Au sujet des femmes, l’apôtre Paul semble dire une chose et son contraire : par exemple, les femmes doivent se taire dans les assemblées (1 Corinthiens 14.31-36) mais elles sont appelées à prophétiser (1 Corinthiens 11.5 et 14.3, 31). Malgré toute bonne volonté, il est impossible de se taire tout en prophétisant ! Ces « dissonances » au sein du texte donnent souvent lieu à une bataille de versets entre ceux qui brandissent les uns et ceux qui brandissent les autres. Comment avancer avec les contradictions internes au texte pour mieux comprendre la place et le rôle de la femme dans la société et dans l’Église ?
Linda Oyer, ancien professeur associé de Nouveau Testament à la Faculté de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine a publié un excellent article à ce sujet dans le livre « de l’Écriture à la communauté de disciples » sous la direction de Neal Blough.
Dans ce chapitre, elle documente cette dissonance avec abondance. Elle affirme que la façon la plus simple –et la plus nocive- de résoudre cette dissonance est de donner la priorité à l’une ou l’autre des positions en diminuant l’impact et l’application des versets de l’autre position. Cela aboutit à la création d’un canon dans le canon qui se construit sur une grille de lecture arbitraire. C’est ce que font aussi bien ceux qui revendiquent un féminisme chrétien que ceux qui soutiennent les thèses traditionnelles.
- Pour ceux et celles qui soutiennent une hiérarchie entre l’homme et la femme, la grille de lecture passe par Genèse 2 et la lecture traditionnelle des textes de l’apôtre Paul qui donnent la prééminence au premier-né, l’homme sur la femme.
- Pour ceux et celles qui revendiquent une égalité absolue de rôle et de fonction au sein de l’Église, la grille de lecture passe par Genèse 1et la création homme/femme dans l’égalité. Elle rejoint la nouvelle création, projet de Dieu en Jésus-Christ.
Toute l’oeuvre de Dieu dans l’histoire humaine est un mouvement vers cette nouvelle création, la libération de tout asservissement, la guérison de tout ce qui est brisé.
Linda Oyer démontre facilement que cette seconde grille de lecture correspond à la dynamique de la rédemption accomplie en Jésus-Christ. Elle reprend un paradigme élaboré par W.J. Webb qui « prend en compte le mouvement vers la nouvelle création. », mouvement qu’il nomme « trajectoire rédemptrice ». Puis, passant en revue les textes les plus souvent utilisés par les tenants et les opposants à une plus large place accordée aux femmes, Linda Oyer démontre leur enracinement dans l’une ou l’autre de ces grilles de lecture, ce qui fait clairement apparaitre le caractère dynamique des Écritures.
« Si l’interprétation des Écritures était statique, nous pourrions accepter l’esclavage aujourd’hui… »
La dissonance des textes et des positions de Paul concernant la place et le rôle des femmes, provient donc de la tension entre l’ordre ancien des choses qui s’appuie sur Genèse 2 et l’ordre nouveau qui s’appuie sur Genèse 1 et qui pointe en direction du royaume qui vient. Autre et nouvelle façon de parler du déjà et du pas encore…
A ne pas manquer: la vidéo dans laquelle Linda Oyer explique sa pensée.
Un très grand merci pour la diffusion de cet enseignement, qui contribue à clarifier la réflexion sur ce sujet tellement fondamental de l’égalité et de la réciprocité dans l’Eglise. Et comme pour tout ce qui concerne la vie de l’Eglise (et donc des églises locales!) dans cette logique révolutionnaire de la participation de tous par cette complémentarité équilibrée que suscite l’Esprit, dans quel cadre favorable le vécu pratique de cette nouveauté peut-il trouver à s’exercer dans les conditions les plus favorables? Ne serait-ce pas lorsqu’elle se vit dans la dynamique réellement communautaire de petits groupes où l’on apprend à se connaître, où l’on se découvre (les uns les autres, mais aussi soi-même !), où l’on apprend à s’écouter et à s’apprécier, où l’on expérimente charismes et services, dans ce climat simple et “familial” qui prévalait dans l’Eglise primitive ? J’en suis pour ma part convaincu… parce que c’est justement le modèle que nous propose tout le Nouveau Testament ! Et aussi parce que l’Esprit du Seigneur de l’Eglise la conduit de nos jours en en redécouvrir toute la richesse et l’efficacité, dans tous les pays et dans toutes les sensibilités !
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Bonsoir,
Votre grille de lecture est intéressante, mais pour moi les contradictions du texte ne sont qu’apparentes. Elles tiennent surtout à l’extrême difficulté de la traduction qui est, et c’est INEVITABLE une première interprétation du texte.
L’opposition que l’on fait entre GEN 1 et 2 est discutable.
C’est dans ce domaine que l’on doit avancer. On a besoin de spécialistes mais surtout de la lumière et de l’intelligence du Saint-Esprit pour la cohérence.
Ex : 1 Cor. 11.7 “la femme est la gloire de l’homme” : on comprend que la femme est la gloire du masculin. .Pourtant en grec ‘ anthropos’, c’est l’homme et la femme, donc la femme est la gloire de l’homme et de la femme ! Ça colle plus avec le reste …….
Merci pour votre remarque et vos lectures attentives. Je tiens cependant à vous rappeler que ceci n’est pas ‘ma’ grille de lecture personnelle, mais celle de Linda Oyer. Je ne fais ici que la recension de son article, même si je reconnais que sa perception m’intéresse.
Après vérification, le texte grec contient le terme ‘andros’ et non ‘anthropos’.
Bonjour,
…j’ai tiré cet exemple d’une étude pastorale sérieuse, c’est donc une rumeur qui court
. MORALITE : tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler, en VÉRIFIANT TOUJOURS SES SOURCES ! Merci d’avoir vérifier et de bien vouloir m’excuser.
Il n’y a pas de soucis, ne vous inquiétez pas !