Une fois n’est pas coutume ! Un peu plus d’un an après la parution de l’article conséquent “Paul : avocat du patriarcat ?” de Philip Payne nous vous proposons aujourd’hui un résumé pour rafraîchir votre mémoire !
Vous pouvez lire ou relire l’article en entier ici.
Ce qu’affirme Paul sur le rôle des femmes dans le ministère pastoral
Dans Romains 16 : 1-16, Paul salue dix personnes qu’il présente comme ses collègues dans le ministère chrétien. Sept d’entre elles sont des femmes. Paul n’énumère pas seulement ces femmes comme de simples croyantes, mais comme des responsables dans le ministère pastoral.
Que Paul nomme ainsi une telle proportion de femmes responsables dans une société ouverte n’a pas d’équivalent dans toute l’histoire de la littérature grecque ancienne.
Principes théologiques de Paul induisant l’égalité de l’homme et de la femme
Paul affirme que les hommes et les femmes sont tous deux « à l’image de Dieu », « en Christ », et ont reçu le mandat et la bénédiction pour dominer la terre, et la création. Dans l’ensemble, sa théologie implique leur égalité : ils sont responsables-serviteurs, soumis les uns aux autres, (Ep 5 : 21) dans l’Église et dans le mariage. Ils sont égaux :
- dans l’unité du corps de Christ,
- dans la prêtrise de tous les croyants,
- dans les dons de l’Esprit pour tous,
- dans la liberté en Christ.
Ils inaugurent ensemble l’eschatologie de la nouvelle création, et il n’y a plus de division homme/femme en Christ.
L’égalité de l’homme et de la femme dans l’Église
A deux reprises, en Galates 3 : 28 et 1 Corinthiens 1 : 11, Paul affirme sans ambiguïté l’égalité des femmes et des hommes dans la vie de l’Église.
L’égalité du mari et de l’épouse dans le cadre du mariage
- Lorsqu’en 1 Corinthiens 7, Paul traite en détail du mariage, il spécifie les mêmes conditions, les mêmes opportunités, les mêmes droits et les mêmes obligations pour la femme et pour l’homme. A chaque fois, il s’adresse aux hommes et aux femmes comme à des égaux. Il respecte une symétrie parfaite dans le style, afin de renforcer cette égalité.
- De même en Ephésiens 5 : 21-22, la soumission de l’épouse est une facette de la soumission mutuelle, chacun renonçant à lui-même dans l’amour. Paul exhorte et les épouses et les maris à s’appuyer l’un sur l’autre et à s’encourager l’un l’autre. Christ est le modèle de tous les croyants, des épouses comme des maris (5.2).
Paul et les femmes : avocat du patriarcat ?
Paul a beau affirmer à maintes reprises l’égalité des genres, l’idée qu’il serait un fervent défenseur du leadership masculin dans l’Église est tenace. Pourquoi ? D’abord en raison des interprétations communément répandues de quelques passages :
- 1 Timothée 2 : 12 : Je ne lui permets pas d’enseigner et de dominer sur l’homme
- 1 Timothée 3 et Tite 1 : Les qualifications de responsable pour les hommes uniquement
- 1 Corinthiens 14 : 34-35 : Que les femmes se taisent dans les assemblées.
L’analyse qui suit expose l’erreur de telles interprétations populaires de ces versets et montre que Paul est un fervent défenseur de l’égalité des genres.
1 Timothée 2 : 12
Le dictionnaire grec-français du Nouveau Testament Bauer-Danker (BDAG 150) donne au verbe-clé « avoir autorité » le sens de « assumer une position d’autorité sans délégation ». Dans chaque occurrence de ce verbe, il est question d’assumer une autorité sans y être autorisé. Il en résulte que Paul n’interdit pas aux femmes d’exercer une autorité sur les hommes. Mais en raison des crises provoquées par les faux enseignements circulant à Éphèse, il interdit aux femmes de s’arroger elles-mêmes le droit d’exercer une autorité sur l’homme, sans mandat pour le faire.
1 Timothée 3 : 1 et Tite 1
En fait, Paul encourage chaque croyant à aspirer à la charge de responsable : « Cette parole est certaine : si quelqu’un aspire à la charge de responsable, c’est une belle tâche qu’il désire » (1 Tim 3 : 1).
En grec, le mot « quelqu’un » est sans connotation de genre, ce qui laisse la porte ouverte aux femmes et aux hommes.
Paul encouragerait-il les femmes à désirer une responsabilité qui leur est interdite ? Paul est sans ambiguïté lorsqu’au verset 5, il emploie de nouveau le mot « quelqu’un » dans la liste parallèle des exigences demandées au responsable en Tite 1 : 6. Contrairement à la plupart des traductions, il n’y a pas un seul pronom masculin dans aucune des qualifications du responsable d’Église en 1 Timothée 3 : 1-13 ou Tite 1 : 5-9.
1 Corinthiens 14 : 34-35
Comment alors, peut-on réconcilier ces versets avec les nombreux passages, dans ce chapitre et dans le chapitre 11, où Paul parle des femmes qui prophétisent, ou de l’égalité des sexes ailleurs ? La meilleure réponse est venue lorsque l’on a découvert qu’à l’origine, ces versets ne suivaient pas le verset 33. C’est évident à la lumière des plus anciens manuscrits. Les versets 34-35 étaient placés après le verset 40 dans tous les manuscrits grecs « d’Occident », mais dans d’autres manuscrits, ils se lisaient après le verset 33.
Selon les usages de la transcription, il est probable que, dans un premier temps, quelqu’un a écrit, dans la marge d’un manuscrit, que les femmes devaient garder le silence, et que plus tard, des copistes l’ont introduit soit après le verset 33 soit après le verset 40. Face à l’écrasant consensus culturel interdisant aux femmes de s’exprimer en public, n’importe quel lecteur a pu ajouter 34-35 dans la marge, pour éviter que l’exhortation de Paul à ce que tous prophétisent, ne s’applique aux femmes. Quant à savoir qui a écrit ce texte dans la marge, pourquoi et quand, nous ne pouvons que nous fonder sur des conjectures et, en ce cas, si Paul en est l’auteur et s’il affirme ou s’y oppose, cela aussi est matière à doute.
En conséquence, on ne devrait pas utiliser ce commandement qui impose le silence aux femmes dans l’église, comme fondement d’une théologie ou d’une pratique. En fait, il serait plus approprié que dans les traductions de la Bible, on inscrive ce commentaire marginal à la place qui est probablement la sienne dans l’original : dans la marge, plutôt qu’en note de bas de page.
Conclusion
Les Ecritures affirment si souvent l’égalité des hommes et des femmes et les références montrant des femmes appelées par Dieu à exercer une autorité avec les hommes ou sur les hommes sont si claires et nombreuses, que tenter de toutes les nier, fait penser à quelqu’un qui, pris dans une avalanche, pense échapper à chaque rocher et chaque masse de neige, rien qu’en s’en persuadant.
De même qu’on ne peut résister à une avalanche, ainsi il est impossible d’ignorer tout ce que disent les Écritures sur le fait que Dieu confère la même autorité aux hommes et aux femmes.
La Bible enseigne aux hommes et aux femmes à exercer humblement l’autorité selon que l’Esprit les conduit et comme Christ le commande. On ne peut ignorer les preuves bibliques de l’égal statut de l’homme et de la femme dans la vie de l’Église. Et il ne s’agit pas seulement des passages que nous venons de considérer. Le faire serait alors nier aussi tous les passages faisant référence à la réciprocité et pratiquement tous les commandements et encouragements de la Bible – car ils nous concernent tous et toutes, et Dieu veut que nous nous les appropriions d’un cœur entier et sans réserve, et non par crainte d’être confrontés aux limites d’une discrimination humaine des genres, étrangère à l’enseignement biblique.
NON, les écrits de l’ apôtre Paul ne défendaient pas le patriarcat,
modèle d’organisation issu du péché , dont la polygamie !
Mais il était humain comme nous, encore pécheur, avec sa zone d’ombre
et peut- être qui sait, un peu misogyne …….”je ne fais pas ce que je voudrais” !
Il faut se rappeler que l’enseignement de Paul est un enseignement
d’autorité, issu d’une REVELATION et non pas des capacités de l’ homme.
Il pose LA BASE DES PRINCIPES qui doivent régir les relations humaines, mais en les appliquant chaque fois dans le contexte de son époque.
L’ erreur , à mon avis, est de le lire en les transposant comme tels dans notre société.
C’est ainsi qu”on peut comprendre qu’il n’interdit pas l’ esclavage., alors
qu’on voit bien qu’il est contre.
De même, la bible affirme que la terre est plate (voir le site de science et foi)
parce que le message de Dieu passe au travers de la connaissance scientifique
de cette époque. C’ est ainsi qu’aujourd’hui des scientifiques chrétiens affirment
que la terre est plate contre tout bon sens et preuve contraire !
Merci de nous aider à relire ces textes en prenant du recul , à comparer avec
d’autres passages et à replacer dans le sens global de la bonne nouvelle
qui révolutionne toutes nos anciennes façon de penser.
Cet article, dans sa version complète, m’avait déjà beaucoup intéressé lors de sa première diffusion, en particulier parce qu’il donne des précisions importantes sur la rédaction des textes originaux et les ajouts ou commentaires qui y avaient été joints par la suite, ôtant ainsi une bonne part de leurs arguments aux tenants acharnés du “silence des femmes”. Et il est encore plus savoureux que ce soit un homme qui apporte des précisions aussi nettes et convaincantes !
Sur ce sujet si important, je pense utile de partager ici une réflexion qui chemine en moi depuis un certain temps, en observant avec attention ce qui se passe à l’occasion de discussions familiales ou amicales, ou lors de débats divers, que ce soit à la radio, à la télévision ou sur des sites chrétiens (je pense notamment à l’émission hebdomadaire “On s’y retrouve”, fort sympathique, de nos amis de la Porte Ouverte de Mulhouse). Sans céder à la facilité de représentations un peu trop réductrices et parfois simplistes au sujet des caractères psychologiques masculin et féminin, je suis quand même touché de constater qu’un grand nombre d’avis et de prises de position exprimés par des femmes sont empreints d’une grande sensibilité à la dimension humaine, relationnelle, qualitative, des situations évoquées en commun, ainsi que d’un sens de la nuance et de l’intériorité qui nous font bien souvent défaut, à nous les représentants de la gent masculine. Car dans les grandes lignes, il est juste de reconnaître que nous sommes en général davantage préoccupés, de manière souvent tout à fait inconsciente, d’organisation rigoureuse et très hiérarchisée, d’efficacité, de performances, soucieux d’obtenir des résultats rapides, et que nous émettons parfois avec une grande légèreté des opinions définitives et facilement dépourvues de délicatesse ou de profondeur… C’est avec son immense sagesse, et dans son fantastique amour, que notre Créateur avait pris soin de nous créer à sa ressemblance, homme et femme, semblables et différents, complémentaires dans l’égalité, « vis-à-vis secourants » l’un pour l’autre ! La rupture en Eden nous avait privés de cet équilibre formidable, le Salut offert en Jésus-Christ nous ouvre à nouveau cette possibilité magnifique d’une harmonie retrouvée !
L’évolution sociétale actuelle, qui progresse laborieusement dans cette recherche d’une véritable égalité retrouvée, dans les domaines du respect des différences de genre ou de statut social, de la prise en compte des identités, des besoins légitimes de chacun et chacune, des droits et devoirs respectifs et des capacités d’expression et d’épanouissement quel que soit le sexe, favorise évidemment cette possibilité précieuse de manifester beaucoup plus librement l’infinie diversité des sensibilités, des regards, des manières de sentir et de comprendre la complexité des situations et des relations humaines qui en découlent. Et il est heureux que l’Eglise, avec malgré tout un retard certain, s’inscrive enfin elle aussi dans ce formidable processus de rééquilibrage, les femmes chrétiennes étant évidemment le plus souvent à la pointe de cette “révolution culturelle” tellement nécessaire et positive, initiée du temps de son passage sur notre terre par le Seigneur Jésus, un temps vécue par les premières églises, et malheureusement largement oubliée depuis…
J’ai pourtant l’impression assez pénible que ce formidable processus d’évolution, absolument essentiel, reste malgré tout entravé dans le monde chrétien par une grande rigidité des représentations touchant aux divers rôles et responsabilités dans l’Eglise. Car la culture de nos milieux, il faut bien le reconnaître, est très fortement imprégnée de schémas structurels et relationnels terriblement patriarcaux, profondément marqués aussi par l’idée de l’indispensable présence, dans nos églises, d’UNE autorité centrale, parfois pesante (y compris pour la personne qui la détient !) et exposée au risque d’attitudes dominatrices. Ce type d’organisation ayant de plus le grave inconvénient de faire des autres membres d’église des assistants essentiellement passifs, en contradiction avec ces si nombreuses exhortations apostoliques au partage concret des dons et services confiés par le Saint Esprit à chaque enfant de Dieu pour le bien commun… En disant cela, je pense évidemment à ce « ministère pastoral » qui a une place si prédominante dans nos communautés, s’inscrivant d’ailleurs ainsi dans la continuité de la prêtrise du Premier Testament, et dans la conformité aux logiques cléricales des diverses religions païennes. La Réforme n’étant d’ailleurs pas allée, en son temps, jusqu’à remettre en cause ce schéma clérical directement hérité du catholicisme, le pasteur ayant tout naturellement succédé au prêtre dans la structuration et le fonctionnement des communautés…
Or, comme d’ailleurs un certain nombre d’autres chrétiens, j’ai pris conscience au fil du temps, par l’étude attentive des écrits du Second Testament, que Jésus avait très nettement remis en question ce type de fonctionnement, lorsqu’il évoquait avec ses disciples le type de relations qu’il souhaitait instaurer dans la communauté totalement nouvelle qu’il leur annonçait et à laquelle il les préparait. Renouvellement des relations communautaires clairement confirmé par les enseignements de l’apôtre Paul, notamment lorsqu’il parlait DES services principaux devant s’exprimer dans les églises auxquelles il écrivait, le passage le plus explicite étant celui de la lettre à Ephèse, au chapitre 4 et aux versets 11 et suivants: nous voyons là CINQ “ministères” principaux, ayant la mission d’oeuvrer ENSEMBLE à la construction et à la croissance, en maturité comme sur le plan numérique, de la communauté qui était confiée à leur supervision et à leur accompagnement. Le service du pasteur n’étant pas présenté, dans cette énumération, comme devant être supérieur ou plus déterminant que les autres, et encore moins comme devant concentrer toutes les charges et capacités d’enseignement et de direction. Ce qui est hélas devenu le cas dans la pratique habituelle de nos églises…
C’est pourquoi je crois vraiment utile d’attirer l’attention sur le fait que le travail de réhabilitation de la juste place des femmes dans l’Eglise ne devrait surtout pas se cantonner à l’accession au « pastorat féminin » ou aux diverses charges de responsabilité dans les communautés locales et structures d’organisation. Même si c’est peut-être là une étape nécessaire dans la reconquête de l’égalité… Car dans la logique tout à fait explicite de ce qu’on a qualifié de « sacerdoce universel des croyants », pleinement conforme à de nombreux textes des écrits apostoliques, il y a évidemment place pour une beaucoup plus grande diversité d’expression des services nécessaires à la santé spirituelle des églises et à leur croissance, tels qu’ils sont distribués par l’Esprit pour le bien commun et le témoignage dans la société, et bien sûr aux femmes autant qu’aux hommes !
Pour ma part, les caractéristiques féminines de sensibilité aigüe à l’humain, de compétence particulière à « prendre soin », à accompagner avec douceur et chaleur humaine – sans être évidemment une exclusivité féminine ! – me semblent néanmoins prédisposer très naturellement les femmes aux fonctions éminemment « pastorales » qui sont celles de cette aptitude particulière du berger, et donc encore plus de la « bergère », à « prendre soin » avec douceur et délicatesse des membres du « troupeau » du Seigneur. En collaboration étroite, bien entendu, avec la diversité enrichissante des autres « services » offerts par le grand Pasteur à Son Eglise, et particulièrement au niveau de ses communautés locales de proximité.
Je crois vraiment qu’il y a là un domaine nouveau à explorer, absolument passionnant, en peine conformité avec les écrits du Second Testament, et dans le cadre plus large de ce sacerdoce universel qui doit lui aussi être redécouvert et restauré dans toute sa richesse, par les multiples complémentarités dans la diversité qui sont elles aussi à retrouver en ces temps très particuliers. La santé spirituelle et relationnelle de nos églises, et la qualité de leur témoignage dans un monde déboussolé qui en a tellement besoin, seront le fruit de cette révolution ecclésiale que le Seigneur désire produire dans le cadre de ce Réveil qui s’annonce actuellement, et auquel nous devons tous et toutes nous préparer avec soin et vigilance, à l’écoute attentive de la Parole et sous la conduite de l’Esprit !