Chères amies, chers amis de Servir Ensemble,
je ne réalise pas encore tout à fait qu’aujourd’hui, c’est en tant que « pasteure Lula » que je vous écris.
Il y a quelques mois, un pasteur protestant réformé m’a demandé comment j’avais été accueillie dans mon Église évangélique en tant que jeune femme. En rigolant, je lui ai répondu « comme un homme ! ». Avant que mon collègue et moi arrivions en 2021, en tant que stagiaire pour ma part, c’était une pasteure qui était en poste à l’Église Baptiste de Gif-sur-Yvette. Quand je suis arrivée, la question de mon genre ne s’est donc pas posée. Jamais je n’ai ressenti autre chose que de la bienveillance et de l’encouragement de la part des membres de l’Église. J’ai également un collègue exceptionnel. Je suis bénie d’avoir un co-pasteur aussi encourageant, attentif et bienveillant à mon égard. Ces dernières années, j’ai rencontré quelques personnes surprises d’être face à une si jeune pasteure. Très rarement et de manière anecdotique il y a eu des commentaires un peu plus secs de la part de visiteurs, mais j’avais toujours le plein soutien de ma communauté.
Après plus de quatre ans dans l’équipe de Servir Ensemble, je me rends bien compte que je suis profondément bénie dans ma situation, et je souhaite de tout cœur encourager toutes les femmes qui n’osent pas encore se lancer.
Je me rappelle d’un jour, avant de commencer mes études de théologie, où je parlais avec un ami des défis du ministère pour les femmes. Dans le feu de la discussion, souhaitant trop vite communiquer, ma langue a fourché, et j’ai dit « en tant que femme pasteure » à la place de « en tant que femme qui aimerait être pasteure ». Avec une grande bienveillance, il m’a répondu en souriant « ma chère, tu n’es pas encore pasteure, sois patiente ! ». Je savais pertinemment qu’il ne me souhaitait que le meilleur, et m’a d’ailleurs beaucoup encouragée dans mes études. Je me rappelle vivement l’émotion et la pensée que j’ai eues face à ses paroles : « oublie tes rêveries Lula, tu ne seras jamais pasteure… ». Comme j’aimerais, un peu plus de six ans plus tard, revenir dans le passé pour réconforter la jeune femme de dix-huit ans que j’étais, découragée face aux défis à gravir.
J’ai d’ailleurs longtemps hésité face à l’appel. Je ne me sentais pas sûre, je craignais l’avoir imaginé. Je cherchais une preuve tangible, un appel inébranlable, autre que ma conviction profonde. Mais avec ces doutes, et durant plusieurs années, y compris lors de mes études de théologie, j’ai dû m’accrocher à Dieu, et non pas à mon appel, car ce dernier se faisait parfois discret. Cela m’a obligée à me concentrer sur Dieu, à rester à son écoute et à ne pas utiliser mon appel comme une idole. À simplement rester les regards fixés sur Lui. Dieu m’a guidée de murmure en murmure, et quand j’ai reçu un coup de téléphone me proposant un stage pastoral, j’ai ressenti le vent souffler… Ça a très vite été une évidence.
Entre l’été 2021 et celui de 2023, j’ai été en formation dans l’Église où je suis actuellement pasteure, stagiaire de celui qui est devenu mon collègue. Je ne savais pas trop comment me présenter, car mon mari et mon maître de stage me présentaient déjà comme pasteure, mais je ne ressentais pas la légitimité de laisser planer le doute, et je rajoutais toujours un petit « stagiaire ». Je ne supportais pas l’idée de paraître présomptueuse, et de prétendre à un titre que je n’avais pas. Un jour que je discutais de cette problématique avec ma belle-maman, elle m’a dit une parole qui me marquera pour tout mon ministère : « Ton mari et ton maître de stage, deux personnes légitimes que tu estimes, affirment que tu es pasteure. N’est-ce pas suffisant pour que tu puisses te sentir confortable avec ce titre ? »
Il y aura toujours des personnes pour me dire que je ne suis pas une vraie pasteure, parce que je suis une femme, parce qu’ils ne reconnaissent pas mon appel, ou pour toute autre raison. Mais à présent, cette question a trouvé une réponse : je suis pasteure, car une communauté m’a reconnue et m’a appelée pour remplir ce rôle. De plus, mon mari, ma famille, mes amis, mes collègues, mon union d’Églises, mes amies de Servir Ensemble, et j’en oublie, tous affirment mon pastorat. J’ai la grande bénédiction d’être pleinement soutenue par les gens qui m’entourent, qui me sont proches.
Avec du recul, les moments les plus difficiles pour moi ont été les moments de doutes avant de partir à la faculté pour me former théologiquement. J’ai vécu des moments de détresse face aux questions du ministère féminin. Mais une fois lancée dans mes études et ma voie choisie, tout a été beaucoup plus facile. Je suis consciente du fait que je suis une grande privilégiée, et que toutes n’ont pas un chemin aussi balisé que moi. Il n’en sera peut-être pas toujours ainsi, mais pour l’instant je suis dans la reconnaissance, car je me sens profondément à ma place, et je suis heureuse de titrer cet article « Lula Derœux : pasteure ».
Photographie prise lors de mon culte d’installation, où j’ai été fleurie et heureuse !
Merci pour ce très beau témoignage, Lula.
Que Dieu continue de te bénir,
BRAVO LULA,
au delà des rêves brisés, des interdictions, des suspicions et des menaces même,
rien, ni personne ne peut empêcher la Volonté de Dieu de s’accomplir.
Votre visage rayonnant et la beauté des fleurs nous le rappellent et le confirment.
Que votre service soit fructueux. Soyez bénis avec toute votre famille.
Bravo Lula !!! Sois bénie et encouragée dans ton ministère.
Merci pour ton partage Lula