Textes bibliques

Marie-Madeleine, des larmes à la mission

Publié par Nicolas Farelly le 02/02/18

120304-vitrail-Marie-MadeleineCe post de blog est une courte exégèse du texte bien connu de Jean 20.1-18, un texte biblique dont le personnage principal est une femme, Marie de Magdala (ou Marie-Madeleine). L’intention de Nicolas Farelly, à partir de ce texte, n’est pas de faire ressortir des enseignements généraux sur le rôle des femmes dans l’Église, mais bien plutôt de montrer qu’une femme, dans l’Évangile, a joué un rôle très important dans les tous débuts de la mission de l’Église. En cela, elle est un encouragement pour tous, hommes et femmes, aujourd’hui encore.

L’enfermement de Marie

Ce matin là, c’est un Jésus mort que Marie est venue visiter. Elle n’aurait pu imaginer autre chose, puisqu’elle l’avait vu, de ses yeux, sur la croix. Mais ce qui ressort de notre texte, c’est que Marie-Madeleine voyait la mort de son maître comme une réalité ultime, et non comme une réalité avant-dernière. Marie n’avait pas saisi que Jésus était « la résurrection et la vie ». Ainsi, elle s’est enfermée dans cette vision de Jésus. Mort, disparu.

Ce ne sont pourtant pas les symboles de la vie qui manquent dans le texte ! Dès le tout début, le texte nous dit que cette scène se déroule « le premier jour de la semaine … alors qu’il faisait encore sombre ». Le narrateur semble donc vouloir chatouiller l’intérêt du lecteur. N’est-ce pas nouvelle création qui est décrite ici ? Et puis, Marie trouve le tombeau vide… Cela pourrait lui donner quelques espoirs. Mais non, là encore, c’est bien le désespoir et la tristesse qui prédominent. Marie regarde à l’intérieur de la tombe et elle découvre quelque chose d’extraordinaire : deux anges, vêtus de blanc, assis l’un à la droite l’un à gauche de là où gisait auparavant Jésus. Mais même cette apparition ne change rien à l’attitude de Marie. La présence d’anges ne change pas son regard. Marie répond simplement à leur question « Femme, pourquoi pleures-tu ? », avec les mêmes raisons, les mêmes phrases qu’elle avait utilisées avec les disciples : je pleure « parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis » (20.13). Je pleure parce que je n’ai plus rien. Je pleure parce que c’est tout ce qui me reste. Marie a perdu tout espoir, et elle s’enferme dans ce désespoir. Focalisée sur le problème, elle ne peut s’ouvrir à la réalité de la vie.

Sa rencontre avec Jésus vient d’ailleurs illustrer cela de façon presque comique. Le texte dit au verset 14, « Alors, elle se retourna ; elle voit Jésus, debout ; mais elle ne savait pas que c’était Jésus ». Cet homme lui demande alors, comme les anges : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » et il ajoute, « Qui cherches-tu ? ». Et là, la réaction de Marie est extraordinaire : ne sachant pas que c’était Jésus et pensant que c’était le jardinier, elle accuse Jésus à demi-mot : « si c’est toi qui l’a emporté, dis-moi où tu l’as mis » ! Marie exprime encore sa perte, son désespoir, avec une même incompréhension totale de ce qui se passe sous ses yeux.

Ne pas s’accrocher à l’ancien mais accueillir la vie nouvelle

Alors, qu’est-ce qui va permettre à Marie d’accepter la vie ? C’est seulement quand Jésus l’appelle par son nom, « Marie ! ». Elle a eu besoin que Jésus lui ouvre les yeux pour qu’elle accède à la foi en la résurrection de Jésus. À l’écoute de la voix de son maître, Marie-Madeleine reconnaît Jésus : « Rabbouni, Maître », crie-t-elle. Il est vivant ! Et là, forcément, dans ce cri s’exprime la joie des retrouvailles, la joie qui remplace les larmes de la perte et du deuil.

Alors Marie arrête de pleurer. Marie peut de nouveau voir, entendre, toucher Jésus. Elle peut avoir une relation, une relation de chair et de sang, avec lui. Comme avant sa mort ! Ce Jésus, Marie ne le laissera plus aller – jamais ! Non, elle le retiendra, elle le gardera. Marie était certainement en train d’étreindre fermement Jésus, de tenailler ses jambes pour ne jamais plus le laisser aller. Et c’est alors que Jésus a eu une parole qui peut sembler assez sèche à son égard : « Cesse de t’accrocher à moi, car je ne suis pas encore monté vers le Père » (20.17).

Jésus ne pouvait la laisser faire. S’il était bien vivant, et s’il était revenu vers elle, ce n’était pas pour y rester. Non, le retour de Jésus à la vie ne signifiait pas sa présence physique continuelle avec les siens. Il fallait que Marie le laisse aller, et que, d’une certaine manière, elle le perde de nouveau. Ou plutôt, il fallait qu’une nouvelle relation, une relation différente, les unisse à présent. Comme Jésus l’avait lui-même annoncé plus tôt (Jn 14.19-20), après la résurrection il serait présent avec les siens, mais son mode de présence ne serait plus le même. Ce serait, en fait, un mode de présence, par l’Esprit, bien plus porteur, bien plus bénéfique pour les disciples et le monde.

Une nouvelle vie caractérisée par l’élan missionnaire

Jésus refuse donc que Marie tombe dans l’inaction, dans un état certes heureux mais stérile. Jésus la veut allante, missionnaire ! Et c’est pourquoi il lui lance cet appel au v. 18 :

Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu.

Marie-Madeleine a une place fondamentale dans l’histoire de l’Église. Selon Jean, c’est la première à avoir rencontré le Christ ressuscité et la première à avoir annoncé cette bonne nouvelle à ceux qui seraient chargés par Jésus de la promouvoir (Jean 20.19-23). Marie est la première évangéliste ! Elle a ainsi été appelée « apôtresse aux propres apôtres ». Si l’expression n’est pas jolie, il demeure remarquable que cet Évangile rappelle que ce privilège et cette responsabilité furent offerts par Jésus à une femme. À l’époque bien plus qu’aujourd’hui, la parole des femmes n’était pas prise au sérieux, mais Jésus et les apôtres ont créé de belles brèches dans cette situation sociale, en valorisant leur parole et leur ministère dans l’Église.

Au-delà de la place de Marie-Madeleine dans l’histoire de l’Église, le message que notre texte véhicule est que tout lecteur est appelé à s’identifier à ce personnage en vue de la mission. Comme Marie n’a pas été autorisée à rester là, inactive et accrochée au Jésus de son histoire, Jésus nous adresse cette même parole. Il vient vers nous, nous qui avons peut-être nos quelques habitudes et il nous dit : « Allez ! Ne restez pas là, bien au chaud, dans votre confort. Ne vous accrochez pas à votre train-train ! ». Jésus est vivant, et cela mérite qu’on le fasse savoir ! Il est vivant, et si nous l’avons rencontré, tout le reste, tout ce qui compte pour nous – mais tout ce qui peut, du coup, nous enfermer – tout cela se dissipe. C’est ce que Marie a compris, et c’est ce qu’elle nous encourage encore aujourd’hui à vivre.

Nicolas Farelly

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7 comments on “Marie-Madeleine, des larmes à la mission

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