mais de devenir un esclave pour la cause de l’Évangile.
Un tel enseignement devrait conduire à une Église qui fonctionne à contre-courant : une Église qui n’élève pas les dirigeants au-dessus des autres ou qui ne se pâme pas devant des célébrités. Ce n’est toutefois pas la réalité du terrain. Les prédicateurs, les directeurs d’organisations chrétiennes, les célébrités chrétiennes et les musiciens font l’objet d’une adoration excessive, d’importantes récompenses financières et d’un nombre encore plus important de followers sur Twitter. Alors que l’Église est appelée à la contre-culture du service, elle reflète trop souvent le culte du pouvoir et de la gloire de la société séculière.
L’Église est appelée à démanteler ces structures de pouvoir. Nous devons créer des espaces où les derniers passent vraiment en premier, où l’humilité est plus appréciée que le don charismatique d’un orateur, et où chaque membre du corps est apprécié et récompensé équitablement pour ce qu’il apporte. Ce travail est important pour la génération présente mais aussi pour beaucoup d’autres à venir. Il sera accompli de ce côté-ci de l’éternité ou de l’autre ; car il est certain que lorsque le royaume viendra dans toute sa plénitude, le pouvoir sera distribué comme Jésus l’a enseigné.
Si nous voulons réaliser la vision prophétique de Jésus en matière de leadership, un problème fondamental doit être résolu : la valorisation injuste de certains humains par rapport à d’autres. Dans toutes les communautés du monde, un seul groupe détient la grande majorité du pouvoir. Comme l’a établi le magazine Forbes en 2014, 91% des personnes les plus puissantes du monde en font partie. La majorité des PDG, des présidents, des monarques, des milliardaires, des entrepreneurs, des philosophes, des scientifiques, des géants des médias, des journalistes, des créateurs de culture et des personnalités sportives appartiennent à ce groupe. Au sein de l’Église, ce groupe monopolise les micros, domine dans les équipes pastorales et les conseils d’organisations missionnaires. Ce groupe est également dominant dans la prise de décision dans la majorité des foyers chrétiens. Ce groupe, ce sont les hommes.
Les hommes représentent un peu moins de la moitié de la population mondiale, mais ils détiennent la majorité du pouvoir dans presque tous les groupes sociaux. Ce n’est pas un accident. Genèse 3 : 16 indique clairement que la domination masculine était une conséquence fondamentale de la chute. Le patriarcat est presque aussi vieux que le péché lui-même. Pourtant, Jésus a renversé la malédiction du péché et de la mort et, avec elle, l’asservissement au patriarcat.
Dans les Églises, les femmes et les filles sont désavantagées parce qu’elles sont nées femmes.
Les modèles implicites et les enseignements explicites sur le rôle de chef, la soumission, le sexe, les rôles de genre, le pardon et le leadership laissent les filles et les femmes convaincues de leur insuffisance.
Dans la société en général, les filles sont sexualisées et traitées comme des objets, souvent au nom de la “libération sexuelle”. Dans le même temps, au sein de l’Église, elles sont déshumanisées et sexualisées au nom de la pudeur et de la pureté. Les voix des femmes sont trop souvent absentes des salles de réunion, des chaires et des podiums de conférence, même de ceux qui sont égalitariens.
Fin 2013, j’ai travaillé avec un petit groupe de femmes pour rassembler et analyser des statistiques concernant le nombre d’hommes et de femmes prenant le micro lors de rassemblements chrétiens nationaux au Royaume-Uni. C’est le pays où je vis. Nous avons constaté que 28% des intervenants lors d’événements chrétiens nationaux étaient des femmes, alors que les femmes représentent jusqu’à 75% de l’Église britannique. Cette étude nous a conduits à fonder le projet 3:28, consacré à la création d’un équilibre entre les sexes lors des événements chrétiens.
Lorsque nous avons interrogé les responsables d’Église sur ces statistiques, les réponses allaient de “nous voulons simplement les meilleurs orateurs, le genre n’a rien à voir avec cela” à “ce n’est pas du tout une surprise pour moi”. Pour certaines conférences, l’absence de femmes était une question de conviction théologique, mais la majorité des événements tenaient à une vision égalitarienne de l’Écriture et ne seraient pas contre des oratrices, du moins en théorie.
Notre étude est imparfaite, mais elle fournit un aperçu précieux de ce qui se passe au Royaume-Uni, et elle a suscité une discussion dans tout le pays sur la répartition du pouvoir dans l’Église et sur les raisons de cette inégalité. Si seulement il était vrai que le manque de femmes dans les espaces de parole était uniquement une question de compétence ! La réalité est bien plus complexe et multiforme que le fait que les hommes soient plus doués pour parler en public ou qu’une théologie profondément ancrée dans l’essentialisme du genre.
Il existe une liste presque infinie d’obstacles qui empêchent les femmes de prendre le micro lors de rassemblements chrétiens nationaux. On peut citer, entre autres :
- le manque de soutien en matière de garde d’enfants
- les problèmes financiers
- les normes de beauté de la société qui sapent la confiance des femmes
- l’incapacité à sortir de la rotation des collations
- les réunions non officielles qui se déroulent dans des espaces réservés aux hommes (à côté de l’urinoir, par exemple),
- et l’incapacité à créer des réseaux du fait que de nombreux dirigeants masculins sont découragés de passer du temps seuls avec des femmes, par crainte d’inconduite sexuelle.
Mais pourquoi cela est-il important ? Pourquoi est-il important de savoir qui délivre le message, tant que c’est le bon message ? On peut se demander si les femmes doivent chercher à prendre le micro. Si notre conception de la foi chrétienne est celle du service, la prise de parole ne devrait-elle pas être un des objectifs principaux ?
Faire de la place aux femmes sur la scène des événements chrétiens, derrière la chaire et dans les médias chrétiens n’est pas un enjeu politiquement correct. Il s’agit de garantir que la totalité de la création de Dieu ait la possibilité de vivre l‘appel et le but fixé par Dieu. Dieu a fait l’humanité homme et femme, et a déclaré que c’était “très bon”. Ensemble, hommes et femmes représentent le meilleur de la création de Dieu. L’Écriture est remplie d’images féminines de Dieu, de mères ourses et de poules rassemblant des poussins, de femmes avec des pièces de monnaie perdues, d’allaitement, de sevrage et de naissance. L’Église ne peut se permettre d’exclure la voix et l’expérience des femmes. Tant que celles que Dieu a choisies et destinées de façon toute particulière pour donner naissance aux nations n’auront pas pleinement accès à leur appel et n’utiliseront pas pleinement leurs dons, nous ne verrons pas le royaume se réaliser.
Que ce soit dans le public ou dans le privé, nous avons un long chemin à parcourir jusqu’à ce que le corps du Christ soit représenté par l’ensemble de l’humanité.
Nous devons créer une culture où le pouvoir est utilisé à bon escient et où les femmes et les hommes travaillent ensemble pour surmonter la forteresse qu’est le patriarcat. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer pour que la voix des femmes soit entendue. Voici quelques actions que nous pouvons entreprendre :
Chacun d’entre nous :
- Priez. Comme Paul l’explique dans l’épitre aux Ephésiens, il y a une bataille spirituelle et nous sommes appelés à nous revêtir de l’intégralité de l’armure du Seigneur et de combattre avec sa Parole. Nous devons prier sans cesse pour que les liens du patriarcats se brisent.
- Étudiez. Christians for Biblical Equality et d’autres (NDT : comme Servir Ensemble) proposent régulièrement d’excellentes ressources qui nous permettent de connaître la vérité biblique concernant la justice de genre. Plus nous apprenons, plus nous sommes capables d’interpeller les personnes qui soutiennent que le patriarcat vient de Dieu.
- Encouragez. Nous devons encourager les femmes douées au sein de nos communautés. D’innombrables obstacles empêchent les femmes de réaliser leur vocation. Défendre les femmes, c’est veiller à ce qu’elles aient les moyens émotionnels et pratiques de répondre à leur vocation.
Hommes :
- Reconnaissez vos privilèges. Les hommes accèdent plus facilement à des positions de pouvoir et sont moins susceptibles de subir des abus ou des violences. Il est important que les hommes prennent le temps de s’approprier et de gérer le privilège et les avantages qui leur sont accordés par le simple fait qu’ils sont nés homme.
- Faites de la place. Les femmes ne peuvent bénéficier d’opportunités que s’il y a de la place pour elles.
Si l’on vous demande de prendre la parole lors d’un événement, vérifiez s’il y a des femmes au programme et, si ce n’est pas le cas, proposez une collègue féminine qui pourrait prendre votre place. Vous pouvez même vous engager publiquement à ne pas prendre la parole dans des panels ou des programmes réservés aux hommes.
Femmes :
- Célébrez. Les femmes ont souvent accès à une quantité limitée de pouvoir. Cela peut conduire à un environnement compétitif plutôt que collaboratif pour les femmes qui sont appelées à diriger. Nous pouvons rejeter cette situation et, au contraire, célébrer et donner du pouvoir à d’autres femmes et filles, en veillant à élever les autres à mesure que nous nous élevons dans les structures de pouvoir.
- Dites oui. Les femmes souffrent souvent d’un manque de confiance en elles, ainsi que du syndrome de l’imposteur (sentiment injustifié d’insuffisance ou d’incompétence. Cela prend souvent la forme d’un sentiment d’imposture, d’une attribution de la réussite à la chance ou d’une minimisation de la réussite). Nous nous surprenons souvent à dire non à des opportunités ou à ne pas postuler à des emplois ou à des opportunités pour lesquelles nous ne nous sentons pas à la hauteur. Les hommes ont rarement les mêmes problèmes à ce sujet. Pourquoi ne pas prendre l’engagement de dire oui à toutes les opportunités qui se présentent à vous, puis de régler les détails pratiques au fur et à mesure. Si Dieu ouvre une porte, il pourvoira aussi !
Ensemble, nous pouvons vaincre le patriarcat. Lorsque nous faisons de la place pour les voix des femmes aux côtés des hommes, nous faisons un pas crucial vers le modèle de vie demandé par Jésus.
Natalie COLLINS
Traduction : Johanna YODER
Cet article a été premièrement publié, le 4 mars 2015 en anglais sur le blog Mutuality de CBE International (www.cbeinternational.org) que nous remercions chaleureusement pour la permission de le traduire et republier.
Car nous n’avons pas à lutter contre des êtres de chair et de sang, mais contre les Puissances, contre les Autorités, contre les Pouvoirs de ce monde des ténèbres, et contre les esprits du mal dans le monde céleste.
Ephésiens 6:12 BDS
Je rends grâce à Dieu notre Père, à celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau sans défaut, égorgé qui s’est offert pour chacun d’entre nous, notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ Ressuscité à sa droite, soient louange et honneur, gloire et puissance pour toute éternité (Ap. 5 : 13) Jésus a honoré les enfants, les femmes et les hommes. Chacun a sa place dans l’Église. Merci Saint-Esprit, prenons courage, Jésus a vaincu le monde. Quiconque est de la vérité écoute sa voix. Jean 18 : 37 Tout est accompli. Jean 19 : 30. Alors, prions.
Woah! cet article m’encourage dans mon engagement dans l’église. MERCI.