Progresser en Église

L’écoute active dans tous ses états – 1/4 par Philippe Schwab

En Eglise et partout ailleurs en fait, il existe un ingrédient clé pour des relations interpersonnelles satisfaisantes : la qualité d’écoute dont vous et moi pouvons faire preuve à tel point même que celle-ci pourrait être qualifiée « d’active ».

L’expression « écoute active » est normalement bien connue et – on l’espère ! – pratiquée, surtout si notre activité professionnelle, associative… nous amène à écouter et qu’on a, du coup, un peu bossé le sujet !
De fait, dès lors que l’activité ou le service est un tant soit peu relationnel, cette qualité devrait figurer en tête des savoir-être voire des compétences demandées. A ce jeu-là, à moins de passer sa journée à écrire des lignes de code devant un écran, tout le monde est concerné… ha, ha !

Dans un article suivant, on se penchera sur l’ADN d’une écoute active mais je propose dès maintenant une définition personnelle :

Je suis en écoute active lorsque je suis pleinement mobilisé(e) pour entendre mon interlocuteur, l’accueillir dans l’expression de son « message » et que je cherche à vérifier avec lui ma bonne compréhension de celui-ci.

Cet article démarre ainsi une série de 4 avec comme objectif général de muscler notre motivation et notre capacité à mieux écouter et une vision idéale qui est de voir dans nos églises en particulier de plus en plus de croyants et de pratiquants en la matière^^.

Et puis, et puis…  L’écoute active est une clé pour nous aider, nous en tant qu’individu et en tant qu’église, dans nos discussions plus ou moins convergentes au sujet du ministère féminin… n’est-ce pas ?

L’écoute active… si répandue que ça ?

Là, il peut y avoir paradoxe : chacun pense peut-être être assez bon en écoute active tout en déplorant le niveau général, avec maints exemples à l’appui. Ces exemples nous viennent d’autant plus spontanément que le sentiment de n’avoir pas été écouté(e) est à minima déplaisant voire carrément blessant. Comme on le verra plus loin, les enjeux d’une bonne écoute sont importants : l’être humain a besoin de se sentir écouté !
Tiens, on évoquait dans le paragraphe précédent une auto-évaluation :
sur une échelle de 0 à 5, comment est-ce que je me situe ?

C’est pas mon fort!  / 0  / 1  / 2 /  3 /  4 /  5 / Mon écoute est hyper active !

Il me semble important de s’auto-évaluer ainsi sans « référentiel » ou définition, simplement en se basant sur sa compréhension de ce qu’est une écoute active. On pourra procéder à une nouvelle évaluation et la revoir à la hausse ou à la baisse une fois clarifié l’ADN d’une écoute active, objet du second article de la série…

Et à l’Eglise ?

Bon, et dans nos vies d’Eglise, quelles sont les situations concrètes dans lesquels exprimer cette clé relationnelle ? Allez, en vrac (je vous laisse compléter, personnaliser) :
• les échanges à la sortie du culte
• mon entretien avec le ou la pasteur
• la vie dans un petit groupe, type église de maison
• mon engagement spécifique (chorale, enfants, librairie, sainte cène…)
• avec mon conjoint, dans la voiture sur la route pour aller à l’église ou au retour !

Ces multiples occasions d’écouter ou d’être écouté(e) en tête, une question à 10000 € :

Devrait-il y avoir un indice de qualité d’écoute supérieur en église qu’à l’extérieur ? Et si oui, en vertu de quoi ?

Je nous laisse méditer là-dessus et on pourra revoir quelques aspects bibliques dans l’article suivant, mais déjà un retour d’expérience personnel…

Mon épouse et moi fréquentons la même église depuis plus de 60 ans à nous deux (est-ce que cette info trahit notre âge ??) et en connaissons beaucoup d’autres du fait de notre métier d’accompagnement ; le constat en gros est évident :
les besoins de progresser dans la communication interpersonnelle en général et en qualité d’écoute sont les mêmes que « dans le monde », avec peut-être parfois 2 difficultés spécifiques :
1. la tentation de croire que puisqu’on est chrétien, les relations c’est facile ; exemple : un déni de la charge émotionnelle contenue dans une situation d’écoute
2. la tentation d’être tellement spirituel que des réflexes d’écoute peuvent être biaisés ; exemple : le réflexe de foi qui me fait donner une réponse à l’autre alors que celui-ci avait avant tout  besoin d’être accueilli dans sa détresse.

Écoute active : quels bénéfices ?

Assez spontanément, on peut s’attendre à 3 effets positifs produits chez la personne écoutée :
1. Estime de soi : le fait d’être écouté équivaut au signal « j’ai de la valeur aux yeux de mon interlocuteur, ma personne et ce que je dis sont considérés comme importants »
2. Conscientisation : s’entendre parler favorise des prises de conscience, un peu comme un écho qui me renvoie à moi-même et fait remonter à la surface, puisqu’exprimé, un sentiment (par exemple) jusqu’ici confiné et diffus
3. Appropriation : le cheminement personnel et les solutions qui émanent de ce temps d’écoute sont miens plutôt qu’issus d’une « bonne parole » externe

Plus simplement encore, l’écoute active satisfait le besoin d’être en lien : la relation avant la solution ! Nous avons sans doute tous expérimenté dans le couple la situation suivante typique « Mars & Vénus » :
• Elle : « J’ai vraiment eu une journée compliqué au boulot ; je ne sais pas quoi faire pour ma réunion de vendredi, je suis tiraillée… »
• Lui : « Oh oh ! Tu veux en parler ? » (quelle question ?!?)
• Elle : parle longuement et en détail de ce qui l’habite…
• Lui, une fois qu’elle a terminé : « Et donc… pour ta réunion de vendredi ? »
• Elle : « C’est bon, c’est clair, j’avais juste besoin d’en parler ; merci ! »

Pourquoi est-ce difficile d’écouter ?

De fait, le plus souvent et pour la plupart d’entre nous, il faut décider d’écouter, se concentrer (au sens se centrer sur la personne plutôt qu’au sens mental) voire s’y préparer.

Oui, car le plus grand obstacle à l’écoute, c’est… la parole !

Apprendre à se taire et ainsi renoncer à :
• parler, occuper l’espace : « moi, justement, ça me fait penser à ma… »
• me justifier ou justifier l’autre (le pasteur, la Bible, Dieu…) : « oui, mais tu sais, c’est pas évident… »
• expliquer : « je ne peux quand même pas rester sur une incompréhension ! »
• convaincre / démontrer : « il faut quand même qu’il(elle) comprenne… »
• répondre / réagir : « ah non ! ça je ne peux pas laisser passer ! »
• …
… ça en fait des renoncements !
A l’issue de cette étape 1, normalement, vous et moi devrions être au clair sur les points suivants :
• l’écoute active, on peut y croire sans vraiment la pratiquer
• c’est ultra bénéfique sur un plan personnel et pour le vivre ensemble
• il y a naturellement des freins à l’écoute car écouter implique de renoncer

                                            Prêt(e) pour l’étape suivante ?
A suivre, début janvier: les 4 clés d’une écoute active et quelques rappels de la place de l’écoute dans la Bible…

phil 2

Philippe Schwab, 49 ans, marié depuis 25 ans avec Yolande est père de 2 gaillards de 21 et 18 ans.
Diplômé de Sciences Po Strasbourg et titulaire d’un Master 2 en Finance d’entreprise, il jongle aujourd’hui entre plusieurs casquettes :
Le cabinet PS Conseil, spécialisé dans le développement professionnel et personnel pour les particuliers et les organisations, qu’il gère depuis 16 ans avec son épouse ;
La plate-forme de ressources « Monsieur Feedback » dédiée à la culture et à la pratique du feedback ;
• L’enseignement post-bac, orienté vente, management et communication ;
• La radio, avec l’émission bimensuelle Eclairages, un talk-show chrétien, pluriel et dynamique qui décrypte l’actualité.
Passionné de communication, libre et concret, Philippe aime transmettre sans tabou et avec énergie ses convictions et expériences.

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