Témoignages

Ramabaï Medhavi, pour la liberté des femmes indiennes

Pionnière des droits des femmes en Inde, enseignante hors-pair et chrétienne engagée, “Servir Ensemble” vous propose l’esquisse d’un profil trop peu connu… rencontre avec une femme historique. 

Ramabaï Medhavi Sarasvati, née Ramabaï Dongre mais plus connue sous le nom de Pandita Ramabaï, naît dans une famille aisée à Mangalore, le 23 avril 1858. Elle est issue de la caste supérieure des brahmanes (les prêtres hindous). Son père souhaitait faire bouger les choses et c’est pour cela qu’il était « réformateur orthodoxe ». Il était appelé « Orthodoxe », car doté d’une piété hors du commun ;  ses changements furent donc mieux vus par ses pairs, réfractaires aux évolutions.

Anandha Shastri Dongre, le père de Ramabaï Medhavi, souhaitait en effet ouvrir l’enseignement aux femmes. Sa fille en profita, et démontra tout de suite une aisance exceptionnelle, ce qui lui valut très tôt le titre de Pandita, qui signifie « maître à penser » ou « sage ». Sa grande sœur avait été mariée très jeune, mais cela s’étant mal passé ses parents n’ont pas organisé de mariage pour Pandita Ramabaï. Elle perd ses parents avant ses 20 ans. A ce moment, Ramabaï se sent abandonnée des dieux hindous. Elle se marie à 22 ans, de son propre chef, avec un homme issu d’une caste inférieure, avec qui elle aura une fille, Manorama. Malheureusement, son mari, Bipin Mihari Medhavi, décéda avant leur deuxième anniversaire de mariage.

Pandita Ramabaï continuait de se battre pour la place des femmes dans la société hindoue, et particulièrement pour les enfants-veuves. Les femmes étant mariées extrêmement jeunes, avec des hommes parfois beaucoup plus âgés, elles pouvaient se retrouver veuves avant même d’atteindre l’âge adulte !

Des missionnaires vont lui offrir une Bible en sanskrit, qui va totalement chambouler sa manière de penser. Estimant son éducation insuffisante, elle part pour l’Angleterre avec sa fille. Peu après son arrivée, elle a une véritable conversion, et se fait baptiser.

Pandita Ramabaï dira que c’est à la lecture de l’évangile de Jean qu’elle a réalisé que le Christ était le seul moyen d’obtenir la libération des femmes en Inde.

Elle continue ses études et devient enseignante. Elle accoste aux Etats-Unis pour une remise de diplôme et y restera finalement deux ans. Ramabaï y écrit un livre afin de dénoncer les traitements des femmes dans son pays d’origine, intitulé The High-Cast Hindu Woman.

Une fois revenue en Inde, elle continue à enseigner, y compris le sanskrit. Cela, ajouté à une alimentation restée végétarienne, ses pairs chrétiens y voient une preuve d’une conversion non sincère. Pourtant, elle témoigne d’une foi authentique et vivante. Ses convictions chrétiennes la renforcent dans sa mission d’aider les femmes à s’affranchir. Elle se battra toute sa vie pour l’union des chrétiens plutôt que la division par les cultures et les dénominations. Elle sera l’une des fondatrices d’une théologie chrétienne pour les hindous, plus pratique que dogmatique.

En 1904, elle met sur pied une traduction de la Bible dans un dialecte indien, le Marathi. Cette traduction demandera 18 ans de labeur et se terminera quelques jours seulement avant sa mort, le 5 avril 1922, à Pune, en Inde. Cette langue est parlée par 7% de la population indienne, permettant donc à ces 7% d’avoir accès à une Bible dans leur langue maternelle. Si elle a été longtemps ignorée, elle est aujourd’hui considérée comme la pionnière des droits des femmes en Inde. Il y a d’ailleurs eu un timbre-poste indien à son effigie en 1989 et, sur Vénus, un cratère porte le nom de Medhavi en son honneur.

Ramabaï Medhavi est la preuve qu’une graine d’esprit peut faire des merveilles, particulièrement si elle est plantée dans un terreau familial qui encourage cette graine à pousser. Certes, Pandita Ramabaï n’a pas suivi la voie familiale spirituelle, mais l’encouragement de son père à vouloir enseigner les femmes a été un départ capital dans la vie de cette enseignante. Évidemment, et heureusement, il est tout à fait possible de faire des merveilles même si le milieu dans lequel on évolue n’est pas forcément favorable, mais nous pouvons tout de même voir les fruits qu’ont porté un encouragement familial. Nul ne sait ce que Ramabaï Medhavi serait devenue sans cet élan donné par Anandha Shastri.

Pandita Ramabaï a su œuvrer là où ses contemporains n’ont pas vu d’intérêt, et à entamer des travaux herculéens dans des domaines qui lui tenaient à cœur. Si les droits des femmes en Inde sont encore un sujet aujourd’hui, ce sont aussi des femmes comme elle qu’il faut remercier pour l’avoir premièrement soulevé. Et pour Ramabaï Medhavi, Le Christ est le libérateur, et également le libérateur des femmes ! 

À propos Lula Derœux

Lula Derœux partage son temps entre animatrice biblique et pasteure stagiaire dans une église de la FEEBF. Elle est également en train de finir sa licence de théologie. Mariée avec un pasteur, cette native suisse a comme passion la musique, tout particulièrement le chant, le septième art et la cuisine.

1 comment on “Ramabaï Medhavi, pour la liberté des femmes indiennes

  1. M.Rose

    Bonjour,
    encore un exemple réjouissant de l’aide des frères pour inciter les femmes
    à prendre leur place dans l’ église et la société !
    La libération des femmes dans les pays en dehors du monde occidental rencontre
    un autre problème. Le monde occidental dit “chrétien” renvoie à notre époque
    l’image que la libération est associée à la débauche sexuelle. Nos films, chansons
    clips, arts renvoient cette image sur toute la planète ( qui est aussi une réalité
    malheureusement de nos sociétés !) et fausse la perception du message de l’évangile.

    Comment rectifier ce phénomène qui finalement se retourne contre les femmes
    elles-mêmes, justifiant même des régressions spectaculaires et même dans nos pays ?

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