Témoignages

Dora Yu, une évangéliste pour l’Orient

Évangéliste, prédicatrice, médecin… Dora Yu cumule les responsabilités et les appels. Une femme volontaire et diplomate, avec un rôle primordial dans le paysage chrétien chinois du XXème siècle. Servir Ensemble vous présente aujourd’hui son portrait.

Naissance d’un appel

Dora Yu est née en 1873, à Zhejiang en Chine, dans une famille aisée. Si son grand-père était un fervent disciple de Confucius, son père, auparavant chirurgien, est étudiant en théologie lorsqu’elle voit le jour ; il deviendra pasteur de l’Église Presbytérienne. Cela aura une grande influence sur la jeune Dora, qui racontera plus tard à quel point elle est reconnaissante de l’influence que son père a eue sur elle. Petite, elle avait un problème de bégaiement, mais cela ne l’empêchera pas plus tard d’être une prédicatrice connue et reconnue. À 15 ans, après un parcours scolaire dans une école missionnaire, elle part faire des études de médecine. En l’espace de deux ans, elle perd ses deux parents. A 19 ans, elle se fiance, mais après avoir décidé que son appel de servir le Seigneur a plein temps est incompatible avec un mariage, elle rompt son engagement et restera célibataire toute sa vie.

En 1895, elle vit deux semaines d’angoisses fortes, de combat spirituel, de larmes accompagnées d’un immense sentiment de solitude. Mais la réponse à cette souffrance est la sensation pleine et entière de l’Amour de Dieu. Abasourdie par cette découverte approfondie du Seigneur, elle fera tout pour transmettre ce qui lui a été donné.

Soigner et libérer les femmes

En 1896, elle est une des deux premières femmes certifiées de l’école de médecine. Après son diplôme, elle décide de soigner les femmes et les enfants à l’école de Médecine pour femmes de Soochow. Elle prêche également régulièrement dans une école pour jeunes filles, école gérée par une église méthodiste épiscopale américaine.

Dora Yu part, à partir d’octobre 1897, en tant que missionnaire en Corée, accompagnée de Joséphine P.Campbell, qui est  comme une mère spirituelle pour elle. Toutes deux parcourent la Corée, alternant entre soins médicaux et annonce de la Parole. Elles avaient à cœur de libérer les femmes en Corée du Nord.

Dora doit revenir en Chine pour des raisons de santé, puis retourne à Séoul pour continuer son œuvre. En 1903, elle abandonne la médecine pour vivre à plein temps son appel en tant qu’évangéliste. 

En décembre 1910, durant la première conférence nationale sur l’évangélisme, à Hankou, elle donne le discours d’introduction sur le travail fait par les femmes. 

Elle fut, un temps, enseignante dans une école primaire mais se sent appelée à revenir en Chine. Elle a en effet du travail dans son pays natal, car de nombreuses vagues de réveil spirituel déferlent sur toute la Chine, et en particulier dans le sud. 

Obéir à son appel ou aux moeurs

Dora Yu fut l’une des rares à se vouer à temps plein à sa mission et à vivre par la foi d’un point de vue matériel. C’est d’ailleurs la première missionnaire à avoir vécu de manière complètement indépendante vis-à-vis de l’occident. 

Pour Dora, peu importe si ses pairs regardent d’un mauvais œil le fait qu’une femme puisse arpenter seule le pays pour parler de spiritualité, elle préfère obéir à son appel plutôt qu’aux mœurs de l’époque. 

En 1927, elle est l’oratrice principale de la convention de Keswick, en Angleterre. 

Du point de vue des missionnaires occidentaux, Dora Yu est perçue comme l’évangéliste chinoise la plus influente du début du XXème siècle. 

Elle était particulièrement efficace avec les classes les plus aisées et cultivées. C’est également une des premières missionnaires chinoises multiculturelles. En plus de son appel à l’évangélisation, elle était également une enseignante engagée pour former les femmes au ministère. Elle a d’ailleurs eu un impact important puisque beaucoup d’autres évangélistes au féminin se sont levées pour répondre à l’appel ! Dora Yu a également levé des fonds et créé la Bible Study and Prayer House à Shanghai. Ses rassemblements ont, entre autres, convaincu Watchman Nee de se consacrer au ministère à temps plein. Elle eut un rayonnement international, jusqu’en Europe et aux Etats-Unis. 

Ouvrir la voie

L’exemple de Dora Yu est important à plusieurs titres. Premièrement, elle est un exemple de foi. Elle a de nombreuses capacités et cumule les casquettes tout au long des différentes saisons de vie qu’elle traverse. Si le fait d’être multi-vocationnel ou de changer régulièrement de métier est devenu banal, ça ne l’était pas à l’époque ! Elle ose changer, évoluer et se lancer dans des nouvelles aventures. 

Ensuite, sur l’aspect du ministère féminin, il y a le travail qu’elle a effectué d’une part et les fruits qui ont découlé de son exemple d’une autre part. Nous avons vu qu’elle s’est battue pour les femmes. Elle en parlait dans ses discours, elle les soignait, elle souhaitait les rendre plus libres ; en somme elle œuvrait pour elles. Mais il y a également tout ce qui en a résulté. Par son exemple, de nombreuses femmes se sont levées pour répondre à l’appel du ministère. Elle a montré la voie à beaucoup d’autres, que ce soit pour la prédication, la médecine, l’évangélisation, l’indépendance financière, le célibat et j’en passe. Ce double exemple que Dora Yu donne n’est pas propre à elle. C’est le propre de chacun et de chacune, de s’offrir par son œuvre et par son être. Par sa vie, Dora Yu s’est non seulement donnée par conviction profonde et par amour des autres, et notamment des femmes, mais elle a ouvert la voie par le simple fait d’exister dans son appel. 

À propos Lula Derœux

Lula Derœux est pasteure dans une église de la FEEBF en région parisienne. Elle est également en train d'étudier pour son master de théologie pratique à la FLTE. Elle est mariée avec Benjamin, lui aussi pasteur.

2 comments on “Dora Yu, une évangéliste pour l’Orient

  1. Jean-Marc BELLEFLEUR

    Bonjour et merci à Lula Deroeux pour son article. La bibliothèque de La Bonne Nouvelle à Mulhouse (https://lbnmulhouse.org/bibliotheque/) réunit entre autres quelques centaines de biographies. Nous avons bien une “soeur Dora”, mais ce n’est pas elle. Existe-t-il des sources publiées pour la biographie de cette femme remarquable ? Elles nous intéresseraient. Histoire de briser un peu plus le silence sur les femmes dans l’histoire.
    Jean-Marc Bellefleur

    • Lula Derœux

      Bonjour Jean-Marc ! Nous vous remercions de votre intérêt. Pour cet article, je me suis basée uniquement sur des ressources en ligne, je ne sais pas si c’est cela qui vous intéresse ?

      Fraternellement,

      Lula Derœux

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