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Audrey Torrini, pasteure

Audrey Torrini est pasteure. Par son témoignage, elle nous raconte avec enthousiasme son parcours. Elle nous parle aussi de la sainte simplicité à laquelle elle aspire pour les relations hommes-femmes. Un beau récit.

Je m’appelle Audrey, je suis bruxelloise, j’ai 34 ans, je suis mariée avec Nathan depuis 14 ans, j’ai deux filles et… je suis pasteure, et ce n’était pas prévu…

Le Seigneur m’a fait la grâce de pouvoir grandir dans une famille qui m’a appris à le connaître. Depuis mon plus jeune âge, je goûte à la joie de pouvoir cheminer avec cette ouverture sur le Royaume de Dieu dans chaque situation, de reconnaissance ou d’épreuve. Cette dimension qui se greffe à la vie du croyant m’a toujours semblé extraordinaire car elle élargit nos horizons d’une manière inimaginable. 

Après un Master en langues et lettres françaises et romanes, j’ai enseigné le français pendant neuf ans en étant parallèlement impliquée dans le ministère au travers d’un groupe de jeunes, puis d’une implantation d’Église. Assez jeune, je suis amenée au ministère de la prédication. J’ai grandi dans un des rares milieux évangéliques où le ministère féminin est tout à fait normal et naturel, grâce au travail pionnier de Dora et Georges Winston. Après des années extrêmement chargées, je développe de sérieux problèmes de santé qui vont m’obliger à devoir m’arrêter et sortir du cadre dans lequel j’avais inscrit ma vie. 

Nous décidons mon mari et moi de partir un an vivre à la montagne. Pendant cette année, un désir me brûle : reprendre des études de théologie. À ce stade de ma vie, toutes mes certitudes sont ébranlées, je sens que le Seigneur est en train de faire quelque chose en moi, mais je n’ai aucune vue sur ce qu’il souhaite réaliser. Je prie qu’il nous guide, qu’il me guide. 

Pendant mon bachelier en théologie, une Église bruxelloise apprend que je me forme. L’équipe d’anciens me propose un stage pastoral. Instantanément, je reçois face à cette demande inattendue une paix profonde et une conviction ferme. J’accepte. 

Ce ministère, je l’accueille avec une profonde gratitude : ce n’était pas mon but, mais je réalise que c’était mon appel.

Je le vis avec beaucoup de simplicité, j’ai l’impression de n’avoir eu qu’à dire oui, à un plan que le Seigneur avait dirigé pour moi et pour la communauté qui m’a accueillie avec beaucoup d’affection et de bienveillance. 

Le fait d’être une femme n’a pas été une entrave sur mon chemin et je suis consciente que c’est une grâce. Je ne me sens cependant investie d’aucun militantisme et d’aucune revendication. Je veille à ne pas être un obstacle sur le chemin de frères ou de sœurs pour qui le ministère féminin pose question. Je crois que, à cet égard, beaucoup peut se résoudre par notre attitude. Être pasteure, pour moi, c’est être une servante. Mon rôle est de servir ma communauté par l’exercice de mes dons, toujours en veillant à cultiver un esprit d’humilité. À partir du moment où l’assemblée nous élit, nous recevons une charge, un rôle avec lequel nous ne nous confondons pas et que nous devons remplir du mieux que nous pouvons. Nous œuvrons en collaboration avec une équipe d’anciens, délégués par la communauté, dans le nom du Christ, au service du Royaume de Dieu. Je pense que cette vision du ministère protège de tout autoritarisme, dirigisme, ou emprise qu’un(e) pasteur(e) peut exercer sur sa communauté, et qui, pour moi, est néfaste. 

Je suis très sensible à la notion d’emprise qui peut malheureusement facilement se vivre dans les communautés chrétiennes. C’est pour la liberté que Christ nous a libérés. Un rêve que j’ai, ce serait que les membres de nos Églises puissent expérimenter la vraie liberté en Christ, qui seule permet le développement d’un amour-agapè intentionnel qui transfigure les rapports humains et transpire des communautés. Qu’on puisse découvrir ce que signifie être uns en Christ, au-delà des opinions, des points de vue théologiques, des visions personnelles. Nous perdons beaucoup d’énergie dans des querelles doctrinales, et des avis divergents… En attendant, tant de situations de souffrance demanderaient toute notre attention et notre amour, dans le nom du Christ. 

En ce qui concerne les relations hommes-femmes dans nos Églises, je leur souhaite une saine simplicité.

Je souhaite de toutes mes forces que cela ne soit plus un sujet de discorde, de séparation. Il n’y a pas les femmes face aux hommes dans l’Église, il y a des hommes et des femmes qui veulent cheminer ensemble avec le Christ. La vie est aussi complexe pour les femmes qui ont acquis des libertés toutes nouvelles et qui souvent doivent se battre, que pour les hommes qui sont en perte de repères dans leur identité masculine. Veillons avec équilibre aux unes et aux autres, dans un esprit fraternel, sans militantisme. 

9 comments on “Audrey Torrini, pasteure

  1. Yves DE GREEF

    Très bon témoignage audrey, que Dieu te bénisse et continue son cheminement en toi et puisses tu le transmettre avec amour et bienveillance à tout un chacun. Que Dieu te garde. Âmen

  2. R.M.Erb

    Merci Audray pour votre témoignage,

    Que Dieu vous bénisse et qu’il bénisse la Belgique !

    Cordialement

    RME

  3. Jean-Marc BELLEFLEUR

    Merci pour ton témoignage, chère collègue de l’Association baptiste ! Cela me fait chaud au cœur. Que tes lignes encouragent d’autres femmes à s’engager dans cette belle voie du service pastoral. Jean-Marc, pasteur à Mulhouse et Saint-Louis (Alsace)

  4. Stéphanie Fritz

    J’ai lu avec beaucoup de joie ton témoignage, je m’y retrouve énormément dans mon expérience et mon chemin vers le pastorat, au plaisir de se rencontrer un jour.

    • Audrey Torrini

      Oui cela sera un plaisir de se rencontre prochainement à une pastorale !! Félicitations pour ton poste !

  5. Ping : Audrey Torrini, théologienne – Servir Ensemble

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