Les croyants qui peuplent les pages de nos Bibles sont bien souvent des hommes… Comment, en tant que femme, se retrouver dans ces récits bibliques ? Comment se projeter dans notre relation avec Dieu avec si peu de modèles ? Que penser de la place des femmes auprès de Dieu ?
Une des clefs, c’est de se pencher sur l’attitude de Jésus envers les femmes. Puisque Jésus est notre modèle en tout, sa façon d’interagir avec les femmes est forcément exemplaire ! Puisque Jésus est Dieu, son attitude est forcément révélatrice de la façon dont Dieu considère les femmes !
Même si les évangiles ne rapportent que quelques rencontres de Jésus avec des femmes (moins en tout cas que ne l’exigerait la parité !), ces rencontres soulignent en fait l’importance que Jésus a accordée aux femmes : à cette époque, les femmes sont souvent mises de côté, surtout sur le plan religieux.
Aucun lecteur du 1er siècle n’aurait été choqué de l’absence de femmes dans les évangiles !
Pourtant, chaque évangile cite plusieurs femmes, de l’inconnue rencontrée dans la foule à la mère même de Jésus que nous croisons à plusieurs reprises. Même si en quantité les femmes sont peu nombreuses, qualitativement elles sont finalement bien représentées, et ce avec une certaine diversité.
Que retenir de ces rencontres ?
- Jésus guérit : la belle-mère de Pierre, la femme courbée, la femme hémorragique, la jeune fille ressuscitée,… Ces femmes anonymes pourraient être traitées comme de simples détails. Pourtant Jésus leur accorde toute son attention. Comme avec les lépreux, il brave le risque de l’impureté en assumant avoir touché une femme qui saigne. Comme avec d’autres malades, il remet en cause une certaine conception du sabbat en relevant la femme courbée depuis 38 ans. Il prend pitié de la veuve de Naïn et ressuscite son fils ; symétriquement, il ressuscite la fille de Jaïrus. Jésus guérit largement, hommes et femmes, avec la même disponibilité, la même puissance, la même audace.
- Jésus pardonne : la femme adultère, la femme pécheresse… Dans ces deux histoires au parfum de scandale, Jésus reste d’abord imperturbable, renvoyant les bien-pensants à leurs propres failles. Jésus va plus loin, et se met du côté de ces femmes méprisées, qu’elles aient ou non la foi. Aux deux, il offre la possibilité du pardon et d’une vie restaurée. Pécheurs ou notables respectés, hommes ou femmes, Jésus leur offre le même accès au pardon de Dieu.
- Jésus enseigne : Marie, la sœur de Marthe, reste à ses pieds pour un cours particulier… Il ne s’agit pas de laisser les femmes en cuisine et les hommes au salon ! Et avec la femme samaritaine, Jésus prend l’initiative de la rencontre malgré les différents clivages qui les séparent. Dans la discussion qui suit, il prend le temps de la discussion théologique avant de lui offrir le repos et la vie. Son enseignement est pour tous, et toutes.
- Dans les récits, on voit aussi que Jésus a quelques amies femmes : surtout l’exemple de Marthe et Marie, Lazare étant presque anecdotique dans leur relation. Au début de leur amitié, c’est Marthe qui le reçoit (Luc 10.38) et Jésus accepte cette invitation d’hospitalité, tout comme il a pu se laisser inviter par d’autres notables (p. ex. Zachée). D’autres femmes accompagnent le noyau dur des douze disciples (Luc 8.1-3). Sans crainte du qu’en-dira-t-on, Jésus vit cette proximité en toute simplicité.
Jésus face à la maternité
- Enfin, Jésus résiste aux propositions de Marie, sa mère, lors des noces de Cana, comme plus tard il résistera à l’appel de la femme syro-phénicienne qui le supplie de délivrer sa fille. Dans les deux cas, Jésus résiste : les demandes ne correspondent pas à sa mission du moment (faire des miracles à mariage ou s’occuper des étrangers alors qu’il est Juif). Comme avec d’autres disciples, il corrige et recadre, souvent sans ménagement ! Pourtant, il choisit finalement d’intégrer ces options à ses plans : il pèse la proposition de Marie et transforme l’eau en vin. Il se laisse impressionner par la foi de cette mère étrangère qui s’obstine dans sa demande, et guérit sa fille à distance.
- et avec sa mère ? Relation unique et parlante ! Jésus respecte sa mère, mais ne se laisse pas enfermer par ses attentes ou ses demandes. Sa mission prime, et quand les liens familiaux pourraient devenir des entraves à l’annonce de la Bonne Nouvelle, Jésus n’hésite pas à secouer les chaînes : à douze ans dans le Temple, il est déjà centré sur sa relation avec son Père quitte à délaisser le cortège familial. Plus tard, quand on vient l’interrompre en pleine prédication pour faire passer un message de la famille, Jésus s’exclame : « Ma mère, mes frères, c’est ceux qui obéissent à la Parole de Dieu ! »
Ces paroles qui paraissent un peu dures ne sont pas personnelles ou agressives, mais marquent les priorités de Jésus : le Royaume, encore et toujours. Cela dit, sur la Croix, dans son agonie, il prend le temps de confier sa mère au disciple Jean, évitant à la veuve de se retrouver démunie. Malgré sa forte indépendance, Jésus prend soin de sa mère, jusqu’au bout.
Même si elles sont moins fréquentes dans les pages des évangiles, les femmes ont toute leur place dans le ministère de Jésus, parmi les foules anonymes ou aux côtés des disciples.
Jésus les prend au sérieux, s’arrête, débat, relève, envoie…
Que ce soit un homme ou une femme, Jésus se rend disponible à chacun dans ce qu’il est et dans ce qu’il vit.
Auprès de lui, tous et toutes trouvent leur place.
Merci pour cet excellent éclairage qui manque parfois aux chrétiens… Félicitations pour la fluidité et la pédagogie du texte que je garde pour faire circuler.
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