Retour ce matin au célèbre passage de 1 Corinthiens 11, pour regarder de plus près un petit bout de phrase qui n’est pas souvent commenté…
Dans 1 Corinthiens 11 : 7, Paul écrit que « la femme est la gloire de l’homme ».
Quel « joli compliment » !
Car Paul ne fait pas un commentaire négatif à l’égard des femmes.
Pendant des siècles, ce passage a été interprété d’une façon négative, alors que tout ce que l’apôtre souhaitait faire, c’était résoudre un problème pratique dans l’Église, un problème culturel et non théologique.
Se comporter d’une manière convenable
Tout ce que Paul voulait faire, c’était demander aux chrétiennes de s’habiller d’une façon qui n’était pas choquante selon les mœurs et les coutumes de l’époque : pour lui, le culte chrétien devait être un lieu paisible, d’ordre, sans confusion possible (à noter que le mot voile n’apparaît pas dans le grec ; c’est seulement au verset 15 qu’il est question du vêtement avec lequel les femmes pouvaient se couvrir les cheveux).
Il s’agissait simplement de respecter les normes en vigueur : les femmes mariées respectables avaient l’habitude de se couvrir les cheveux.
Ne pas respecter ces normes aurait pu donner une mauvaise image de l’Église dans la société corinthienne. Alors Paul rappelle la création – Dieu créa l’humanité en deux sexes – et suggère qu’il est bon que l’habillement reflète cette distinction.
C’est tout !
Montrer sa belle chevelure, dans ce contexte précis, n’était pas correct.
Je ne crois pas un seul instant que la démarche de Paul était légaliste, qu’il ferait tout un plat (ou tout un sermon ou article de blog) sur le fait de découvrir ses bras, ou de se maquiller, ou de porter un pantalon aujourd’hui. Il réagissait à quelque chose de réellement déplacé.
Nous avons tous et toutes un « sens » de ce qui convient et de ce qui ne convient pas, de ce qui est approprié.
On comprend qu’à Corinthe, une femme mariée risquait de ternir la réputation de son mari en dévoilant ses cheveux.
Encore une fois, c’est tout ! C’est tout ce que Paul dit.
Le texte ne dit pas que les femmes ne doivent pas prier ou ne doivent pas prophétiser dans l’Église ; le but de ce passage n’est pas de restreindre leur « rôle » dans la vie des assemblées. Au contraire, leur engagement dans la prière et la prophétie faisait sans doute partie de ces pratiques que les croyants ont retenues, et pour lesquelles l’apôtre les félicite (v. 1).
Le verset 7 : ce qu’il dit et ce qu’il ne dit pas
Le verset 7 de ce chapitre ne dit pas :
Un homme ne doit pas se couvrir la tête d’un voile, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu ; la femme, elle, [n’est que] la gloire de l’homme.
Pourtant, bien souvent l’influence des lectures traditionnelles fait ajouter, dans notre esprit, cette négation.
Lisons bien …
… la femme, elle, est la gloire de l’homme.
C’est positif !
La femme est glorieuse ! Tout ce que Dieu a créé était « très bon » (Gn 1 : 31), la femme y compris. Sans elle, l’homme était seul, incomplet. Il fallait la femme pour achever l’œuvre parfaite de la création (Gn 2).
Ce serait donc regrettable et ironique si une femme ternissait cette gloire par le moyen d’un habillement déshonorant ou gênant pour son époux.
Le verset 7 de ce chapitre ne dit pas non plus :
Un homme ne doit pas se couvrir la tête d’un voile, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu ; la femme, elle, est [l’image et] la gloire » de l’homme.
Paul serait tombé dans l’hérésie s’il n’avait pas omis le mot image en parlant de la femme. Car la femme n’est pas l’image de l’homme. La femme est l’image de Dieu, selon Genèse 1 – elle est donc elle aussi la gloire de Dieu, en tant qu’être humain.
Qu’il est regrettable et préjudiciable que bien souvent encore l’influence des lectures traditionnelles introduise une fausse nuance dans notre esprit, comme si le mot image qualifiait le mot gloire.
C’est manquer la précision sans faille de Paul.
Il supprime le premier mot.
Mais, à l’intérieur du couple créé par Dieu pour être Sa gloire, il y a un sens selon lequel une femme peut déshonorer son époux. Ce sentiment va, bien entendu, être accentué dans une société hiérarchique (païenne !) comme celle de Corinthe, et peut expliquer toute l’attention que l’apôtre porte à ce problème.
Pourquoi les femmes agissaient-elles ainsi ?
Et si le comportement des femmes était le résultat de l’enseignement égalitaire de l’apôtre Paul ? Ayant compris la nature fondamentalement égalitaire de l’Évangile, ces femmes ont pu faire une application spontanée et concrète qui avait pour conséquence non intentionnelle, un manque de bienséance.
Ayant pris à cœur les prédications de Paul, elles avaient expérimenté une nouvelle liberté en Christ. Notamment, elles pouvaient avoir entendu oralement cet enseignement sur la supériorité de la nouvelle alliance, que nous trouvons par écrit dans 2 Corinthiens 3.
Ayant donc une telle espérance, nous montrons d’autant plus d’assurance. Nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, pour que les Israélites ne voient pas la fin de ce qui était passager. Mais leur intelligence est devenue obtuse. En effet, jusqu’à ce jour, quand ils font la lecture publique de l’ancienne alliance, le même voile demeure ; il n’est pas enlevé, parce qu’il ne disparaît que dans le Christ. Jusqu’à ce jour, quand on lit Moïse, il y a un voile sur leur cœur ; mais lorsqu’on se tourne vers le Seigneur, le voile est enlevé. Or le Seigneur, c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. Nous tous qui, le visage dévoilé, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire ; telle est l’œuvre du Seigneur, qui est l’Esprit.
Il y a deux voiles dans ce texte (il s’agit d’un autre mot que celui utilisé dans 1 Cor 11 : 15). Le voile littéral, que Moïse portait pour cacher la gloire de Dieu, qui illuminait son visage après la rencontre avec Dieu, devient voile figuratif, symbolisant l’incompréhension du peuple d’Israël face à Jésus-Christ.
Et si elles en avaient déduit qu’elles pouvaient, elles aussi, adorer et servir Dieu « le visage dévoilé » – de façon littérale ?
Paul reprendrait alors le thème de la gloire dont il est question dans son enseignement, et la possibilité de la ternir par nos actes, pour convaincre les Corinthiennes de respecter les normes vestimentaires en vigueur.

Ce n’est qu’une question de bienséance extérieure : Nous tous (v. 18) – tous les croyants, hommes ou femmes – sommes concerné.e.s par la transfiguration en l’image de Christ – cette œuvre intérieure opérée par l’Esprit.
Que ce soit la raison précise ou pas, le problème pratique traité dans 1 Corinthiens 11 ne devrait pas être un prétexte pour introduire une hiérarchie là où il n’y en a pas.
Relève la tête
Mieux vaut privilégier une interprétation de ce texte qui respecte la plénitude de l’Évangile, qu’une interprétation qui le contredit, et qui en réalité, impliquerait que les femmes ne sont pas « tout à fait » l’image de Dieu.
Paul nous invite à honorer, si nous sommes des femmes mariées, l’homme de notre vie : cela devrait être une joie ! Femmes mariées ou célibataires, nous pouvons être reconnaissantes pour nos frères en Christ. Comme eux aussi peuvent être reconnaissants pour leurs soeurs.
Et Paul dit à celle qui se sent déshonorée, reléguée à une place inférieure :
Relève la tête.
Tu es la gloire de l’homme.
En Christ, tout ce qui a pu être brisé par le péché et l’incompréhension est en train d’être restauré.
En Lui, tu es glorieuse.
Merci Victoria pour le rappel que je suis créée à l’image de Dieu et que je suis la gloire de mon mari, (même si la chimio a volé mes cheveux) !!!!!
Chère Anne, dure épreuve que tu viens de traverser, qui rappelle que la véritable beauté d’une personne va bien au-delà de l’apparence physique et réside dans l’être intérieur. Nous portons toutes et tous dans nos corps les “marques” de notre “voyage” dans ce monde, comme Jésus aussi a été meurtri dans son corps pour notre salut. Je prie que tu sois puissamment fortifiée en Lui.
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