On entend encore parfois certains chrétiens dire que la parole publique des femmes dans l’Église doit se limiter à la prière, à la proposition d’un cantique et éventuellement à un témoignage. C’est aussi toujours la position de certaines Églises. Sur ce point elles contreviennent d’ailleurs à leur compréhension littérale de 1 Timothée 2 : 11 (rester silencieuse), sans réellement pouvoir expliquer ce qui leur permet d’autoriser ces exceptions.
La résurrection aurait pu être un de ces moments de beau témoignage de femmes à des hommes : ce qu’elles ont vu et entendu. Et c’est ainsi que Luc le présente au chapitre 24 : elles racontent qu’elles ont vu le tombeau vide et deux hommes aux habits éclatants leur rappeler des affirmations que Jésus avait faites concernant sa résurrection. Pour une époque où la parole d’une femme n’avait pas de grande valeur, cela est déjà notable.
Mais quand on lit cet épisode en parallèle dans les évangiles de Matthieu et de Luc on s’interroge sur cette limitation de la parole des femmes au simple témoignage.

Le récit de Matthieu : les femmes au tombeau
Car Jésus s’immisce et la situation se transforme. C’est ce que Matthieu nous raconte au chapitre 28, avec la rencontre des deux Marie (Marie-Madeleine et « l’autre Marie ») avec l’ange du Seigneur, puis avec Jésus lui-même.
D’abord, l’ange leur fait cette extraordinaire déclaration, « Jésus est ressuscité », puis leur fait visiter les lieux et leur confie un message à transmettre : annoncer aux disciples que Jésus est ressuscité et qu’ils doivent se rendre en Galilée pour le rencontrer. Ensuite, Jésus lui-même leur apparaît et leur confie la même mission que l’ange.
Transmettre un message que Jésus a donné, c’est ce que l’on appelle d’ordinaire informer, enseigner ou prophétiser. Prennent-elles autorité en enseignant les disciples de ce que Jésus a dit, en transmettant un ordre de Jésus ? Chacun pourra se faire sa propre idée à ce sujet. C’est néanmoins plus qu’un témoignage.
Le récit de Luc : Pierre au tombeau
Pourtant, suite au témoignage des femmes, Luc nous dit que certains disciples se sont rendus sur place (24 : 24), mais n’ont vu que le tombeau vide.
Si Jésus avait souhaité nous faire comprendre ce qu’il attendait des femmes et des hommes en ce qui concerne la prise de parole publique, il y avait pourtant là une séquence très simple à mettre en œuvre :
— les femmes vont au tombeau selon la séquence décrite en Luc 24 : 1-8, avec les paroles de l’ange qui les concernent elles (« souvenez-vous… »). Un témoignage extraordinaire à partager (« Jésus est ressuscité »), mais un simple témoignage ;
— alors que Pierre se rend au tombeau (Luc 24 : 12), l’ange et Jésus lui seraient apparus en lui confiant le message à transmettre de sa part aux autres disciples. Les femmes témoignent, les hommes enseignent.
Que veut donc nous dire Jésus en confiant ce message aux femmes (Mt 28 : 10) ? On le sait, lors de son ministère terrestre, Jésus a envoyé les douze, des hommes, en mission vers les brebis perdues d’Israël, car la parole des femmes n’aurait pas été audible à l’époque.
S’agissant de ses disciples, pense-t-il qu’ils doivent, eux, pouvoir accepter qu’il leur adresse une parole, qu’il les enseigne, par l’entremise de femmes ?
Accueil de la parole des femmes
Comment ces hommes, les onze et les autres, accueillent-ils les paroles des Marie et des autres femmes ?
Matthieu, par égard peut-être pour les disciples, a la pudeur de se faire discret sur ce sujet et les montre obéissants (28 : 16), se rendant sur la montagne en Galilée où Jésus leur a donné rendez-vous.
Mais Luc nous dévoile que « ces paroles leur parurent une niaiserie et ils ne crurent pas les femmes » (24 : 11, NBS). Pourquoi cette condescendance envers les femmes ? Cela met en évidence qu’ils n’ont pas compris les enseignements sur sa mort et sa résurrection que Jésus leur a donné durant son ministère (Jn 20 : 9).
Lorsque les disciples d’Emmaüs évoquent le témoignage des femmes, la corroboration partielle de ce témoignage par certains disciples, et leur difficulté à accepter ce message, Jésus lui-même confirme l’impression donnée par Luc : « vous êtes stupides » (24 : 25). Voilà qui est dit. Ils ne peuvent croire les femmes, dit Jésus en substance, car ils n’ont pas compris ce qu’enseignent Moïse et les prophètes.

Nous qui comprenons les enseignements de Jésus, de Moïse et des prophètes, pouvons-nous accepter aujourd’hui que Jésus ait des paroles à nous transmettre, des enseignements à nous donner, par l’entremise de femmes ?
Certains trouveront peut-être que l’on fait dire ici beaucoup à quelques versets. Mais n’en fait-on pas dire beaucoup plus à des versets beaucoup plus courts en 1 Corinthiens et 1 Timothée concernant la parole publique des femmes ?
Thierry SEEWALD
Bonjour,
“Si Christ n’est pas ressuscité …alors votre foi est vaine.”!
On ne peut recevoir le Saint-Esprit qui seul peut nous aider
à comprendre les écritures et révéler nos contradictions.
Par exemple, certains chrétiens plus ouverts acceptent
de laisser la parole aux femmes quand il s’agit d’enseigner
seulement les autres femmes.
Pourtant c’ est bien aux disciples, des hommes que
Jésus envoie les femmes annoncer sa résurrection !
Et pour nous garder TOUS dans l’humilité, il montre que ceux
qui se croyaient des maîtres n’avaient encore rien compris !!!
Merci à l’auteur pour ces commentaires.