Témoignages

Plus que des meubles et moins que des chiens !

« Nos femmes n’ont pas besoin d’aller à l’école ; nous les élevons pour faire la cuisine, avoir soin de la maison et des enfants et servir leurs maris […] Elles sont plus que des meubles et moins que des chiens. »

C’est la réponse que l’on a donnée à Pandita Ramabai, 1858-1922, alors qu’elle cherchait à favoriser l’éducation des femmes dans son pays, l’Inde. Malgré l’opposition, la jeune hindoue, convertie au christianisme, s’engage dans ce combat et fera évoluer la condition féminine.

Une vie entièrement consacrée à Dieu n’a rien à craindre, rien à perdre, rien à regretter.

Ramabai est née en 1858 du remariage de son père avec une jeune hindoue. Son père est un savant reconnu issu de la caste sacerdotale des brahmanes, la première des quatre grandes castes traditionnelles indiennes. (Le système de castes correspond à la division hiérarchique et inégalitaire de la société indienne en quatre groupes distincts, auxquels il faut ajouter les intouchables, ou dalits, qui en sont exclus. L’appartenance à une caste est héréditaire et l’on doit traditionnellement se marier entre membres d’une même caste.) Contrairement aux habitudes de l’époque, il a à cœur l’enseignement de tous les membres de sa famille. C’est ainsi que Ramabai grandit dans un foyer pauvre mais privilégié en ce qui concerne le niveau d’éducation !

A seize ans, Ramabai n’est encore promise à aucun homme. En effet, ses parents préfèrent être vigilants : ils ne veulent pas éprouver à nouveau le désarroi causé par le mariage raté de leur fille ainée. Mais les parents de Ramabai décèdent tragiquement ne l’espace de quelques semaines. Elle se retrouve alors seule avec son frère.
Les deux orphelins parcourent l’Inde et donnent des conférences au cours desquelles ils militent pour le développement de l’instruction des femmes.

Un jour, à Calcutta, Ramabai est invitée à prendre la parole devant une assemblée de savants. Elle y fait sensation et reçoit le titre de Pandita, qui signifie ‘lettrée’.

Mais cette heureuse nouvelle s’accompagne d’un évènement beaucoup moins réjouissant: son frère bien-aimé décède peu de temps après.

Par la suite, Pandita Ramabai rencontre un Bengalais, diplômé de l’université de Calcutta, qu’elle épouse au début des années 1880. Le couple donne naissance à une petite fille prénommée Manorama, mais le père décède du choléra dix-neuf mois seulement après les noces.

Veuve, Pandita Ramabai commence à acquérir une certaine renommée et décide de partir en Angleterre pour se former davantage. Là-bas, elle est amenée à côtoyer des chrétiens et se tourne vers Dieu : « Je compris qu’il me prenait à son école et que si j’allais à lui, c’était parce qu’il m’attirait lui-même. » Elle se fait baptiser avec sa fille dans l’Église anglicane, le 29 septembre 1883.

Pandita Ramabai se rend aux États-Unis suite à l’invitation d’une jeune hindoue étudiante en médecine avec qui elle se lie d’amitié. Elle décide ensuite de retourner vivre en Inde pour poursuivre son combat. Quelques années auparavant, elle avait fondé une société de dames pour encourager l’instruction parmi les femmes et essayer de retarder les mariages de jeunes filles. Désormais, Pandita Ramabai souhaite continuer de promouvoir l’éducation des femmes, mais désire aussi s’occuper des veuves.

Le recensement de 1893 dénombrait 23 millions de veuves dont 64.000 avaient moins de neuf ans à cause des mariages d’enfants.

Dans la société hindoue, les veuves sont marginalisées et leurs conditions de vie difficiles. Un proverbe populaire reflète bien cette réalité : « Mieux vaudrait mourir que de perdre son mari ».

Soutenue par les donateurs qu’elle a eu l’occasion de rencontrer lors de son séjour aux États-Unis, Pandita Ramabai ouvre différents centres où elle prend soin des personnes défavorisées, des veuves ou des orphelins. En 1889, elle fonde la mission Mukti, ce qui signifie ‘Libération’ ou ‘salut’ en sanskrit.

Les différentes résidences de la mission accueillent près de 2.500 pensionnaires vers le milieu de l’année 1900. Pandita Ramabai prépare progressivement sa fille à prendre sa succession, mais celle-ci meurt tragiquement en 1921. En 1922, elle décède à son tour.

Réflexion

Pandita Ramabai a cheminé quelques temps avant de rencontrer Dieu et s’est tournée sans succès vers différentes religions. Finalement, elle a dû se rendre à l’évidence et s‘est appropriée la prière du roi David : «Que tu es donc grand, Seigneur Eternel ! En effet, personne n’est semblable à toi et il n’y a pas d’autre Dieu que toi, d’après ce que nous avons entendu. » (2 Samuel 7 :22)

Suite à sa conversion, elle est restée végétarienne et a continué de porter le costume des veuves brahmanes. Toutefois, un profond changement avait eu lieu en elle. D’ailleurs cet acte public était loin d’être anodin pour elle, car elle savait que les hindoues considèrent cette conversion comme une trahison. Non seulement sa position en faveur de l’émancipation des femmes était sévèrement critiquée, mais sa foi aussi était désapprouvée. Malgré tout, elle n’a jamais baissé les bras.


Texte et réflexion tiré de « Ils ont aimé leurs prochains » de Nicolas Fouquet, BLF éditions, 2017, avec l’accord de l’auteur. Ce livre propose les portraits de 31 chrétiens et chrétiennes qui chacun dans son temps et sa société a montré la voie de la solidarité. Ne manquez pas la recension du livre!


 

3 comments on “Plus que des meubles et moins que des chiens !

  1. Mme LEANDRI

    Inde, pays du célèbre Gandhi, apôtre de la non-violence, qui est un mythe, et rien à avoir
    avec la non-violence de Jésus ! Il a utilisé la non-violence et le jeûne comme une arme,
    un chantage psychologique, pour arriver au pouvoir et ensuite réprimer les opposants.
    Sous couvert de spiritualité, il battait et méprisait totalement sa femme comme l’exemple
    ci-dessus.

  2. Claire Poujol

    Cette dame a également travaillé pendant 18 ans pour traduire la Bible !

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