Témoignages

Dr. Marthe Ropp, missionnaire

2018-04-20_134358Dr. Marthe Ropp (22 janvier 1923-  24 mars 2018) a eu une vie passionnante de missionnaire et d’enseignante. Elle a voyagé au quatre coins du monde (Indonésie, Gambie…) dans un temps où l’on ne voyageait pas si facilement et a donné le témoignage d’une vie de foi vécue au service des plus pauvres. Elle est décédée il y a peu de temps, à l’âge de 95 ans. Sur ce blog, nous voulons lui rendre hommage. Merci à Anne-Marie Ropp, sa nièce, qui nous a permis de publier ici son témoignage de vie.

Un témoignage de vie

Marthe Ropp est née au foyer de Joseph Ropp et d’Anna Schott le 22 janvier 1923 à Wittenheim, elle est la plus jeune d’une fratrie de trois. Son grand frère René est décédé à l’âge de 17 ans après 3 jours de maladie. Sa sœur Hélène avait 2 ans de plus qu’elle.

Bonne élève, ses parents lui ont permis de faire des études. Elle leur en sera reconnaissante car ce n’était pas courant à l’époque. Sa sœur avait dû rester à la ferme familiale pour aider les parents.

Vers 14 ans, Marthe fait, en même temps que sa sœur Hélène et leurs parents une expérience de conversion suite aux conférences d’un évangéliste Mr Vogel.

Elle se fait baptiser en 1939  à l’église mennonite de Pulversheim et elle reçoit du Seigneur  un appel à s’occuper des malades et des pauvres.

Elle a 16 ans quand  la guerre débute et que l’occupant instaure un  régime de terreur en Alsace. Cela l’a marquée comme toute sa génération. A 17 ans, après avoir obtenu son bac, elle est réquisitionnée pour des travaux obligatoires en Allemagne.  En weekend, elle était accueillie dans une famille d’agriculteurs mennonites. Lors de l’invasion de l’armée française, à la fin de la guerre, sa présence et son témoignage ont permis que cette famille soit protégée.

Elle finit ses études de médecine à Strasbourg  et se prépare à partir avec  le Mennonite Central Committee (une ONG basée aux États-Unis)  sur l’île de Java en Indonésie.

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Ses parents ont eu du mal à  laisser partir leur fille de 28 ans, ils la voyaient installée comme généraliste, tout près en Alsace. Elle est partie en 1951, après avoir obtenu leur bénédiction. Elle a embarqué pour un voyage de 3 semaines en bateau, seule, vers une terre inconnue avec pour mission de maintenir l’activité d’un hôpital détruit par une guerre et participer à la reconstruction. Elle a même renoncé à un mariage qui ne correspondait pas à son appel.

Elle apprend l’Indonésien et s’investit dans son travail à l’hôpital chrétien de Pati et dans l’Église mennonite de la région du Muria ( mouria).

Quand, elle rentre en France  3 ans plus tard, sa sœur a épousé Jacques Goldschmidt et son unique nièce Anne-Marie est née.

Comme elle se sent utile et à sa place au service de Dieu à Java, elle va repartir pour 3 ans. Le voyage de retour en 1958, pour les noces d’or de ses parents, sera l’occasion de faire un tour du monde à l’envers, en avion cette fois : Nouvelle –Calédonie (visite de missionnaires), Canada (famille Ropp) et États-Unis (des amis et les organisations mennonites). Ce fut une belle expérience qui lui a permis d’établir des liens forts avec le nouveau monde.

C’est alors que les Églises mennonites françaises  ont créé un comité de mission et l’ont envoyée  comme » missionnaire » pour encore 2 séjours de 4 ans au même endroit. Elle était vraiment reconnaissante pour cet accompagnement, pour les prières et le soutien des membres de notre association d’Églises.

Elle témoignait aussi de la protection miraculeuse de Dieu.  De 1948 à 1965, la situation politique y était instable avec des rébellions importantes. Une nuit les soldats sont allés dans toutes les maisons de son quartier et ont tué les habitants ; ils se sont arrêtés à la maison à côté de la sienne. Une autre fois, à l’époque où le courrier mettait 3 semaines par avion, une de ses amies nous a écrit que Marthe était hospitalisée avec le pronostic vital engagé  à cause d’une péricardite purulente mais Dieu lui a fait la grâce d’une guérison complète. (Alors qu’elle ne pouvait manger, une amie a réussi à lui trouver de la bière pour la réalimenter…)

Avant son retour de  1968, elle a confié la responsabilité de l’hôpital aux médecins indonésiens qui s’étaient formés. Elle a repris des études pour faire une spécialisation en médecine tropicale en Angleterre (Liverpool). En rentrant, je me souviens qu’elle a dit : cette formation était plus orientée vers l’ Afrique que vers l’ Asie.

C’est là, à 45 ans qu’il y a eu un nouvel appel sur sa vie. Des infirmières allemandes sont venues pour lui demander de venir en Gambie, en Afrique occidentale. Ces missionnaires priaient depuis 2 ans pour une « dame médecin missionnaire expérimentée ». Le gouvernement exigeait un médecin mais pas un homme sans quoi il fermait leurs cliniques.

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La décision fut difficile pour Marthe. Elle aimait l’Indonésie, sa culture, ses amis là-bas. De plus, elle était au bénéfice d’un réveil spirituel qui l’a marquée. La nouvelle mission était la WEC, sans soutien financier et où la règle est de ne faire connaître ses besoins qu’à Dieu. De plus le pays était très fermé à l’Évangile à cause de l’Islam. Elle a jeûné et prié et a pu discerner la direction de Dieu dans cette demande.

Son travail se répartissait entre plusieurs cliniques de brousse et deux grandes cliniques à Sibanor et Fadjara. Elle assurait  des suivis réguliers dans les villages, des partages de l’Évangile, des enseignements à l’Église naissante, des formations d’infirmières…et partageait une vie de communauté avec d’autres équipiers.

Elle a vu la fidélité de Dieu dans les finances. Son Église et ses amis mennonites et autres ont continué de lui envoyer de l’argent régulièrement, ce qui lui a permis de vivre simplement, de soigner souvent gratuitement et même d’aider parfois d’autres missionnaires qui avaient moins de soutien. Elle avait même une voiture personnelle vert pomme. (Je l’ai emprunté une fois et les gens me saluaient en criant «  Hello Doctor »)

En 1984, elle a dû quitter la Gambie en urgence pour soigner un cancer du sein, c’est ainsi qu’ elle s’est installée dans la ferme familiale chez Anne- Marie et Bernard Ropp, à Wittenheim (68) .

Après sa guérison, elle a été encore active une dizaine d’années,  a exercé dans un hôpital psychiatrique chrétien en Allemagne, donné des cours au Bienenberg, animé des conférences, s’investissant et prêchant dans son Église, ici à Pulversheim. Elle a été membre du comité de mission mennonite, de  celui de la WEC et au bureau de l’union d’Église… Elle a consacré du temps à la relation d’aide et à l’accompagnement spirituel.

Ses sujets préférés étaient la missiologie, le ministère féminin, l’accueil de la différence (pauvreté, maladie, handicap, homosexualité, etc…). Elle assurait des études bibliques.

A la mort de sa sœur en 1995, elle a pris un service dans la communauté. Les enfants l’appelaient la « vaisselleuse ». Elle savait aussi mettre les jeunes au boulot, les nombreux stagiaires agricoles et les jeunes filles qui aidaient l’été avec les 2 enfants handicapés nous le rappellent souvent.

Elle ramenait beaucoup de visites à la maison de tous les continents. Comme nous n’allions pas en vacances, elle nous a ouvert au monde. Il y avait toujours un projet ou une visite en prévision, plusieurs livres d’or en témoignent…

En 2005, commence l’étape de la grande vieillesse avec des soins et une diminution progressive lente mais inexorable.  Elle a souffert de perdre la vue, elle qui dévorait les livres. Elle a de la joie aux visites même si la baisse de son audition perturbait peu à peu la communication.

Elle a beaucoup écouté et bénéficié de la radio évangélique allemande. Mais même cela , elle ne comprenait plus à la fin malgré le volume sonore croissant…. Alors elle a beaucoup dormi.  Le 1er mars, elle a été hospitalisée.

Merci à Dieu de nous l’avoir donné et pour ce qu’il a fait au travers d’elle.

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1 comments on “Dr. Marthe Ropp, missionnaire

  1. Claire Poujol

    Merci d’avoir retracé la vie du Docteur Ropp. Quelle vie pleine au service du Seigneur ! Que son exemple puisse encourager d’autres chrétiennes à prendre leur place selon leurs talents dans l’Église du Seigneur.

Répondre à Claire PoujolAnnuler la réponse.

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