Fritz Goldschmidt est un ancien responsable d’église. Après plusieurs dizaines d’années de ministère, il raconte comment l’église évangélique mennonite de la Ruche à Saint-Louis (68) s’est peu à peu ouverte à une collaboration fructueuse entre hommes et femmes au sein de sa direction.
Le ministère féminin était un sujet âprement discuté déjà lors de mes études théologiques dans une institution évangélique au cours des années 1970.
Une majorité d’étudiants masculins composait les rangs des différentes sections, mais la proportion d’éléments féminins n’était cependant pas négligeable. Le futur service de ces dames s’envisageait tout naturellement essentiellement dans le contexte de la mission (où les hommes étaient souvent absents) ainsi que dans certains engagements subalternes au sein des églises évangéliques respectives. La possibilité pour elles d’accéder à un ministère de pasteur ou d’ancien était quasiment inenvisageable.
- Débuts à l’Église de la Ruche
Dans ma propre église, la question s’est posée d’une manière plus concrète au début des années 90. Il était tacitement admis que des femmes participent aux groupes qui dirigeaient le moment de louange et d’adoration. Au fil du temps, les hommes faisant défaut (simplement pour des questions démographiques ou de manque de disponibilité), presque exclusivement des sœurs se trouvaient à la tête de ce service.
C’est là que des questionnements sur la légitimité des responsabilités féminines dans ce domaine se sont fait jour d’une manière assez musclée. Certains, en particulier des jeunes (et pas seulement des hommes) ont manifesté leur opposition à cette situation. Pour eux, il était clair que la Bible était nettement contre un tel engagement donnant une place d’autorité aux femmes dans le culte.
En tant que conseil d’Anciens, nous avons entrepris de faire une série d’études bibliques dans notre assemblée sur le sujet du ministère féminin. Après plusieurs mois de réflexion, un consensus était trouvé sur cette question et les sœurs ont pu continuer ce service très apprécié par ailleurs.
Curieusement, quelques années plus tard, il s’est trouvé, que pour les mêmes raisons citées plus haut, ce service était presque exclusivement assuré par des hommes. C’était au point que l’assemblée pointait ce manque notoire de parité !
- L’embauche du pasteur
En 2008, l’assemblée a décidé de rechercher et d’installer un pasteur à plein temps à son service. Il paraissait naturel d’annoncer ce poste dans les différents organes de presse évangéliques en indiquant que la personne recherchée pouvait être un homme ou une femme. Quelques voix se sont élevées contre la possibilité, certes mince, de voir une femme briguer ce poste. Il s’agissait là d’un ministère impliquant nettement la notion d’autorité. Après un nouveau débat autour du ministère féminin au regard de la Parole de Dieu, un large consensus, confirmé par un vote, a ouvert la possibilité qu’une femme soit candidate potentielle à notre offre.
Notre sœur Geneviève a postulé et a été confirmée par une très large majorité à ce service après une année probatoire. Elle fut la première femme pasteur à plein temps des Églises mennonites de France !
Avec le recul, la présence et le ministère d’une femme au sein du collège pastoral s’est avéré particulièrement efficace et positif pour notre Église. C’est au point que l’assemblée a installé une autre sœur, Catherine, comme Ancien pendant la période de service de Geneviève.
- Que retenir ?
En conclusion, je dirais que la présence de femmes dans les instances de direction d’une Église est bienfaisante voire indispensable pour un soin pastoral efficace et équilibré dans le corps de Christ. J’ajoute, qu’il ne s’agit en aucune façon d’imposer la présence d’une femme si l’Église n’est pas prête à l’accueillir. Cependant, si les dons, la vocation, la consécration et une disponibilité certaine sont au rendez-vous, ce serait dommage d’en priver la communauté.
Je remarque aussi que les changements de convictions et de mentalités peuvent se produire à la suite de circonstances ou d’événements exceptionnels au sein d’une assemblée. Le Seigneur lui-même, n’a-t-il pas dit que le sabbat était fait pour l’homme et non le contraire ?
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