Spiritualité

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Une méditation sur la vie de Joseph

Victoria Déclaudure offre ici la première partie d’une méditation sur Genèse 37 – 41 afin d’encourager celles, mais aussi ceux, qui souffrent du manque de reconnaissance de leur vocation.

L’histoire de Joseph dans l’Ancien Testament est un véritable drame, si authentique en termes de psychologie humaine, touchante, et empreinte de la grâce de Dieu. Dernièrement, je lisais le résumé suivant :

« Joseph languit en prison pendant des années à cause de fausses accusations avant que le dessein de Dieu ne s’éclaircisse et qu’il ne devienne l’intendant de toute l’Égypte pour conduire le pays à travers la famine … »[1]

Languir en prison

J’ai subitement compris que le Consolateur m’offrait une parabole de la réalité vécue de femmes appelées au ministère, mais non reconnues dans leur vocation

Le mot languir résonne avec ma profonde tristesse à ce sujet.

En littérature, ce mot signifie « souffrir de quelque chose et en dépérir » (Larousse) ou « déprimer » (linternaute). Il évoque aussi « une forme de désœuvrement profond » (linternaute ).

Les croyants ne sont pas appelés à languir dans le désœuvrement ! Car à en croire Éphésiens 2 : 10, nous serions l’ouvrage de Dieu lui-même, créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres…

Les définitions du verbe languir incluent l’idée d’une attente interminable dans un endroit désagréable, comme la prison de Joseph, et une inaction forcée qui aboutit à un état de faiblesse.

Proverbes 3 : 12 reconnaît cet état psychologique :
“L’attente différée rend le cœur malade” (NBS)
“L’espoir qui tarde à se réaliser chagrine le cœur” (NFC)

La parabole de Joseph (Genèse 37 – 41)

« Joseph languit en prison pendant des années à cause de fausses accusations avant que le dessein de Dieu ne s’éclaircisse et qu’il ne devienne l’intendant de toute l’Égypte pour conduire le pays à travers la famine… »  

Amour

Joseph avait, dès son plus jeune âge, l’affection et la faveur de ses parents. Il se savait un enfant désiré. Il savait qui il était. Son prénom signifiait : Dieu ajoute. Être aimé dès la petite enfance est la fondation d’une bonne estime de soi et d’un sentiment de sécurité qui permet de faire face aux défis de la vie avec optimisme.

Notre relation avec Dieu est primordiale. Se savoir aimée, voulue par notre Père céleste, est le prérequis pour une vie spirituelle épanouie. C’est le socle de tout service, de tout ministère. Cette relation d’amour est le seul baume qui guérit lorsque nous sommes confrontées au mépris. Connaître notre identité en Christ nous donne de l’assurance face à l’opposition. 

« Mais à tous ceux qui l’ont reçue,
elle [la Parole] a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu — 
à ceux qui mettent leur foi en son nom. 
Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d’une volonté de chair, 
ni d’une volonté d’homme, mais de Dieu »
(Jean 1 : 12-13)

Mépris

Joseph fut méprisé par ses frères ainés plus expérimentés qui contribuaient à la prospérité de la famille élargie. Pour eux, Joseph n’était qu’un enfant sans importance.

Les femmes appelées au ministère expérimentent souvent le mépris. Leurs capacités sont régulièrement sous-estimées. Un présupposé d’autorité masculine renforcé par des codes culturels si enracinés qu’ils sont presque inconscients, rend le dialogue à ce sujet pénible. Mais le plus grand mépris est celui qui consiste à ignorer l’autre.

« Aimez-vous les uns les autres » (Jean 13 : 34)

« Soumettez-vous les uns aux autres » (Éphésiens 5 : 21)

Jalousie

Les frères de Joseph étaient jaloux. La préférence de leur père Jacob pour le premier-né de l’épouse préférée menaçait leur place dans l’affection de leur père et leur héritage. La dynamique complexe de cette famille fait basculer la simple concurrence entre frères en une haine violente. La merveilleuse tunique multicolore offerte par leur père à Joseph a cristallisé leur rancune : ce geste le désignait probablement comme le futur héritier.

Qu’une femme occupe une place traditionnellement réservée aux hommes peut sembler menaçant pour ceux qui restent convaincus que les hommes sont « meilleurs », « supérieurs », « les chefs ». S’opposer aux femmes dans le ministère se baserait alors plus sur des sentiments que sur une réflexion biblique bien menée. Loin de nous de juger les motivations d’un frère ou d’une sœur en Christ. Mais quand on doit faire face à une colère à peine masquée, cela laisse perplexe. On ne peut qu’espérer que chacun saura s’examiner soi-même, sans s’esquiver. 

« Mettez-vous vous-mêmes à l’épreuve, pour voir si vous êtes dans la foi ; examinez-vous vous-mêmes. » (2 Corinthiens 13 : 5)

Inspiration prophétique

Joseph reçut des rêves de la part de Dieu, rêves surprenants à propos de sa future « élévation » qui se réalisa dans la suite de l’histoire. Une interprétation fréquente consiste à dire que Joseph a eu tort de partager ces rêves divins, qu’il a manqué de sagesse et provoqué la colère de ses frères. On le dépeint avec un caractère insupportable et orgueilleux. Était-ce un enfant gâté ? Cette évaluation est-elle juste ? Quoiqu’il en soit, Joseph était inspiré :  es rêves étaient authentiques…

Ce débat autour du caractère de Joseph nous encourage à rechercher la sagesse, à rester humble, à chercher du bon conseil et à ne pas forcer les choses. Il s’agit, néanmoins, de discerner ce qui vient de Dieu afin de nous laisser conduire par lui, sans nous laisser détourner par les détracteurs. 

« Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur tous ; vos fils et vos filles parleront en prophètes, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards auront des rêves. Oui, sur mes esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai de mon Esprit, et ils parleront en prophètes. » (Actes 2 : 17 – 18) 

Une tunique multicolore 

Jacob, à la fin de sa vie, bénit et prophétise sur chacun de ses fils (Gn 49). Nous pouvons considérer alors que la tunique donnée à Joseph dans sa jeunesse symbolisait déjà, au-delà de l’affection paternelle, la bénédiction et l’onction prophétique. 

En tant qu’enfants de Dieu, nous pouvons nous attendre à ce que l’Esprit nous équipe de dons variés selon sa volonté, pour l’édification de l’Église.

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes, dans le Christ » (Éphésiens 1 : 3)

« Mais c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il le décide » (1 Corinthiens 12 : 11)

Rejet 

Joseph a été rejeté de façon très violente par ses frères. Entre autres, ils l’ont déshabillé, le dépouillant de ce symbole de faveur et bénédiction, sa tunique multicolore. Ce rejet a causé une profonde blessure à son âme. Il ne méritait pas cela et n’était pas responsable du favoritisme de son père. Mais il ne pouvait RIEN dire ou faire pour changer l’attitude de ses frères qui faisaient bloc contre lui et complotaient ensemble pour se débarrasser de lui. Ils ont réussi. Il est devenu leur victime.

Certains rejets laissent des traces durables. Nous pouvons être victimes de violences verbales ou être abandonnés face à un mur de silence. On peut s’attaquer à notre réputation et parler dans notre dos. Il convient de nous rappeler que nous ne sommes pas responsables des réactions des autres. Nous ne pouvons pas les changer. Notre but est de dialoguer et d’être en relation avec les autres, pas de gagner à tout prix un débat.

« Car mon père et ma mère m’abandonnent, mais le SEIGNEUR me recueillera »(Psaume 27 : 10)

Esclavage 

Alors que Dieu lui avait donné des rêves authentiques, la vie de Joseph a pris un virage brutal aux conséquences dramatiques. Humainement parlant, il a TOUT perdu – sauf son corps qui avait une valeur marchande. Il a perdu sa liberté, son autonomie. Une seule chose lui restait de sa vie d’avant : sa relation avec le Dieu d’Abraham, Isaac et Jacob, et en fin de compte, c’était TOUT.

Jésus est mort à la croix pour nous libérer de la Loi. Galates 3 nous enseigne à vivre l’Église sans les anciens murs de séparation (juif/grec, esclave/libre, homme/femme) puisque nous sommes UN EN CHRIST. Nous pouvons choisir de vivre nous-mêmes selon cette vérité, sans craindre les critiques, et résister à la tentation de subir une chape de plomb. 

« C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés. Tenez donc ferme, et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage. » (Galates 5 : 1)

« Ainsi, nous, dès maintenant, nous ne connaissons personne selon la chair ; 
même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant nous ne le connaissons plus de cette manière. Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle. Ce qui est ancien est passé : il y a là du nouveau. » 
(2 Corinthiens 5 : 16, 17)

Amen !

© Victoria Déclaudure


Rendez-vous dans la rubrique Spiritualité du prochain prochain (mars) pour la deuxième partie de cette méditation sur la vie de Joseph.


Références

[1] « Joseph languished in prison for years on false charges before God’s purpose became clear and he became second in command in Egypt and led the country through an extended famine ». Je ne retrouve plus le texte anglais d’où j’ai tiré ce résumé.

Victoria Declaudure a été membre de l'équipe pastorale de l'Eglise Vie Nouvelle (Saumur) pendant 17 ans avant de rejoindre celle de l'Eglise Evangélique d'Angers. Titulaire d'un master en théologie, elle est l'auteur de plusieurs articles ainsi que du mook 'Pionnières du XXième siècle, le ministère oublié des femmes pentecôtistes françaises 1932-48'

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