Le 25 novembre aura lieu la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Avec l’équipe de « Servir Ensemble », nous avons choisi de consacrer le mois entier à la sensibilisation face aux violences, car c’est un de nos objectifs.
Vendredi dernier, Lydia Lehmann nous a entraînés dans l’histoire tragique et insensée de la « fille de » Jephté. Ce vendredi, c’est à travers un poème que Victoria Declaudure tente d’exprimer notre solidarité avec les femmes victimes de violence.
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Une larme s’échappe du ciel
Sur la tombe de la défunte
Oh, pardon ! – c’est juste une goutte de pluie
Échappée d’un novembre gris
La perle ruisselle le long
Du cœur de pierre endurci
Oh, pardon ! – c’est juste une pierre de marbre
Échappée d’où frappent certains hommes
Le pâle marbre marqué
Par des blessures violacées
Oh, pardon ! – c’est juste une trace d’oxyde
Échappée des gouffres souterrains
Des ombres noires tracées
En dentelles délicates
Oh, pardon ! – c’est juste un nom, deux dates
Échappés des coups de burin
Un bras de fer l’enserre
Force son étreinte sous terre
Oh, pardon ! – c’est juste une boîte en chêne
Échappée des pompes funèbres …
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La brise soupire dans les arbres
Une prière se pose sur le bois
Oh, pardon ! – c’est juste une feuille rouge sang
Échappée d’une branche d’automne
La feuille se mêle aux pétales
Des roses venues sangloter
Oh, pardon ! – c’est juste ses trois amies –
Échappées, elles, avec leur vie
L’Esprit-Saint gémit d’en haut
Roucoule quelque consolation
Oh, pardon ! – c’est juste une douce colombe
Échappée de la volière
Je tente de lire un poème
En l’honneur de la disparue
Oh pardon ! – c’est juste une litanie
Échappée de lèvres fendues
L’homme tourne le dos à la fosse
Hausse les épaules et s’échappe
Et alors ! – c’est juste une femme battue…
Pourquoi dirait-il :
Oh pardon !
©Victoria Declaudure 2021
Merci pour ce magnifique poème qui prend aux “entrailles”, Tout est dit.
Terrible poème. Hommage à toutes nos soeurs assassinées. De nos jours, de plus en plus nombreux sont les tueurs à se suicider une fois leur crime commis. Leur lâcheté ou leur immaturité les font échapper a la Justice, les empêche de réfléchir au mal irréparable qu’ils ont commis. Les enfants grandiront sans mère, sans père non plus. Que nos eglises prennent conscience de ces drames et les pressentent avant qu’ils arrivent.
Cher.e.s ami.e.s,
J’aime beaucoup ce poème. Mais j’aimerais encore davantage que les femmes battues puissent quitter leur statut de victime. Quand le malheur arrive, n’y a-t-il pas toujours un malheur préalable non guéri qui “autorise la répétition”. On se renvoie à l’infini la balle de ping-pong.
Une fille, un garçon, battu, abusé, violé ? Mais également un prédateur, lui-même victime, en son temps, et qui s’érige en victime suprême, qui se donne le “droit” à l’indicible. Il faudra le top des soins humains, accompagnant la main guérissante divine, le tout porté par la prière qui fait cheminer vers la guérison les individus abimés et la société (2 Chr. 7,4).
Amitiés RME