Un pasteur m’a dit un jour: « Si seulement Jésus avait choisi ne serait-ce qu’une femme parmi les 12, il n’y aurait pas ce débat sans fin au sein de l’Église aujourd’hui. »
Malheureusement, cette question n’est jamais abordée dans les Évangiles. Pour certains cela traduit pour sûr une supériorité du masculin sur le féminin, mais en réalité nous n’en savons rien. Nous aurions bien voulu questionner Jésus à ce sujet!
Ce que nous savons c’est que Jésus était entouré de personnes qui le suivaient, qui l’écoutaient et qui cheminaient à ses côtés. Ce groupe d’hommes et de femmes sont appelés “disciples”. Au sein de ce large groupe, douze disciples formaient le cercle le plus proche. Nous apprenons à les connaître quelque peu au fil des récits des Évangiles : Pierre (Simon) et son frère André, Jacques et son frère Jean, Thomas, Matthieu, Philippe, Barthélemy, Jacques, Jude (appelé aussi Thaddée), Simon le Zélote, Judas Iscariote remplacé par Matthias par la suite. Leurs questions, leurs comportements, leur relation à Jésus nous instruisent sur ce que cela signifie d’être disciple.
L’absence d’argumentation de Jésus ne permet pas de tirer des conclusions hâtives dans un sens ou dans un autre mais quelques éléments peuvent nous aider à mieux comprendre ce qui aurait pu freiner Jésus:
- Cela ne se fait pas. Jésus et ses disciples masculins parcouraient le pays le plus souvent en faisant du camping sauvage. Cela aurait été inimaginable qu’il s’entoure de femmes célibataires. Si les 12 étaient célibataires, un groupe mixte n’aurait pas été possible culturellement. Le scandale aurait pu compromettre la transmission du message.
- Crédibilité du message. Au temps de Jésus, si l’on veut diffuser un message, mieux vaut choisir des hommes pour le porter. En effet, la parole des femmes était culturellement disqualifiée. Cela est d’autant plus incroyable que ce sont des femmes qui sont témoin de la résurrection et qui sont appelées à proclamer le message de l’Évangile pendant que les hommes “cuvent” leur manque de foi et leur manque de courage.
- Les 12 symbolisent les 12 tribus d’Israël: 12 fils de Jacob, donc 12 hommes juifs. En choisissant 12 disciples, Jésus marque symboliquement le lien fort entre le peuple choisi de l’ancienne alliance et sa volonté de continuité entre le peuple d’Israël et l’Église, le nouvel Israël.
Qui est disciple?
Que dire sur la base de ces éléments? Le fait que Jésus ait choisi 12 disciples masculins dans son cercle restreint ne permet pas d’affirmer quoique ce soit en terme de rapport hommes-femmes ni en terme d’engagements des femmes dans le service. Si l’on voulait pousser le raisonnement plus loin, on pourrait aussi argumenter que Jésus n’a choisi que des juifs parmi les 12 et que les Églises devraient donc être gouvernées par des juifs messianiques, et non des chrétiens d’origine païenne comme la grande majorité des pasteurs et anciens en fonction.
Ce qui est important pour Jésus, ce n’est pas la masculinité de ses disciples mais la mise en pratique de ses enseignements. Sa vision du discipulat est plus large et ne regarder qu’aux 12 est trop restrictif. Parmi de nombreux autres, Tabitha, une femme, est d’ailleurs expressément nommée comme une disciple du Christ (Ac 9.36).
Les disciples, hommes ou femmes, sont ceux qui sont prêts à suivre Jésus. Ils se soumettent à son enseignement en mettant leurs dons à disposition du peuple de Dieu. Ils entendent l’enseignement de Jésus et le mettent en pratique. Ils se mettent au service du maître et au service des autres (Jn 13). L’invitation est lancée à tous et à toutes.