Témoignages

Valérie Duval-Poujol à l’ONU

high angle view of cityscape against cloudy sky

Valérie Duval-Poujol nous raconte son périple New-Yorkais. Un beau témoignage !

J’ai eu le privilège de représenter « Une place pour Elles », association de sensibilisation aux violences conjugales, lors de la CSW 67, commission sur la condition de la femme aux Nations Unies, à New York, du 6 au 13 mars 2023. Cette rencontre annuelle réunit les acteurs et actrices du monde entier qui œuvrent pour plus d’égalité entre les femmes et les hommes.

J’ai assisté à des événements officiels de haut niveau, comme la célébration du 8 Mars avec les délégations officielles de 193 pays, ou des événements parallèles du forum des ONG. Chaque rencontre est dédiée à un problème ou une tentative de solution, en général en lien avec le thème de la rencontre CSW, qui était cette année : « L’éducation à l’innovation et au changement technologique à l’ère du numérique. Progrès vers l’égalité des sexes. ». Certaines rencontres sont proposées par des pays spécifiques (comme « Les initiatives numériques au Mali », « L’éducation des jeunes garçons contre les stéréotypes de genre au Rwanda ») ou par de grandes ONG (comme à propos des migrants à la frontière mexicaine). 

Deux observations de fond, deux tendances globales :

La souffrance des femmes à travers le monde et dans de très nombreux contextes. De nombreuses réunions décrivaient la douleur et la souffrance de nos sœurs en humanité dans de nombreux pays : mariages forcés (au Nigeria, en Égypte, au Pakistan), mariage d’enfants (même aux États-Unis !), violence domestique en augmentation, harcèlement, analphabétisme, pauvreté, … Lors de certaines séances, les larmes coulaient dans l’assistance, comme lors de cette rencontre avec des femmes ukrainiennes qui avaient enduré la prison russe et la torture.

La formidable énergie de ces milliers de femmes réunies durant ces deux semaines, qui veulent changer le monde. C’était tellement encourageant de voir et d’entendre leur détermination, leur créativité, leur solidarité pour faire face à tous ces défis. Il y avait bien quelques hommes, mais les femmes étaient largement majoritaires. Et rencontrer autant de femmes à des postes de direction, que ce soit politiquement, économiquement ou à la tête de grandes ONG a été un puissant encouragement : oui, les femmes sont douées ! Dans de nombreuses réunions auxquelles j’assiste dans mon quotidien, le président de la réunion ou du colloque est presque toujours un homme et ce sont presque exclusivement des hommes qui interviennent. Mais durant cette semaine, les réunions étaient animées par des femmes, les panélistes étaient des femmes et les questions du public venaient de femmes formidables ! Parlementaires, ministres, cheffes d’entreprise, dirigeantes, toutes des femmes en situation de leadership, de responsabilités.

Au cours d’une telle semaine, que d’informations ! Voici quelques-unes des statistiques que j’ai pu retenir, en lien avec le thème de la CSW 67 :

–       Si nous continuons sur le même rythme, il faudra encore 300 ans pour atteindre la pleine égalité entre les hommes et les femmes !

–       90% des emplois contiennent une dimension numérique (d’où la nécessité d’avoir accès à l’éducation numérique pour décrocher un emploi et ne pas rester à la traîne, ce qui demeure le cas de nombreuses filles).

–       En 2025, 75 % des emplois seront liés aux STIM (Science, Technologie, Ingénierie, Mathématiques) ; or les filles y sont bien moins représentées : par exemple, dans l’industrie des technologies, le ratio est de deux hommes pour une femme.

–       37% des filles n’ont pas accès à Internet (pourtant internet veut dire information, accès aux services, emplois…) ; Les hommes sont 20 % plus susceptibles d’avoir accès à Internet que les femmes.

–       Les femmes ont 27% de risques supplémentaires d’être attaquées en ligne avec des discours de haine.

–       3% seulement des prix Nobel de la science ont été remportés par des femmes (un signe que les STIM sont encore très masculins).

–       383 millions de filles et de femmes vivent dans la pauvreté.

L’un des messages répétés pendant cette rencontre est que les technologies ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi, mais elles reflètent notre société : dans de nombreux cas, elles augmentent l’inégalité entre les hommes et les femmes, en particulier la violence envers les femmes et les jeunes filles ; et dans d’autres, elles permettent de réduire l’écart. La technologie reflète nos valeurs et nos préférences sociales. La fracture numérique et technique est le nouveau visage de l’inégalité entre les sexes. Et les technologies ne sont pas encore un espace sûr pour la majorité des femmes.

Nous avons besoin (au moins !) de deux améliorations : l’accès aux technologies pour toutes les femmes et les filles ET l’accès des filles et des femmes à la conception des futures technologies actuellement principalement créées par des hommes. Nous façonnons nos outils qui ensuite nous façonnent. Les technologies représentent un grand potentiel, mais aussi un grand risque de reproduire les stéréotypes de genre.

J’ai aussi pu présenter le travail d’« Une place pour Elles », contre les violences conjugales, à plusieurs reprises, en particulier dans le cadre du forum des ONG de la CSW 67, avec un événement en ligne le jeudi 9 mars en collaboration avec l’Alliance évangélique mondiale et l’alliance baptiste mondiale : « Violence contre les femmes : la technologie comme aide pour lutter contre ou comme source de plus de violence ? » J’ai pu présenter le travail de sensibilisation d’UPPE, à côté de deux autres intervenants : Gidion Para Mallam, du Nigéria, qui lutte contre les violences conjugales, et l’Australienne Melinda Tankard Reist pour une intervention poignante sur la pornographie en ligne. Pour voir le replay de l’événement :

Pour accéder à l’enregistrement Zoom (y compris la transcription du chat) :

https://us02web.zoom.us/rec/share/aEHjZXC7ucR6yAENfv8qU0L3q2roZF4nHD4S0rxiZgGBYcQVvZfFvakyw2NGT8ah.oD0BFD1MHvaw4Dwx

mot de passe: d??8uRCz

Ci-dessous la chaise rouge d’« Une place pour Elles » lors d’un repas de réseautage à la Baptist Metro Church de New York avec la délégation de l’alliance baptiste mondiale :

La CSW à l’ONU, c’est aussi des rencontres que je n’oublierai pas : cette femme soldat ukrainienne ; cette survivante d’agression sud-africaine devenue chirurgienne, vêtue d’une robe de soirée incroyable le 8 mars pour la journée de la femme ; ou encore cette femme aumônier baptiste à la chapelle de l’ONU, victime d’un accident dramatique et qui ne peut maintenant plus parler qu’en chuchotant, mais qui partage toujours la Parole avec tant de puissance !

J’ai pu aussi me renseigner de plus près sur le fonctionnement du plaidoyer à l’ONU en rencontrant plusieurs personnes engagées à plein temps dans ce travail. Ces rassemblements, comme la CSW et d’autres réunions de l’ONU, publient des documents importants qui influencent nos pays. Il importe de comprendre comment cela fonctionne et que des chrétiens soient présents. J’ai rencontré aux Nations Unies plusieurs représentants des grandes unions d’Églises (Fédération luthérienne mondiale, alliance évangélique mondiale, alliance baptiste, épiscopaliens, armée du salut…) et nous devons prier pour leur engagement à être la voix des chrétiens en ces lieux.

Théologienne baptiste, spécialiste des traductions de la Bible, Valérie est enseignante dans plusieurs facultés de théologie. Elle est également présidente de l'Association "Une place pour elles" contre les violences conjugales et vice-présidente de la fédération protestante de France.

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