Philippe Lebouc, pasteur, nous partage son cheminement concernant le ministère féminin.
Avant de répondre à cette question, un peu d’historique
Je suis né en 1960 dans une famille chrétienne évangélique qui n’était ni libérale ni ultra-légaliste, mais influencée par le contexte paternaliste de nos Églises.
Les femmes étaient cantonnées à l’instruction des enfants, le ménage, la librairie et autres tâches dites secondaires dans l’Église.
J’ai grandi, je me suis converti puis j’ai répondu à l’appel pastoral dans ce contexte où les femmes ne pouvaient pas avoir de place quant au chant, la prédication et autres responsabilités dites réservées aux hommes.
J’adhérais donc à cette prise de position en la défendant et en critiquant ceux qui avaient une conviction contraire. Dès que quelqu’un voulait aborder le sujet, je coupais vite le débat en invoquant des textes bibliques comme 1 Timothée 2 : 12 et 1 Corinthiens 14 : 34. Je m’appuyais aussi sur le fait que mon union d’Églises ne reconnaisse pas le ministère pastoral des femmes.
Le déclic
En 2008, suite à un changement d’Église et de région, j’ai dû réfléchir et prendre une décision quant à ma position inflexible.
Quelques mois avant de prendre la responsabilité de cette Église, le pasteur en charge m’avait prévenu qu’une femme dirigeait la louange. Connaissant mes convictions, elle était prête à se retirer si nécessaire, par respect et soumission.
Que devais-je faire ? M’imposer et créer du trouble dans l’Église ou accepter son ministère et revenir sur ma conviction ?
Après des temps de prière, le texte d’Actes 10 : 15 s’est imposé à moi : « Il entend la voix une deuxième fois. Elle lui dit : « Ce que Dieu a rendu pur, ne dis pas que c’est interdit ! »
A l’instant même, je me suis senti soulagé et j’ai dit au Seigneur : « Ok, si toi tu valides ce ministère, qui-suis-je pour l’empêcher ?
Puis quelques années plus tard, le mariage d’un neveu qui a été célébré par une femme pasteure de la fédération baptiste, m’a interpellé à nouveau sur le sujet. L’ayant écoutée précédemment lors d’un culte, je me suis retrouvé devant une femme qui prêchait d’une manière inspirée. Devant cette évidence ma conviction a été une nouvelle fois bousculée.
En réfléchissant sur mes anciens arguments, je me suis rendu compte qu’il y avait de l’hypocrisie en moi. Une remise en question était nécessaire.
Remise en question
Une question s’est imposée à mon cœur : comment peut-on refuser le ministère pastoral aux femmes, alors qu’elles peuvent exercer bien d’autres ministères ?
J’ai donc fait rapidement une liste non exhaustive : les femmes
- Enseignent les enfants (jusqu’à quel âge ?)
- Chantent en solo ou duo en apportant des commentaires par rapport aux chants
- Dirigent les chants en apportant des commentaires par rapport aux chants
- Écrivent et composent des chants
- Témoignent en s’appuyant sur des textes bibliques et des commentaires
- Écrivent des livres d’études et d’enseignements
- Sont missionnaires et prêchent
- Il y a des femmes pasteures dans de nombreux pays depuis des décennies
- En France des femmes prêchaient avant la 2e Guerre mondiale.
J’ai constaté aussi que d’autres fédérations évangéliques françaises avaient validé le ministère pastoral pour les femmes. Devant tous ces constats, j’ai décidé de sonder tout à nouveau les Écritures sur le sujet en demandant l’éclairage du Seigneur.
Ma conclusion
Après plusieurs années de prières et d’études de la Parole de Dieu – je me suis penché sur les femmes dans l’Ancien et le Nouveau Testament, les versets polémiques, les études des mots hébreux et mots grecs, les contextes des écrits etc. – ma conviction a complètement changé : je ne suis plus opposé mais favorable à ce que les femmes puissent répondre à l’appel divin et s’épanouir dans le ministère.
J’ai compris que l’appel de Dieu sur une vie n’est pas une affaire de genre, mais que le Seigneur dans sa souveraineté appelle qui il veut et comme il veut : homme ou femme, sans distinction.
Je demande pardon aux femmes qui ont souffert de mes prises de position radicales dans le passé où j’affirmais ma conviction sans écouter les arguments des autres. En cela j’ai manqué de respect et j’ai blessé. Que Dieu puisse apporter guérison et restauration !
Mon vœu est que l’on se respecte que l’on soit favorable ou non au ministère pastoral des femmes, car le respect mutuel est grandement nécessaire entre convictions différentes : la place des femmes dans l’Église, comme d’autres sujets controversés, ne sont pas censés diviser l’Église.
À mes yeux le ministère pastoral des femmes est une richesse pour l’Église. Mon épouse Myriam et moi-même vivons cette richesse depuis plusieurs années et constatons que c’est une bénédiction pour notre assemblée.
Philippe LEBOUC
Merci Philippe pour votre droiture et l’humilité avec laquelle vous nous offrez un résumé de votre cheminement intérieur.
Ok, si toi tu valides ce ministère, qui-suis-je pour l’empêcher ?
Bonjour, je ne valide rien, j’exprime ma conviction, je le fais simplement pour partager. Sois bénie
Ok, si toi tu valides ce ministère, qui-suis-je pour l’empêcher ?
Merci pour ce précieux témoignage.
Si la question de la place de la femme (sexe féminin) est encore un thème dans nos églises, il en est de nouveaux et de tout autant fondamentaux liés au genre. Une question ambiguë de vocabulaire, qui ne permet plus l’erreur en 2023. Je comprends que vous dites « l’appel de Dieu n’est pas une question de sexe ». Pour le genre… qui est une notion de socialisation, je me réjouis d’un autre post, c’est un autre sujet actuel tout aussi crucial ! S’il n’a pas encore investi les discours féministes chrétiens, il divise les féministes laïques.
merci cher frère pour votre témoignage sincère et honnête, et bravo pour votre changement de pensée concernant la place des femmes dans les églises. Puissiez vous montrer l’exemple à d’autres frères pasteurs.
Merci pour votre témoignage et ce beau cheminement sincère. C’est précieux que vous demandiez pardon et parliez de restauration pour toutes les femmes qui ont peut être été blessées par le passé par vos propos quand vous vous opposiez. Je prie que d’autres hommes puissent passer par le même cheminement. Que Dieu vous bénisse abondamment 🙏🏼
Bravo pour ton témoignage Philippe . Tu sais que j’adhère à 100/100.
Merci beaucoup pour votre témoignage et votre honnêteté. Ce serait bien si vous pouviez partager plus profondément vos découvertes bibliques. Mon Eglise qui est catholique romaine a bien besoin d’entendre votre lecture des Ecritures. J’apprécie bien la façon dont vous lisez la façon dont Pierre s’est ouvert à l’étranger en l’occurence Corneille dans Actes 10:15… Merci encore.
Bonjour,
celui qui demande pardon met un baume sur les blessures infligées
aux autres mais en retour sera richement béni par le Seigneur !
Voyez-vous, je ne suis ni enseignante, ni pasteure, mais blessée
encore souvent par des hommes qui acceptent le ministère féminin,
mais par leurs petites remarques montrent qu’ils ont du mal à accepter
de ne plus être les chefs, l’autorité première !
Mon mari, mon frère restent une autorité pour moi, mais que moi
une femme, je sois une autorité pour eux ce n’est pas encore gagné !
L’ Esprit Saint doit nous éclairer sur la “soumission mutuelle”
qui est la seule voie de transformation de notre être intérieur
afin de refléter le caractère de Dieu.
Que Dieu bénisse votre ministère et votre famille.