Témoignages

Pourquoi j’ai changé d’avis au sujet des ministères féminins (1)

Il n’est pas facile de changer d’avis. Lorsqu’avec l’équipe de rédacteurs de Missio Alliance j’ai découvert le thème mensuel – le genre et le royaume de Dieu – j’ai compris que ce serait pour moi un sujet difficile à traiter.

En réalité, ce sujet a été extrêmement compliqué à traiter.

Oui, le texte est limité en nombre de mots. Oui, j’ai des amis qui diront que j’ai perdu la tête (encore une fois). Non, je ne pourrai pas dire tout ce que je pense sur chaque thème de l’univers dans cet unique article ; par conséquent je laisserai des portes ouvertes à la spéculation pour ceux qui ne me connaissent pas et mes amis proches penseront que j’ai perdu la tête (une fois de plus).

Je pourrais continuer longtemps ainsi, en décrivant de toutes les manières possibles la difficulté d’écrire cet article. Cependant, pour être honnête, il y a une seule raison qui fait que j’ai du mal à l’écrire.

Voilà pourquoi : ceux qui sont d’accord avec mes conclusions sont déjà prêts à accueillir ce que je vais dire et ceux qui ne le sont pas, sont déjà prêts à réfuter ce que j’ai à dire.

La théologie chrétienne ressemble souvent à un débat sur le sport. Une fois que vous avez choisi votre équipe ou votre joueur, ce que les autres diront sur leur équipe et leur joueur n’aura que peu d’importance. Je suis un fan des Texas Longhorn, ce qui veut dire que je méprise les Oklahoma Sooners (NDLR : équipes de football américain). Dans un long débat sur qui est le meilleur, les supporters des Sooners argumenteront inlassablement sur les championnats nationaux et ceux des Longhorn insisteront sur la comparaison des points entre les deux clubs. Le débat ne part pas de la logique pour provoquer une émotion ; il part des émotions et essaie de faire appel à la logique.

C’est aussi le cas dans bien d’autres domaines – pour ou contre les vaccins, l’école privée contre l’école publique, pour ou contre la détention d’armes, et la liste peut s’allonger indéfiniment.

C’est exactement à cela que ressemble la théologie chrétienne. Personne ne veut reconnaitre que c’est le cas, mais si nous sommes honnêtes, nous savons que c’est ainsi. Une fois que nous avons une équipe, notre subconscient nous envoie comme un boulet de canon d’émotions dans des débats d’arguments qui nous déchainent et nous échauffent. Lorsque, après « mûre réflexion », nous nous décidons pour une position théologique,  il y a peu de chances que nous changions d’avis.

Ceux qui changent d’avis savent que ce n’est pas facile ; en fait c’est douloureux à divers niveaux – spirituellement (cela affecte notre relation avec Dieu), émotionnellement (cela affecte notre relation avec nous-mêmes) et socialement (cela affecte notre relation avec les autres).

Je voudrais vous parler de ma propre histoire et vous dire pourquoi j’ai changé d’avis sur les ministères féminins. Le changement était difficile, comme je l’ai décrit plus haut. J’espère que mon histoire vous permettra de vous arrêter pour penser, le courage de réfléchir profondément et d’expérimenter un amour chrétien envers les personnes qui ont un avis différent du vôtre.

Je croyais qu’avoir une théologie correcte, c’était être fidèle.

J’ai implanté une église fin 2002 dans le cadre d’un réseau de création d’Églises réformées, ce qui était assez nouveau à l’époque. Ce réseau défendait un point de vue solide sur les rôles de l’homme et de la femme dans le foyer et dans l’Église. Non seulement j’étais d’accord avec ce point de vue, mais je l’enseignais aussi largement et de façon très doctrinale.

Je ne prendrai pas le temps ici d’expliquer ce point de vue, comme développé par le Conseil sur l’approche biblique de la masculinité et la féminité, et par d’autres qui le défendent. Fondamentalement j’avais une approche de complémentarité qui croyait que la Bible enseigne que les hommes et les femmes ont été tous deux créés à l’image de Dieu, mais que les femmes étaient subordonnées aux hommes à la maison et dans l’Église à cause de l’ordre créationnel. En d’autres mots, les femmes n’étaient pas subordonnées à leur mari à cause de la chute, mais à cause de l’intention originelle de Dieu dans la création. Comme la plupart de mes amis réformés, j’avais une compréhension très patriarcale du foyer.

J’étais convaincu que ce point de vue était biblique, que c’est ce que la Bible enseigne. En fait je croyais que d’avoir une autre approche ferait de moi un libéral ayant peu d’estime pour l’Écriture. Une telle personne aurait succombé au syncrétisme de la culture ambiante et serait donc désobéissante à la Parole de Dieu – en d’autres mots, elle vivrait dans le péché.

J’étais un produit de mon arrière-plan ecclésial, de mon éducation et de mon système théologique. Lorsque je suis devenu chrétien en tant qu’adulte, j’ai rejoint une petite Église des baptistes du Sud (Southern Baptists) dans une petite ville du sud des États-Unis. La Bible y était interprétée de manière littérale en tout. C’était la Parole de Dieu infaillible, inspirée et inerrante.

« Dieu l’a dit. Je le crois. Un point, c’est tout. »

Comme je me sentais appelé pour le ministère pastoral, je me suis inscrit dans une université des baptistes du Sud qui avait servi de quartier général pour défendre l’inerrance de la Bible. Cela n’a pas seulement conforté ma compréhension de la Bible, mais j’ai aussi été exposé à la théologie réformée conservatrice et évangélique. J’avais maintenant un système qui semblait cohérent et étanche d’un point de vue théologique.

L’Église que j’ai implantée en 2002 s’est construite sur la théologie systématique que j’avais. Oui, je sais, je devrais dire qu’elle était construite sur Jésus. Mais soyons honnêtes, elle était construite sur ma théologie systématique. Mes premières séries d’enseignements bibliques dans l’église portaient sur la théologie systématique. Certains des thèmes que j’ai abordés étaient le salut (c’est-à-dire la dépravation totale, l’élection inconditionnelle, le salut individuel, la grâce irrésistible et la persévérance finale), la Bible (c’est-à-dire l’inerrance), la chute et la rédemption (c’est-à-dire l’alliance des œuvres et l’alliance de grâce) et le ministère d’ancien (c’est-à-dire uniquement les hommes).

Dans le contexte dans lequel je me trouvais, une théologie correcte représentait la fidélité. Par conséquent ne pas croire la bonne théologie vous rendait incapable d’être fidèle. Comme je me souciais des membres de L’Église (hommes, femmes et enfants), j’ai décidé d’écrire un guide sur la masculinité et la féminité selon la Bible (plus de cent pages). Nous avons ensuite organisé des week-ends pour les hommes et les femmes pendant lesquels ce guide était utilisé.

Je dirais simplement que le point de vue patriarcal de la complémentarité que j’enseignais n’était pas seulement bien ancré dans ma propre théologie, mais aussi dans celle de mes amis proches et membres d’Église. Ce serait extrêmement naïf de dire que de changer d’avis sur cette question est facile et qu’elle ne coûte pas.

Rappelez-vous, pour moi, avoir une théologie correcte, c’était être fidèle. De réfléchir à cette question au sujet de laquelle j’avais une conviction si forte m’a tourmenté ; j’avais peur de me tromper et ainsi d’être infidèle.

Pourquoi serais-je disposé à réfléchir sur cette question ? Qu’est-ce qui me contraindrait à le faire ? Qu’est-ce que cela signifiait pour ma relation avec Dieu, avec moi-même et avec les autres ? Et finalement pourquoi ai-je changé d’avis ?

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Article de Mark Moore traduit de l’anglais.

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4 comments on “Pourquoi j’ai changé d’avis au sujet des ministères féminins (1)

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  2. artetfoi

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