Progresser en Église

“Ni homme, ni femme” de Michel Gourgues #lupourvous

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Michel Gourgues, dominicain, est doyen et professeur d’exégèse du Nouveau Testament à la Faculté de théologie du Collège universitaire dominicain (Carlton University) à Ottawa.

Le titre de son livre Ni homme ni femme publié en 2013 est extrait de l’épître aux Galates 3,28 qui proclame l’égalité fondamentale de tous ceux qui appartiennent à Christ : « Il n’y a plus ni Juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme ni femme ; car tous vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ  ». Paul a écrit cette épître au début de la deuxième génération de chrétiens, vers 55-60. Mais Michel Gourgues montre que cette proclamation de 3,28 est très probablement un kérygme antérieur à l’apôtre, peut-être une parole prononcée au moment des baptêmes dès les premières années de l’Église. Dans le Royaume du Christ, l’œuvre de réconciliation de Jésus s’accomplit, les inégalités et les dominations sont abolies, il n’y a plus ni homme ni femme. Cet article de foi de la première Église reflète l’attitude extraordinairement ouverte de Jésus à l’égard des femmes, que l’auteur rappelle dans les premières pages de l’ouvrage.

Pourtant, le Nouveau Testament contient par ailleurs plusieurs passages qui semblent prendre le contre-pied de la proclamation de Galates, en exhortant les femmes à se taire ou à être soumises. L’ouvrage de Michel Gourgues propose une analyse de chacun de ces textes qu’il replace dans la chronologie de l’évolution du christianisme. S’il réfute totalement la réputation de misogyne qui est souvent faite à Paul, il met en évidence le glissement qui s’est opéré lors de la génération suivante. Chez les successeurs de l’apôtre, le souci de donner au monde extérieur une image acceptable de l’Église prend le pas sur la mise en pratique du kérygme. En effet, la menace de la persécution est réelle et cette nouveauté de l’Église consistant à donner la parole aux femmes est source de suspicion de la part des païens comme de celle des juifs. Les écrits les plus tardifs du Nouveau Testament en viennent ainsi à préconiser un « code domestique » et une subordination des femmes dans la communauté, plus conformes au modèle social du monde ambiant.

L’analyse de l’attitude du premier christianisme à l’égard des femmes met en évidence les tiraillements qui travaillaient l’Église dès l’origine ainsi que les « dommages collatéraux » causés par une légitime inculturation de la foi. Elle nous interroge sur notre réception des textes bibliques : savons-nous distinguer les versets qui proclament des vérités intangibles de la foi chrétienne de ceux qui sont d’abord liés à un contexte ? Comment mettons-nous en pratique l’enseignement du Nouveau Testament dans notre contexte culturel, alors que la situation des femmes est à front renversé avec celle qui prévalait lors de leur rédaction ?

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4 comments on ““Ni homme, ni femme” de Michel Gourgues #lupourvous

  1. Excellent livre que j’ai lu. Vous en résumez bien le propos et en tirez des questions très pertinentes. C’est également cette interrogation sur la réception des textes bibliques qui anime mon blog :http://www.bible-parole-et-paroles.com/2014/11/parole-et-paroles.html

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