Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes… Elise DESMETS nous décrit comment des baptêmes célébrés dans la communauté où elle sert parmi les responsables ont amené à des réflexions bien stimulantes. Questions par Rachel NUSSBAUMER.
1. Elise, peux-tu te présenter ainsi que ton Église ?
Je m’appelle Elise, j’ai 45 ans. Alsacienne d’origine, j’habite à Roubaix depuis 24 ans. Je suis attachée territoriale, responsable du service foncier, immobilier, habitat à la mairie de Villeneuve d’Ascq. Mariée à Frédéric Desmets, je suis la maman de quatre enfants de 21, 19, 17 et 15 ans. Depuis 15 ans, nous sommes membres de l’Église protestante évangélique de l’Eau Vive à Lille. Notre communauté, forte d’une petite centaine de personnes, est membre des Communautés et Assemblées Evangéliques de France dont le modèle de direction est collégial.
2. Quelle y est ta fonction ?
Depuis 4 ans, je fais partie du conseil pastoral avec cinq autres personnes. Nous n’avons plus de pasteur depuis décembre 2020, notre ancien pasteur ayant pris sa retraite. Il faisait alors partie du conseil pastoral. Aujourd’hui, la direction d’Église est uniquement assumée par les responsables qui forment ensemble le conseil pastoral.
3. D’ailleurs, pourquoi as-tu été nommée “responsable” et pas “ancien” ?
Quand elle a ouvert la direction collégiale aux femmes, il y a plus d’une dizaine d’années maintenant, l’Église de l’Eau Vive a fait le choix de ne plus appeler les responsables de l’Église « anciens ». Ce terme fait en effet directement référence à l’organisation patriarcale de l’Israël biblique. Il nous semblait important de ne pas garder ce terme, car il n’est pas compréhensible par nos contemporains.
4. Récemment vous avez vécu des baptêmes dans votre Église. Sur les photos on peut voir qu’ils sont encadrés par des femmes, des hommes, des personnes plus âgées et d’autres plus jeunes. Quelle ont été vos réflexions au niveau du conseil pastoral pour en arriver-là ?

Une missionnaire irlandaise, membre de notre Église et maintenant retraitée, assure depuis longtemps la préparation des personnes demandant le baptême au sein de la communauté. Six jeunes de l’Église ont demandé à se faire accompagner dans une démarche de préparation au baptême, et nous avons proposé, pour l’aider, qu’elle soit épaulée par deux jeunes hommes de l’Église. C’était de plus une manière de créer des ponts entre les générations, de permettre à ces jeunes gens de se mettre au service tout en leur donnant la possibilité de bénéficier de l’expérience d’une personne plus âgée dans l’accompagnement spirituel.
Nous avons suggéré à chaque futur baptisé de choisir deux personnes qui, en administrant le baptême, l’accompagneraient dans ce geste symbolique. Ils pouvaient ainsi désigner des personnes ayant tout particulièrement compté dans leur progression spirituelle.
5. Dans quelle mesure penses-tu que la possibilité donnée à un jeune adulte de pratiquer ce geste symbolique permet de faciliter le pas vers le baptême pour les plus jeunes, les ados par exemple ? En d’autres termes, est-ce une manière de « désacraliser » ce moment afin de le rendre plus accessible aux jeunes ? Cela communiquerait-il que, même si je ne suis pas un « super chrétien », le baptême me concerne aussi, et au lieu de me trouver face à un adulte mature de 40 ans d’expérience de vie chrétienne ce qui peut être intimidant, je suis accompagné par un jeune qui est lui aussi en chemin, à mon niveau ?
C’est une réflexion intéressante. Pour tout dire, nous n’avons pas spécifiquement pensé à cet aspect. Il rejoint cependant une réflexion plus globale sur la volonté de rendre le baptême plus accessible, notamment pour les jeunes ayant grandi dans nos communautés. Ils peuvent parfois avoir une mauvaise compréhension de ce rituel en s’imaginant qu’un certain degré de maturité chrétienne serait nécessaire tant pour recevoir que pour administrer le baptême.
6. Faire participer des hommes, des femmes plus ou moins jeunes, est-ce une manière pour vous, en tant que communauté, de comprendre et de vivre le sacerdoce universel ?
Oui, tout à fait, et par la grâce de Dieu, de le faire de manière évidente et naturelle. Ce qui importe pour notre communauté, c’est que chacun, jeune et moins jeune, femme et homme, puisse mettre ses dons au service de la communauté. L’administration du baptême est traditionnellement réservée aux responsables d’Église et donc, elle est encore souvent effectuée par des hommes dans la grande majorité des Églises évangéliques. Au sein de l’Eau Vive, nous vivons la grâce que la question de la mixité pour l’exercice des responsabilités et services au sein de l’Église n’en soit plus une !
7. Lorsque dans la vie de l’Église il y a moins de distance vis-à-vis de l’« autorité » entre les membres et les responsables, qui peuvent être des hommes, des femmes, de jeunes adultes ou des personnes plus âgées, penses-tu que cela facilite la prise de responsabilité par les plus jeunes dans l’Église ?

C’est encore une question intéressante. Nous avons à cœur de préparer la relève en permettant effectivement à la génération suivante de trouver sa place dans les différents domaines de service au sein de la communauté. Nous essayons de développer une culture d’Église où l’état d’esprit est de servir avec humilité, et non pas de s’accrocher à ses responsabilités. Et nous prions que, enracinés dans ce bon terreau, chaque génération soit convaincue de l’importance de s’engager au sein de la communauté.
En tout cas, nous sommes conscients de la bénédiction que Dieu nous fait de permettre une collaboration apaisée et efficace entre hommes et femmes au service de Son Église et pour Sa gloire.
Si c’est Sa volonté, je souhaite qu’Il puisse utiliser notre communauté pour encourager d’autres Églises sur ce chemin de progression, et évoluer ensemble vers notre modèle qu’est Jésus-Christ.
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