Spiritualité Textes bibliques

Qui a eu l’honneur de consacrer Jésus ? (Mt 26 : 6-13)

Une femme a eu l’honneur de consacrer Jésus. Une femme dont nous ne connaissons pas le nom et qui ne dit pas un mot. Son geste parle si fort que tout ajout aurait été inutile. A Béthanie, cette femme s’est approchée de Jésus, dans la maison d’un lépreux et lui a versé un parfum de grand prix sur la tête.

Trois textes de la Bible racontent des événements similaires : Luc 7 : 36-8.3 ; Jean 12 : 1-11 et Matthieu 26 : 6-13. S’agit-il de la même femme ? Les similarités le laissent penser, mais les différences entre les récits interrogent.

Un geste de grand prix

La valeur du parfum que la femme de l’évangile de Matthieu déverse sur la tête de Jésus fait débat parmi les disciples. Ils s’indignent et qualifient son geste de « gaspillage » : la valeur de son offrande est estimée à 300 pièces d’argent, c’est une sacrée somme ; l’équivalent du salaire annuel moyen d’un ouvrier de ce temps. Vouloir donner la somme aux pauvres plutôt que de la répandre sur la tête de Jésus, comme le suggèrent les disciples, semble être une charitable initiative. Pourtant, ne nous laissons pas berner. Si Matthieu souligne le prix du parfum ce n’est que pour poursuivre (26 : 14-16) en racontant que Judas Iscariote n’hésite pas à vendre Jésus pour 30 pièces d’argent soit 1/10 de la valeur que la femme lui avait consacré.

Elle prête allégeance à Jésus en étant prête à sacrifier une somme énorme pour lui alors que son disciple Judas est prêt à le trahir pour 10 fois moins.

Un acte qui en dit long

Cette femme assume un rôle de prêtrise en consacrant Jésus. Son acte dit qu’elle le reconnaît en tant que messie (1 Sam 16 : 13 ; Ps 2 : 6), prophète (Es 61 : 1) et prêtre (Ex 29 : 7). Plus encore, en lui versant ce parfum sur la tête, elle annonce sa mort à venir (26 : 12) et anticipe le fait, probablement sans le savoir, qu’il ne sera pas possible de le parfumer selon la coutume, après son décès (Mc 16 : 1-4).

Le geste de cette femme est une prédication puissante, appuyée par Jésus, de l’identité de Jésus en tant que fils de Dieu. Mais son geste parle aussi d’elle-même. Il dit tout son amour et sa foi. Elle est consacrée toute entière à Jésus. Elle est prête à tout lui remettre car elle sait qu’en lui quelque chose de décisif se produit. La réalité intérieure de son cœur se traduit tout naturellement par l’offrande de sa réalité extérieure : ses biens.

Lorsque nous pensons à la prédication, nous l’associons plutôt à des paroles. Pourtant ce geste d’une femme sans nom et sans mots, annonce un message d’une rare puissance. Elle proclame ici un message dont peu de personnes saisissent la force dans les événements qui précèdent la passion. Au verset 13, Jésus valide sa proclamation :

« Amen, je vous le dis, partout où cette bonne nouvelle sera proclamée, dans le monde entier, on racontera aussi, en mémoire de cette femme, ce qu’elle a fait. »

Des gestes et des paroles

Cet exemple de foi et d’audace continue de faire de l’effet. Son modèle d’action touche profondément et laisse songeur 2000 ans plus tard :

  • le message et la personne de Jésus ont-elles autant de valeur pour moi ?
  • Transcendent-t-ils tout ce que je suis et ce que je possède ?
  • Est-ce que je saisis pleinement qui était Jésus et la puissance de ce qu’il est venu accomplir ?
  • Est-ce que mes actes proclament le message du royaume de Dieu autant que mes mots ?

Je suis reconnaissante pour son témoignage courageux qui m’invite à aller plus loin dans ma foi ; à oser proclamer le royaume de Dieu avec audace.


Publié en partenariat avec le magazine SpirituElles
Crédit photo: Prateek Katyal

Marie-Noëlle Yoder est directrice du département francophone du centre de formation du Bienenberg (BL, Suisse) où elle enseigne la théologie pratique et l'éthique. Elle est également pasteure dans une Église mennonite (BE, Suisse).

7 comments on “Qui a eu l’honneur de consacrer Jésus ? (Mt 26 : 6-13)

  1. M.Rose

    Magnifique méditation et inspirée !
    Quand la grâce coule, tout est Amour et Beauté.
    La prêtrise de la femme, qui peut encore en douter ?

  2. Claire Poujol

     » « ce qu’elle a fait » et non pas ce qu’elle a dit.
    Les paroles, c’est  » « paroles, paroles,…… !’ On nous en a tellement dit, des paroles, que nous en sommes comme saoûlees. Mais un acte peut toucher enormement et differemment. Surtout un acte qui coûte beaucoup comme celui-ci.

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