En tant que phénomène social, le féminisme nous rapproche-t-il du plan de Dieu pour la relation homme-femme ? Dans cet article John Dickson parle de la soumission dans le cadre du mariage et aborde Colossiens 3, Éphésiens 5 et 1 Pierre 3 à la lumière de l’ère post-féministe dans laquelle, selon lui, nous vivons. Nous remercions Dominique Montefia pour la traduction.
Dans Colossiens 3 et Éphésiens 5, l’apôtre Paul mentionne que les femmes doivent faire preuve de « soumission » au sein du mariage. Ces textes soulèvent à juste titre d’importantes questions.
Réflexions préliminaires
(1) Notre société vit à l’ère post-féministe. Grâce au travail d’éminents intellectuels des années 60 et 80, notre culture a été largement libérée du paradigme nuisible et non biblique d’antan dans lequel les femmes étaient considérées comme inférieures aux hommes et subissaient des droits restreints vis-à-vis de la loi, du travail, du pouvoir politique, etc… Le féminisme, dans son ensemble, est un phénomène social pour lequel nous devons remercier Dieu.
(2) Comme pour toute déclaration dans la Bible, il est important de ne pas lire nos textes à travers la grille des postulats modernes. Dans une culture post-féministe, nous nous méfions à juste titre de tout ce qui peut sembler vaguement rappeler l’attitude contre laquelle le féminisme a longtemps combattu. Trop souvent, cependant, nous lisons les textes bibliques du Ier siècle à travers le prisme de la haine du XXIème siècle envers une soi-disant « approche des années 1950 ». Nous devons essayer de mettre de côté ces considérations et lire les textes bibliques selon leurs propres termes.

(3) Contrairement à la culture dans laquelle il a été écrit, le cadre biblique approuve la pleine égalité des hommes et des femmes. Le « patriarcat » – dans le sens de la supériorité supposée du mâle sur les femmes – est absent de nos textes et, dans certains cas, semble délibérément remis en cause (Gen 1 : 27 ; Gal 3 : 28 ; 1 Co 7 : 3-5). La Bible est bien sûr « fondée sur la culture » (conçue pour parler aux cultures dans lesquelles elle a été écrite pour la première fois) mais elle n’est pas liée à la culture (c’est-à-dire prise au piège des normes et des défauts de son contexte originel).
(4) La Bible n’approuve pas le « patriarcat ». Elle enseigne que les hommes ont une honorable mission au sein du mariage (Gen 3 : 20 ; 1 Co 11 : 3). Tous les textes pertinents (Col 3 : 18 ; Eph 5 : 22-24 ; 1 Pi 3 : 1-2) ont spécifiquement trait au mariage. Ils n’ont aucun rapport avec les relations des femmes au travail, le pouvoir politique, le fait de diriger des entreprises, etc.
L’« approche des années 50 » a fonctionné avec une notion entièrement pécheresse d’un « leadership dominateur ». La notion biblique du mari comme « chef de famille » a tout à voir avec le service, le don de soi pour le bien de l’autre. Jésus est le paradigme évident de la Bible. Si les maris doivent prendre l’initiative en toutes choses, ce n’est que dans une volonté semblable au Christ de souffrir pour le bien de la famille (Eph 5 : 28-29). C’est dans ce contexte que la « soumission » doit être comprise.
La “soumission” en tant que vertu chrétienne appliquée au mariage
(1) Les Écritures indiquent clairement que la « soumission » est une attitude fondamentale du cœur attendue de tous les chrétiens dans leurs relations les uns avec les autres. Dans Éphésiens 5 : 21, Paul exhorte toute l’Église : « Soumettez-vous les uns aux autres par respect pour Christ ». Ce n’est pas simplement une introduction à des relations particulières où la « soumission » est requise – épouses envers leurs maris, esclaves envers leurs maîtres, etc. C’est plutôt, comme le montre Andrew T. Lincoln (Ephesians. Word Biblical Commentary, vol.42, 1990, 350- 371), un appel général à une « soumission mutuelle » chrétienne que Paul applique ensuite de manière spécifique à des relations particulières : épouses envers leurs maris, maris envers leurs épouses, etc. « Se soumettre » signifie « se livrer volontairement au service d’une autre personne ».

C’est un concept en totale contradiction avec notre monde, mais il est au cœur de l’éthique biblique. Ce concept nous vient très clairement de Jésus, qui non seulement s’est soumis à son Père, mais qui, sur la croix, nous a servis (Mc 10 : 45), abandonnant sa vie pour nous (Phil 2 : 3-8). C’est cette logique qui explique probablement le rajout « se soumettre… par respect pour le Christ » dans Éphésiens 5 : 21.
Il n’y a pas de problème d’égalité en jeu dans la question biblique de se soumettre les uns aux autres. Tout comme la soumission du Christ n’implique pas d’infériorité – pour nous ou pour le Père (Phil 2.6), notre soumission les uns aux autres ne dit rien de notre statut relatif.
(2) Ainsi, l’exhortation biblique « Femmes, soumettez-vous à votre mari » (trouvée chez Pierre et Paul), n’implique nullement l’infériorité de la femme par rapport au mari. C’est plutôt une application spécifique du commandement scripturaire général de se soumettre les uns aux autres.
L’épouse chrétienne est appelée dans sa relation avec son mari à accorder une attention particulière à l’attitude chrétienne de soumission – en considérant son mari comme plus important qu’elle (ndlr : comme celui-ci considère sa femme comme plus importante que lui en l’aimant à la manière du Christ). Cela ne signifie pas que la « soumission » est la position déterminante de la femme envers son mari, pas plus que « l’obéissance » (Col 3 : 20) n’est la position déterminante des enfants envers leurs pères (vraisemblablement, la confiance et l’amour en sont aussi des aspects).
(3) Il convient également de garder à l’esprit que l’exhortation « Maris, aimez vos femmes » suit immédiatement les deux « textes de soumission » de Paul dans le Nouveau Testament (Col 3 : 18-19 ; Eph 5 : 22-28). Cela fournit un parallèle utile. L’« amour » (la « détermination à vivre pour le bien de l’autre ») est également une qualité fondamentale de la vie chrétienne attendue de tous ceux qui croient au Christ. L’amour du Christ lui-même, bien sûr, en est le paradigme. Néanmoins, dans ces deux textes, le devoir chrétien général d’aimer est spécifié en relation avec les maris et leurs épouses. Le mari chrétien est appelé dans sa relation avec sa femme à accorder une attention particulière à l’attitude chrétienne générale d’aimer.
(4) Dans la nature spécifique de ces commandements, il est simplement dit au mari d’aimer sa conjointe et à la femme de se soumettre à son conjoint. Cependant, cela ne signifie pas que les femmes sont libres de ne pas aimer leur mari, pas plus que cela ne signifie que les maris sont libres de ne pas se soumettre à leurs femmes.
L’importance de ces commandements est la suivante : alors que tous les croyants doivent exprimer les vertus de l’amour et de la soumission les uns envers les autres, les maris dans leurs relations avec leurs femmes doivent accorder une attention particulière à l’attitude d’aimer et les femmes dans leurs relations avec leurs les maris doivent accorder une attention particulière à l’attitude de se soumettre.
Dans les instructions qu’il donne sur ce thème, Pierre en arrive presque à parler de soumission réciproque entre mari et femme lorsqu’il exhorte les maris dans 1 Pierre 3 : 7 à « honorer (leurs épouses) ». Ce mot honorer, timē, est le même mot utilisé quelques paragraphes plus tôt concernant notre devoir envers l’empereur : « Craignez Dieu ; honorez le roi. »

(5) Étant donné la nature brève des exhortations dans Colossiens 3.18, Éphésiens 5 : 22-24 et 1 Pierre 3 : 1-2, la question de savoir comment la soumission fonctionne dans la pratique n’est pas du ressort de l’enseignant de la Bible. Il n’y a pas de loi à suivre ici, juste un modèle parfait dans la vie du Christ (« soumettez-vous… comme il convient au Seigneur »). Les maris et les femmes devraient réfléchir à ce modèle lorsqu’ils envisagent ensemble leurs responsabilités dans le mariage.
De plus, il est à noter que les commandements de soumission des trois textes du Nouveau Testament s’adressent directement aux épouses, pas aux maris. Il dit : « Femmes, soumettez-vous à votre mari. » Nulle part nous ne trouvons : « Maris, assurez-vous que vos femmes se soumettent à vous ». Je suppose donc qu’il n’appartient pas au mari de s’occuper de l’application de ce commandement. Il appartient entièrement à la femme d’écouter la parole de Dieu et de chercher à l’appliquer comme elle l’entend. Les maris ont leur propre domaine : « Maris, aimez vos femmes, tout comme le Christ a aimé l’église et s’est livré pour elle » (Eph 5 : 25). C’est déjà une préoccupation bien suffisante.
John DICKSON pour l’Église St Andrew’s, Roseville
Sur ce sujet voir aussi :
Qui doit pratiquer la soumission dans le mariage ? de Mary Cotes
La soumission est une fausse doctrine de Valérie Duval-Poujol
« Que les femmes soient soumises » : Les conséquences d’une soumission non biblique de Joëlle Sutter-Razanjohary
La soumission mutuelle au sein du couple d’Alice Damay-Gouin
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