Un couple, deux contrats: évolution des ministères dans la FREE

Comment se vit le partage des ministères au sein d’une union d’Églises ? Comment les hommes et les femmes servent-ils ensemble dans les ministères de direction ? Marie-Noëlle Yoder a pu interviewer le secrétaire général de la FREE (Fédération romande d’Églises évangéliques), Philippe Thueler et cela a donné lieu à une conversation passionnante.

Pouvez-vous décrire votre union d’Église ?

L’union d’Église de la FREE, en Suisse, est le résultat d’une fusion entre les AESR (Assemblées et Églises évangéliques en Suisse romande, affiliées au mouvement international des Assemblées de Frères) et la Fédération des Églises évangéliques libres (FEEL).

Lorsque deux unions d’Églises fusionnent, différentes manières de faire et de croire dialoguent les unes avec les autres. Pour les Églises de Frères, l’idée même d’un pasteur salarié était une nouveauté alors que cela était bien plus commun pour les églises de la FEEL.

En 1995, un document commun a été publié pour expliciter une position d’union d’Église au sujet des ministères féminins. Il est intéressant de relever que tous reconnaissent que le débat « ne se situe pas au niveau fondamental (comme par exemple la trinité ou le salut) : il ne touche pas à notre identité de disciple du Christ, ni non plus à notre identité d’Église évangélique. »

Concrètement, combien y a-t-il aujourd’hui d’hommes et de femmes en responsabilité salariée ? Comment ces ministères s’articulent-ils ?

La FREE compte actuellement 82 personnes en responsabilité d’Église salariée : 66 hommes (80,5%) et 16 femmes (19,5%).

Ces dernières années, il y a eu un changement intéressant des situations conjugales au sein du service pastoral :

• Avant, dans de nombreuses situations, le mari était salarié et la femme servait bénévolement à ses côtés.
• Aujourd’hui, les jeunes couples qui s’engagent souhaitent souvent se répartir un plein temps à deux. 4 couples sont dans cette situation aujourd’hui dans la FREE.

Ce changement de paradigme comporte plusieurs avantages puisque chacun des conjoints est pasteur de l’Église et a son contrat de travail :

1. Premièrement, cela permet un discernement et une reconnaissance des dons personnels de l’un et de l’autre qui s’articulent de manière complémentaire.
2. Deuxièmement, derrière le titre de pasteur, divers dons peuvent se cacher comme par exemple celui de berger de la communauté, d’accompagnant personnel, de directeur spirituel ou encore celui de meneur de projet. Cette contractualisation permet d’officialiser et de reconnaître le rôle de l’un et de l’autre en définissant un cahier des charges plus précis.
3. Ensuite, un ministère reconnu et discerné peut aussi être évalué. Dans les situations, où l’un des conjoints, le plus souvent la femme, sert bénévolement aux côtés de son mari, il est plus délicat de faire un bilan de son service.

La formule du « plein temps partagé » est appréciée par les conjoints qui souhaitent élever leurs enfants ensemble.

Par contre, il est encore rare de rencontrer des femmes qui sont nommées sans leur conjoint ou qui sont célibataires, à moins que ce soit au sein d’une équipe pastorale, dans les plus grandes Églises.

Mais alors, le dialogue se vit paisiblement au sein de la FREE ?

Lors de la fusion, la question des ministères a été discutée et la place des femmes est naturellement venue sur le tapis. Pourtant, la question sur ce sujet est restée plutôt paisible. Bien sûr, des divergences se sont exprimées à ce sujet. Cependant, le dialogue n’a jamais été rompu et le dialogue est resté fraternel. Tous ont manifesté la volonté d’obéir au Seigneur et de bien comprendre sa volonté.

Articles à lire

• Un excellent document, résultat du groupe d’étude des assemblées (Janv 1995)
• Dossier vivre « Églises et ministères », 39. 2016.

Découvrez le témoignage de Léo Lehmann, pasteur et mari de pasteure dans l’Association Baptiste. Il témoigne ici de la réalité concrète du service commun en tant que pasteurs dans une Église.