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Dieu est-il sexiste ? Oser sortir des stéréotypes

Une journée de conférence importante a eu lieu à Cressier (NE, Suisse) le 18 août 2020, organisée par un groupe de femmes de l’Église Réformée Évangélique Neuchâteloise. La salle était comble (80 participants de tous âges) pour poser une question subversive:

Dieu est-il sexiste? Oser sortir des stéréotypes

Les organisatrices, Sylvie Perrin Amstutz, Ruth Letare, Yasmine Thomet et Myriam Oswald, avaient envie que l’Église réfléchisse ensemble à cette question. Le défi a été relevé! Découvrez l’interview stimulante de deux organisatrices sur Radio R. Vous pouvez l’écouter dans son intégralité (41’08 minutes) ou découvrir un extrait ci-dessous.

Pourquoi cette journée ?

Quatre aspects étaient essentiels :

  1. Comprendre pourquoi dans la société le christianisme porte toujours et encore cette étiquette de religion patriarcale.
  2. Oser questionner l’Église et la société sur la question de la justice de genre.
  3. Formuler, en tant qu’Église, un regard critique à propos de la culture patriarcale qui traverse l’Ancien Testament et le Nouveau Testament jusqu’à nos jours.
  4. Reconnaître et donner voix à l’ampleur des récits dans nos entourages liés aux discriminations et au sexisme ambiant.

Le but de cette journée est de saisir le projet de Dieu pour les hommes et les femmes au-delà des notions limitantes du genre.

Oser sortir des stéréotypes ?

Est-ce que les femmes, dans les Églises, souffrent des stéréotypes ? Les femmes sont-elles libres d’être des disciples avec leurs dons et leurs appels dans tous les domaines de la vie d’Église ? Quel est l’image de la femme véhiculé dans les Églises ?

Ruth Letare rappelle que, trop souvent :

« Quand un homme aspire à servir Dieu, on y voit un appel. Quand une femme aspire à servir Dieu elle est orgueilleuse. »

Qu’est-ce qui vous interpelle dans les mouvements féministes ?

Ruth Letare : Ces mouvements de la rue ont des choses à dire. Dans les Églises, qu’est-ce que les femmes auraient à dire ? Pourquoi ce silence ? On appartient à cette génération qui descend dans la rue.

On peut avoir des a priori sur le féminisme, ce côté un peu revanchard et militant qui peut éloigner les hommes et les femmes chrétiens en se disant que finalement la Bible nous donne les réponses à ces revendications. En creusant le sujet, je me suis rendu compte que c’est important de bien comprendre le féminisme, de comprendre que c’est un rééquilibrage des forces, que ce n’est pas une guerre contre les hommes, mais que c’est une guerre contre les structures qui permettent à la domination de perdurer et par voie de fait d’empêcher une justice de genre dans les relations hommes-femmes. Je crois que quand on a vraiment compris que le féminisme s’attaque à des structures qui permettent des choses et non pas à des personnes, ça détend aussi l’atmosphère par rapport à la gent masculine. Cela permet d’aborder le sujet dans nos Églises.

Un projet porteur de vie

Sylvie Perrin Amstutz : Le projet de Dieu dans Genèse est un projet de Dieu pour l’homme et pour la femme. L’Adam a été créé mâle et femelle. Pourquoi ne m’a-t-on jamais parlé de ça comme ça ? Pourquoi ne m’a-t-on jamais parlé d’un Dieu qui a un projet d’équité pour le couple dès le départ et pas juste comme un Adam avec une aide à ses côtés. Cette base nous ouvre à une autre compréhension.

En Christ il y a cet Évangile libérateur qui rejoint les femmes et qui leur accorde une grande confiance. Jésus nous envoie. Il y a un projet de vie pour chacun et pour chacune. Au-delà du genre, Jésus met l’accent sur ce que cela signifie d’être disciple.

Qu’avons-nous fait de cet Évangile ?


Les interventions d’Elisabeth Parmentier, de Marie-Noëlle Yoder, de Killian Winz, de Sylvie Perrin Amstutz, de Natalia Rochat Baratli et de Paola et Serge Attinger seront disponibles prochainement en audio sur le site de la paroisse.

2 comments on “Dieu est-il sexiste ? Oser sortir des stéréotypes

  1. Victoria Declaudure

    Ce mot « féminisme » fait peur dans nos milieux, justement à cause des stéréotypes. Pourtant, il n’y a pas un seul courant. Il y a aussi un courant de « féminisme biblique », qui prend racine dans l’Ecriture.
    Nous devrions être à l’écoute, pour entendre et comprendre ce que disent les femmes et pourquoi elles le disent, comme Jésus le faisait avec compassion.
    Afin de pouvoir dire clairement que Non Dieu n’est pas sexiste, et la Bible non plus … nous avons un Dieu d’équité et de justice qui défend la cause de ceux et celles qui sont opprimés.

    Ca devait être une journée très riche.

  2. M.Rose

    J’ai fait l’effort d’écouter les conférences  »du site de la paroisse » et j’ai appris
    beaucoup. C’est simple et passionnant.

    Je fais partie de ces évangéliques, à qui on a fait presque croire, comme pour
    le Coran,  »que le texte est tombé du ciel », c’est écrit, c’est écrit…… oui mais qui
    a écrit ces textes anciens, qu’ont voulu dire les auteurs, comment les comprendre
    (en particulier sur les femmes) ? Il faut une foi réfléchie, donc étudier, s’instruire.

    A première lecture (le regard décalé d’une femme du XX ème siècle !)
    je voyais l’apôtre Paul, misogyne, dur. puissant. Il m’apparait aujourd’hui comme un
    homme révolutionnaire, d’une grande humilité, et d’une tendresse quasi maternelle,
    grâce à vos recherches.

    Je retiens que le féminisme chrétien est aussi l’affaire du couple. L’homme déformé
    par le patriarcat se libère aussi des stéréotypes,comme pour la femme, au travers
    de leur cheminement conjugal, de leur tâtonnement même; et découvrent la richesse
    du message évangélique qui est OUVERTURE sur tous les plans.
    MERCI BEAUCOUP A TOUS

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