Ce 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Les statistiques sont choquantes. On estime qu’en Belgique, 36% des femmes vont souffrir de violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie et que 24% ont souffert de ces mêmes violences aux mains de leur conjoint ou d’un ancien partenaire. En 2021, en Belgique, 19 femmes ont perdu la vie sous les coups d’un conjoint ou d’un ex-partenaire.
Oasis, au cœur de Bruxelles
De nombreuses œuvres sociales aux quatre coins de la Belgique effectuent un travail primordial quant au soutien des victimes de ces crimes. J’ai le privilège de travailler pour une de ces œuvres, Oasis Belgium, une association sans but lucratif, située au cœur de Bruxelles. Lors de ces douze derniers mois, Oasis a pu aider 122 femmes, dont 107 ont été victimes de violences domestiques. Oasis travaille avec des femmes du monde entier, mais a une expertise toute particulière en ce qui concerne les femmes venant de Thaïlande et de Chine, les membres de l’équipe parlant leur langue.
Bien qu’Oasis travaille avec et soutienne des personnes de tous courants de pensées, les enseignements et la vie du Christ nous inspirent à marcher auprès de celles et ceux qui souffrent, afin de leur montrer de l’espoir et de les accompagner dans leurs difficultés.
Emma Gooding, directrice d’Oasis Belgium
Je m’appelle Emma Gooding ; je suis devenue la directrice d’Oasis Belgium fin 2020, en pleine pandémie.
J’ai 31 ans et je suis Britannique, jeune mariée, avec un diplôme de travailleuse sociale. Au Royaume-Uni, je travaillais dans le domaine de la protection de l’enfance. De 2013 à 2017 j’ai déjà travaillé au sein d’Oasis, je savais donc où je mettais les pieds avant de prendre ce poste de direction. Ces deux dernières années m’ont énormément instruites. J’ai dû rapidement apprendre à gérer une équipe, effectuer des recherches de fonds, écrire des rapports, faire de l’administratif et de la comptabilité, gérer des projets, mener une œuvre sociale et tout cela en français qui plus est ! Par la grâce de Dieu, notre équipe s’est agrandie, tout comme notre impact. Pour ma part, la partie la plus stressante est toute la partie financière. Oasis n’a pas encore la structure permettant d’être indépendante financièrement, ce qui implique que la moitié de nos ressources proviennent de dons, le reste venant de petits financements relatifs à des projets annuels.
Ce qui me plaît le plus dans ce travail est le fait de faire partie d’une équipe merveilleuse et très impliquée et de pouvoir voir que les femmes avec lesquelles nous travaillons gagnent en espoir et en confiance.
Accompagnement proposé par Oasis
L’équipe d’Oasis propose un accompagnement aux femmes courageuses qui viennent à nous pour des conseils et du soutien. Il arrive couramment que nous ayons des contacts téléphoniques avec une femme pendant plusieurs mois avant qu’elle ne se sente prête à nous rencontrer ou à faire des démarches pour quitter une relation violente. Notre équipe a pour objectif de soutenir les femmes à chaque étape du processus, notamment en les accompagnant à la police, aux rendez-vous avec les avocats, au tribunal, au CPAS (Centre public d’action sociale), à l’administration communale etc. Nous sommes souvent amenées à traduire lors de ces rencontres. Pour la plupart de ces femmes, elles ne se seraient pas senties capables d’aller seules à tous ces rendez-vous. Oasis propose également des cours de français, des groupes de soutien et des journées d’activités pour les femmes et leurs enfants, comme une après-midi d’art thérapie, des cours de self-défense et une sortie au zoo (cf. images ci-dessous).



Le témoignage d’une femme thaïlandaise
D., originaire de Thaïlande, est arrivée en Belgique pour se marier. Elle a fait appel à nous pour la première fois en avril 2022. Elle nous a fait part de la violence physique qu’elle subissait et du fait qu’elle craignait son partenaire. D. ne parlait ni anglais, ni français. Elle vivait à Mons avec ses trois jeunes enfants. L’équipe d’Oasis est allée la voir et l’a accompagnée lors de son dépôt de plainte à la police. Elle nous a partagé son souhait de ne plus vivre avec son agresseur après des années de violences. Il nous a fallu environ une semaine pour lui trouver un abri pour elle ainsi que ses enfants, les lieux d’hébergement étant saturés. D. et ses enfants ont trouvé refuge à Liège, puis à Namur. L’équipe l’a soutenue à chaque étape, notamment en nettoyant sa maison, en offrant des services de traduction, en lui apportant beaucoup de soutien émotionnel et de réconfort. Oasis lui a trouvé un avocat spécialisé en droit de la famille et l’a accompagnée aux audiences du tribunal concernant la garde des enfants. Aujourd’hui, les enfants de D. visitent leur père de manière hebdomadaire dans un centre surveillé. L’équipe d’Oasis a pu accompagner D. pour y amener ses enfants lors des premières semaines. Il y a encore du travail pour D. et sa famille, mais pour la première fois depuis des années, ils sont en sécurité.
Conseils pratiques face à la violence
Si vous êtes victime d’une quelconque violence (verbale, physique, psychologique, financière…) de la part d’un partenaire présent ou passé, nous vous encourageons vivement à prendre contact avec quelqu’un. Ne souffrez pas en silence. Il y a beaucoup de possibilités d’aide en Belgique (et ailleurs, ndlr). Notre conseil est toujours d’aller voir la police afin de porter plainte et d’aller voir un médecin en cas de violences physiques. Même si vous n’êtes pas prête à aller voir la police, nous vous encourageons à vous confier à un proche, une œuvre sociale ou à votre médecin. N’hésitez pas à appeler les numéros d’urgences (112). Il y a aussi :
- Le numéro d’Oasis : +32460965433 (9h-17h pendant la semaine)
- En Belgique, le numéro d’Écoute Violence Conjugale : 080030030
- Pour la France : 3919 ou texto au 114.
- Pour la Suisse : Police : 117 / Ambulance : 144 / La Main Tendue : 143 ; Numéros suisses d’appel à l’aide.
- Deux vidéos qui donnent plus d’informations pour recevoir de l’aide et du soutien : “Violence conjugale“, par Oasis et “Stop aux violences intra familiales“
Soutenir Oasis dans la prière
- Priez pour les membres de notre équipe qui travaillent d’arrache-pied
- Priez pour les femmes que nous soutenons. Priez pour qu’elles sachent qu’elles sont précieuses, se sentent aimées et aient de l’espoir quant à leur avenir
- Priez pour les enfants témoins de violences au sein de leurs foyers, qui devraient être des lieux où ils se sentent en sécurité
- Priez pour les finances d’Oasis, un éternel défi. Priez pour que nous puissions recevoir des subventions nous permettant de continuer à œuvrer pour l’éradication des violences domestiques
Emma GOODING
Traduction : Lula DERŒUX
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