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J comme… Jézabel?

Beaucoup de femmes qui enseignent se sont déjà faites traiter de « Jézabel ». Il suffit pour s’en convaincre de lire les #thingsonlychristianwomenhear sur Twitter (nous en parlons dans cet article) ou de discuter brièvement avec des femmes en situation d’enseignement dans les Églises.

« Les hommes à fortes personnalités sont promus, les femmes à fortes personnalités sont appelées Jézabel. » #ChosesQueSeulesLesFemmesChrétiennesEntendent

Dans son témoignage, Lula Godoy évoque ses crises d’angoisses nocturnes, après avoir entendu des paroles comme celles-ci : « Les femmes comme toi servent Satan, tu es seulement faite pour élever des enfants. »

C’est une triste réalité !

Tôt ou tard, les prédicatrices font face à des réflexions blessantes, voire menaçantes, fondées sur cette conception encore trop répandue : la femme qui prêche ou qui enseigne l’Évangile est une « rebelle » ou une « usurpatrice ». Ces réflexions blessantes insinuent qu’une prédicatrice ou enseignante de la Bible est « liée » au diable.

Et, tôt ou tard, elles peuvent vivre l’expérience troublante de voir une personne, un couple, une famille se lever et partir quand ils se rendent compte qu’une femme – mais quelle horreur ! – va prêcher.

Cela fait également partie de mon expérience personnelle.

Et au moment même où j’écris ces mots, j’apprends que Joëlle Razanajohary vient de recevoir une lettre manuscrite qui traite les femmes qui enseignent de « Jézabel », responsable de calamités.

Vous en conviendrez, ce n’est pas vraiment agréable pour une chrétienne – une personne qui a accepté Christ comme son Sauveur et Seigneur – d’être assimilée à Jézabel, donc à Satan. Je compatis sincèrement avec toutes celles qui ont entendu ce genre d’insinuation à un moment ou une autre et avec toute sœur en Christ qui peine à surmonter l’agression ressentie devant de telles remarques. (Croyez-moi, on m’a même accusée de « faire tourner des pendules » et de « traverser les murs », si, si !)

Les pharisiens n’ont-ils pas accusé Jésus luimême d’être associé au diable ? Malgré son identité de Fils de Dieu, malgré la bonne nouvelle qu’il prêchait, malgré les miracles qu’il faisait, ces gens voyaient en lui le malin. Ils étaient incapables de l’écouter, de l’entendre par delà leurs préjugés …

Avec ces chefs religieux, aucune discussion possible. Leur seule façon de communiquer, c’est d’accuser. Et pour quelques-uns de nos contemporains, il en est malheureusement de même vis-à-vis des prédicatrices.

Malgré leur nouvelle identité en Christ, malgré l’Évangile qu’elles prêchent, malgré les fruits que produit leur ministère, ces gens les qualifient de rebelles, d’usurpatrices, de femmes qui mettent les autres mal à l’aise.

L’auteur de la lettre que j’ai mentionnée conclut ainsi :

« Les femmes qui enseignent sont donc des Jézabel, elles enfantent la mort, la servitude, la chair, le péché, le malin. »

Vraiment … ?

Vraiment ?

Parle-t-on de sœurs en Christ, nées de nouveau, remplies de l’Esprit ? Ne reconnaît-on pas un arbre à ses fruits manifestes ? Et non à des fruits imaginaires qu’on lui attribuerait?

Jésus ne maudit-il pas le figuier pour une absence de fruits ?

– « Il y a une nouvelle femme qui vient dans notre Église et elle aimerait être impliquée. Elle paraît avoir confiance en elle, être indépendante; elle sait ce qu’elle veut et n’hésite pas à le dire. » – « Et je suppose que son nom est Jézabel? » Crédit: Nakedpastor

Mais qui est cette Jézabel dont parle la Bible ?

On la trouve dans Apocalypse 3. Elle « enseigne » à l’église de Thyatire. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une enseignante dont le prénom est Jézabel ! C’est une référence analogique à la reine Jézabel de l’Ancien Testament dont on peut lire l’histoire dans le premier livre des Rois.

On comprend alors aisément que la femme problématique de Thyatire a des points communs avec cette méchante reine qui introduisait un culte étranger (une fausse religion) en Israël, entretenait ses faux prophètes et tuait les prophètes de l’Éternel.

L’enseignante de Thyatire introduit dans l’église une hérésie qui séduit ses membres et qui est donc meurtrière pour la foi. (Les cultes païens de l’époque comportaient souvent un aspect de prostitution rituelle et sacrée ; il est possible qu’il en soit de même pour l’hérésie amené par Jézabel).

De toute évidence, le vrai problème de « Jézabel » en Apocalypse 3, ce n’est pas qu’elle soit une femme, car il n’y a rien d’inhérent à la nature féminine qui la prédispose aux mensonges diaboliques. C’est le contenu de son enseignement qui pose problème et l’introduction de pratiques qui n’ont plus rien à voir avec la foi chrétienne.

Des fausses doctrines ont également été introduites par des hommes, comme celle des Nicolaïtes suivis par des membres de l’église de Pergame dans Apocalypse 2.15. On trouve également dans cette église, au verset 14, une fausse doctrine semblable à celle de Thyatire, mais ici attribuée symboliquement à Balaam, ce faux prophète de l’Ancien Testament qui a tenté de maudire le peuple de Dieu.

Et pourtant, on n’accuse pas les hommes qui prêchent d’être tous des « Balaam » ou des Nicolaïtes !

Il faut impérativement cesser d’associer la féminité avec quelque chose de malsain ou de diabolique.

C’est Dieu qui a créé la féminité et tout ce qu’il a créé est « très bon » ! Il a versé son Esprit sur « toute chair » et nos corps féminins sont « le temple du Saint-Esprit ».

Notre identité de chrétienne est enracinée « en Christ ». Alors, nous n’avons pas à être troublées par des pseudo doctrines qui dénigrent les femmes.

Chère sœur en Christ, si on t’accuse d’être une Jézabel ou une rebelle ou une usurpatrice, ne te laisse pas déstabiliser dans ta relation avec notre Père céleste et aie confiance en son appel.

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