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Vous avez dit « écriture inclusive »?

Avez vous déjà écrit ou vu l’invitation suivante pour un culte ou une célébration ?

Cordiale invitation à tou-te-s !

Bien sûr, on aurait tout aussi bien pu écrire: « cordiale invitation à toutes et à tous »… mais soyons honnêtes la formule habituelle est plutôt: « cordiale invitation à tous ».

Grammaticalement, ce n’est pas faux alors pourquoi le questionner? Le sujet de l’écriture inclusive initié par la société vient soulever des questions linguistiques, théologiques et sociologiques passionnantes.

Le journal hebdomadaire Réforme qui propose une réflexion soucieuse des questions de société et des questions spirituelles s’est saisi du sujet et trois articles ont attiré notre attention. Mais d’abord, de quoi s’agit-il?

L’écriture inclusive en quelques mots

L’écriture inclusive – ou le langage épicène, son synonyme – est une manière d’écrire de façon « non sexiste » ou pourrait-on dire « dé-genrée ». Comme le précise le site officiel du canton de Vaud, en Suisse, elle a pour but de:

Mais rien de tel qu’un exemple:

L’écriture inclusive est-elle réellement utilisée ?

La question se pose avec une intensité variable dans différents pays de francophonie. Prenons quelques exemples:

L’option prise est la suivante :

Le langage n’est pas neutre, il reflète les structures et les rapports de force d’une société. De Gabrielle Chanel, on dit qu’elle était un grand couturier, alors qu’une couturière est une petite main du métier…. Mais la langue évolue.

Le Monde, 29 septembre 2005

Qu’en penser ?

L’égalité ne passe pas par une action sur la langue

Pour certain-e-s, comme le linguiste Christian Bassac (voir son article), l’écriture inclusive est une mauvaise réponse grammaticale à un vrai problème de société. Comme il l’affirme: « aucune langue n’est sexiste. Certains hommes le sont. » Pour lui, « la légitime et nécessaire lutte des femmes pour l’égalité avec les hommes ne passe pas par une action sur la langue. Cela est un combat perdu d’avance. » Il croit qu’il est nécessaire de mener des actions de rééquilibrage afin que cela s’inscrive ensuite dans la langue.

Lire l’article en entier

Quand on commence à transformer notre usage des mots, on commence aussi à changer notre perception de la réalité, et donc la réalité elle-même

Pour d’autres, il est essentiel de faire évoluer le langage afin de pointer le déséquilibre et de rendre les femmes davantage visibles. Valérie Nicolet prend le contre-pied de Christian Bassac dans son article, « la laideur de l’écriture inclusive doit nous pousser à la créativité ». A cause de la lourdeur de l’écriture inclusive, elle ne milite pas pour son utilisation dans la vie de tous les jours, mais pour les publications officielles.

Elle rappelle que :

Nos mots façonnent la réalité et ne font pas que la refléter. Comme Valérie Nicolet le dit si bien :

Quand on commence à transformer notre usage des mots, on commence aussi à changer notre perception de la réalité, et donc la réalité elle-même.

Lire l’article en entier

Pointer « ce qui n’est pas encore » et qui devrait être

Comme le suggère Pierre Encrevé dans son article « L’écriture inclusive pour interpeller le pouvoir sur l’inégalité salariale« , utiliser l’écriture inclusive est une bonne manière de pointer ce qui n’est pas encore et qui devrait être en matière d’égalité.

Le « pas encore » rejoint les chrétiens dans ce royaume auxquels ils aspirent et qu’ils sont appelés à annoncer de façon prophétique. Pourquoi ne pas tenter l’aventure d’inclure explicitement le féminin dans une publication officielle?

Alors, partant-e-s?

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