Textes bibliques

12 disciples, tous des gars #bingodesclichés

« Si les femmes pouvaient jouer un rôle d’autorité, il y en aurait eu dans les disciples ! Le fait que les douze étaient exclusivement des hommes nous indique que c’est à eux que reviennent les charges ecclésiales à responsabilité. ». 

Je ne vais pas vous faire l’affront de prétende que c’est une problématique nouvelle, à la fois au sein de Servir Ensemble et en dehors de notre blog. Mais c’est une question qui revient tellement régulièrement qu’il était impossible de l’éviter pour notre bingo des clichés. Je vais donc vous emmener dans cette pensée, fondées sur les réflexions de Marie-Noëlle Yoder, Mary Cotes et Christophe Paya

Plusieurs points sont à aborder :

 Premièrement, il est expliqué nulle part dans la Bible pourquoi les douze sont uniquement des hommes. En effet, Jésus n’a jamais expliqué son choix. Nous sommes donc condamnés à ne faire que des suppositions. Mais certaines font sens, et c’est celles-ci que je vous propose d’aborder. 

Tristement, la question ne se posait pas à l’époque. C’est également pour cela qu’une justification n’a jamais été donnée lors du temps des apôtres. Je vous donne deux points qui peuvent expliquer pourquoi il semblait logique pour les contemporains de Jésus que les douze soient des hommes. 

Le premier est le fait que la voix des femmes n’avait pas de valeur dans la société de l’époque. Si, théologiquement parlant, des apôtres femmes n’auraient pas dérangé, des disciples au féminin auraient porté préjudice au message du Christ, car il n’aurait pas été écouté de la même manière que si c’étaient des hommes qui répandaient l’Évangile. Deuxièmement, les douze étaient souvent sur la route, à faire du camping sauvage. Quel scandale si des hommes et des femmes célibataires dormaient ensemble ! L’esclandre que ça aurait pu faire aurait potentiellement détourné l’attention des gens du message du Christ vers la polémique des mœurs de ses disciples, ce qui n’aurait pas été au service du Royaume de Dieu. Et enfin, si les douze avaient été six couples, cela aurait pu être compliqué d’un point de vue logistique avec les enfants, et on se serait peut-être posé la même question : « peut-on être un célibataire responsable d’Église puisque tous les disciples étaient en couple ? ». Nous pouvons donc observer que, pour l’époque, ce qui allait être le plus efficace pour la mission donnée par Jésus était que les disciples soient des hommes.

Ensuite, les douze hommes font un écho essentiel à l’Ancien Testament : les douze tribus, fondées par les douze fils de Jacob, douze hommes juifs. Les fondations du nouvel Israël, c’est-à-dire l’Église, miroitent la genèse du peuple d’Israël. Un panachage d’hommes et de femmes ne permettaient pas ce lien indispensable à la compréhension globale du plan de Dieu. 

Enfin, la masculinité exclusive des douze n’interdit en aucun cas une féminité future ! Par exemple, ils étaient tous juifs, mais personne ne l’a interprété comme une interdiction aux païens de prendre des rôles de responsabilités ; bien heureusement ! Nos Églises seraient bien vides si ça avait été le cas. Pourquoi appliquons-nous cette logique à leur masculinité, mais pas à leur judaïsme ?

Jésus a été tout simplement révolutionnaire dans sa manière de traiter les femmes, et les premiers siècles de l’Église ont été une émancipation sans précédent pour les croyantes. Ce sont les femmes qui ont été les témoins de la Résurrection. Il y a eu des femmes parmi les disciples de Jésus, en dehors des douze. Elles avaient une place, une mission. Elles ont été élevées à une plus juste place par la volonté du Christ. Et cet appel, qui dépasse la masculinité des douze, ne peut être oublié. Plus tard, dans le livre des Actes, au chapitre 9 : 36, Dorcas est présentée comme une disciple, ce qui nous montre que, dans l’Eglise primitive, les femmes étaient considérées comme étant des disciples.

Plutôt que de se concentrer sur un fait qui n’a été nulle part dans la Bible utilisé comme une interdiction aux femmes de prendre des responsabilités ecclésiales, nous pouvons orienter nos regards sur ce qui était et qui est toujours l’enseignement de Jésus, c’est-à-dire sur notre identité première en lui, qui dépasse toutes les normes sociales et humaines. Le Seigneur nous offre cette identité qui dépasse toutes les autres, celle d’être enfants de Dieu avant d’être hommes, femmes, païens, juifs, jeunes ou vieux.


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« La Bible est claire, il suffit de la lire »
« N’oubliez pas l’ordre créationnel »
« L’autorité masculine »
« L’homme est le chef de la femme »

D’autres articles sont à venir dans la série #bingodesclichés le premier vendredi de chaque mois. Il s’agit d’un bingo des phrases entendues couramment. Un bingo de certaines idées reçues sur le ministère (pastoral) des femmes. En 9 courts articles nous aimerons y apporter une réponse et donner des pistes pour aller plus loin. Nous sommes impatientes de partager la suite avec vous !

À propos Lula Derœux

Lula Derœux est pasteure dans une église de la FEEBF en région parisienne. Elle est également en train d'étudier pour son master de théologie pratique à la FLTE. Elle est mariée avec Benjamin, lui aussi pasteur.

5 comments on “12 disciples, tous des gars #bingodesclichés

  1. Ce qui est intéressant dans cet argument , c’est qu’il est l’argument fondamental de l’église catholique pour refuser que les femmes puissent être prêtres encore moins évêques

    En réalité , il est lié à la conception ( humaine ) de la succession apostolique qui fait dire aux catholiques qu’ils sont la seule église légitime car la seule qui soit en ligne directe des apôtres.

    Évidemment ce point de vue vient de deux principes qui sont contraire à un enseignement fondamental du Christ sur les relations entre ses disciples : Marc 10:42-45. Le premier est qu’autorité est synonyme de supériorité et de droit sur d’autres personnes établissant de fait une hiérarchie entre les personnes , le deuxième que la légitimité dans l’église vient comme celle de la monarchie de l’autorité attribuée à une personne ( ou des personnes ) autre que le Christ.

    C’est difficile d’accepter , malgré ce qu’a énoncé clairement le Christ que « parmi vous il ne sera pas ainsi »

    Bon courage à toutes !

  2. Marie-Rose

    Bonjour,
    on peut remarquer que Dieu agit souvent d’une manière inductive,
    il va du particulier au général. Par exemple :
    – il choisit le plus petit peuple Israël pr que toutes les Nations soient bénies en lui.
    – il choisit de se faire homme en la personne d’un masculin, juif, premier né, célibataire, jeune, charpentier, en un temps précis de l’histoire…
    – il choisit 12 disciples, hommes, juifs, pêcheurs de métier.
    Faut-il en déduire que l’ évangile ne concerne que ces catégories ?
    Bien sûr que non, car toutes les différences sont représentées à partir de là.
    ELLES NE SONT EN RIEN UNE SUPERIORITE ! (la supériorité de Jésus est sa divinité et non son humanité). Il n’y a pas d’autre choix dans notre monde limité que d’aller du particulier au général.

    Il me semble donc que le seul dénominateur commun et nécessaire
    pour être sauvé et être disciple de Jésus : être UN HUMAIN !

    En tout cas j’ai compris comme vous ! BINGO !

  3. Olivia

    Merci c’est tellement éclairant et bienfaisant de lire votre article. J’aime comprendre que Jésus tient compte du contexte dans lequel il est pour que le message du Père arrive au coeur des humains. A nous de tenter de le suivre et de tenir aussi compte du contexte dans lequel nous vivons, pour transmettre le message de la Bonne Nouvelle et du coeur du Père à nos contemporains.

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