Spiritualité

Marie console Eve

mary comforts eve
Marie console Eve
Dessin au crayon, sœur Grace Remington, OCSO
2005, Sisters of the Mississipi Abbey

Ce magnifique dessin à la craie et au crayon de couleurs a fait le tour du monde et touche ceux qui croisent sa route. Chaque détail est subtilement choisi et orchestré. Avez-vous vu les pieds de Marie et d’Eve ? Sœur Grace Remington a su traduire un point sensible de l’espérance qui habite les chrétiens en ce temps de l’avent : la victoire de Dieu en Jésus sur la mort, le mal et le péché.

Face à Eve, « celle qui porte la vie », souvent pointée du doigt dans la tradition religieuse comme étant celle par qui le péché est arrivé dans le monde, se trouve Marie choisie pour porter le Messie. Ces deux femmes, si souvent mises en opposition par les théologiens sont ici réunies en un seul dessin, et pourrait-on dire, en un seul destin. Au-delà de leur féminité, elles représentent toutes deux l’humanité pécheresse et appelée à porter le Christ.

Le tableau est baigné de couleur dorée, symbole de la sainte présence de Dieu. Marie et Eve se font face sous une arche. Celle-ci symbolise traditionnellement la force et le soutien mais aussi le début et la fin. Les arches sont comme des seuils qui connectent différents mondes et différents espaces. Ici, l’arche peut être interprétée comme un passage du chronos, le temps de l’histoire au kairos, le temps de Dieu. La tristesse d’Eve et la joie de Marie ne font qu’une dans l’humanité brisée et délivrée. Cette rencontre a lieu dans le jardin, temple idéal où la présence de Dieu est pleine et entière.

Eve, habillée de sa chevelure de terre, serre le fruit contre elle comme si elle peinait à s’en défaire. C’est la triste réalité du péché qui se traduit dans son regard et empourpre ses joues. Eve ne peut plus relever la tête, pourtant une bonne nouvelle s’annonce ! Le message est dans le ventre de Marie.

Marie regarde le fruit d’Eve avec un regard plein d’espoir car elle vit la grâce de Dieu de l’intérieur. Elle sait qu’elle porte en elle le fruit (Luc 2.42) de l’espérance : Jésus. Avec douceur, Marie touche le visage d’Eve afin de détourner le regard de son péché et le diriger vers son propre ventre chargé d’espoir. Son autre main amène celle d’Eve sur son ventre pour qu’elle aussi puisse sentir bouger celui qui la délivrera. Marie ne fait pas un long sermon à Eve, elle la guide vers la réalité présente : Emmanuel, Dieu parmi nous.

La tendresse du toucher entre ces deux femmes traduit celle avec laquelle Dieu s’est fait homme. Il est venu habiter notre humanité pour la toucher, la guérir, la relever et la redresser.

Des reproductions de ce dessin sont disponibles à au magasin de l’abbaye du Mississipi. Un poème, commandé à une autre sœur, Columba Guare, est inscrit à l’intérieur de la carte (original en anglais ici).

O Eve !

Ma mère, ma fille, Eve porteuse de vie,

Ne sois pas honteuse, ne porte pas le deuil.

Les choses anciennes sont passées

Notre Dieu nous a donné un nouveau jour

Regarde, je porte un enfant,

À travers lequel tout sera réconcilié.

O Eve ! Ma sœur, mon amie

Nous nous réjouirons ensemble

Pour toujours

La vie sans fin

Articles en anglais qui ont inspiré cet article

Un article sur la même image sur le blog de Marg Mawczko

Un site catholique qui détaille les symboles présents dans le dessin

8 comments on “Marie console Eve

  1. Pas du tout d’accord. C’est entrer dans le récit de l eglise qui enferme les femmes dans la culpabilité d’Eve ou dans la sublimité inatteignable de Marie. Vierge- mère, rappellez vous, c ‘est impossible. C’est une manipulation sur l’imaginaire qui enferment les femmes dans des clichés sexistes. MAlveillants ou bienveillants

  2. LEANDRI MR

    Bonjour,
    Ce tableau est très beau, mais moi aussi me gêne.
    1) « au delà de la féminité, elles représentent l’humanité pécheresse appelée à porter le Christ »………
    Ceci est votre compréhension mais pas celle de nos amis catholiques, car Marie est l’Immaculée Conception, elle était sans péché.
    2) Ce n’est pas Marie qui a écrasé la tête du serpent, mais sa postérité, donc son fils Jésus à la croix.

    3) Ce n’est pas Eve qui a péché, mais dans GEN 2 on parle de ISHA. Qui est cette femme, ou ce féminin ? Déjà, certains pères de l’église pensaient à une allégorie, l’ âme en nous qui pêche ! A creuser donc……

    Marie, on sait, qu’elle était une jeune fille d’Israël. A cause de son amour pour Dieu et parce qu’elle était remplie du Saint-Esprit, et à dit oui , a pu être utilisée par Dieu. Quel espoir pour nous !

  3. Ping : « Quand les femmes se mettent à l’oeuvre » de Mary Cotes #lupourvous – Servir Ensemble

  4. Ping : « Libérées par Christ pour son service » de Madeleine Blocher-Saillens #lu pour vous – Servir Ensemble

  5. Ping : Cinq femmes « hors-la-Loi » – Servir Ensemble

  6. Ping : « Libérées par Christ pour son service » de Madeleine Blocher-Saillens #lupourvous – Servir Ensemble

  7. Ping : « Quand les femmes se mettent à l’oeuvre » de Mary Cotes #lupourvous – Servir Ensemble

  8. Ping : Pourquoi l’apôtre Paul ne permet-il pas à la femme d’enseigner (1 Tim 2.12) ? – Servir Ensemble

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Servir Ensemble

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading