Progresser en Église

Ministères et femmes anabaptistes au XVIe siècle

L’article sur les ministères et les femmes anabaptistes au XVIème siècle a été écrit par Lydie Hege et a a été publié aux Éditions Mennonites dans un cahier de Christ Seul (3/1992) intitulé « …et tes filles prophétiseront ». Dans cet article, Lydie Hege s’interroge: A l’heure de la Réforme, les réformateurs affirment le sacerdoce universel ainsi que l’égalité de l’homme et de la femme. Quels ont été les effets pour le ministère féminin dans les Églises protestantes et chez les anabaptistes?

La formulation « les ministères féminins » pose les limites de cette activité: il y a des ministères pour les femmes, d’autres pour les hommes, certains sont communs, d’autres sont circonscrits aux hommes. Il n’en fut pas toujours ainsi. Les recherches des dernières décennies ont mis en évidence qu’au début de l’ère chrétienne les femmes ont joué de très grands rôles dans l’Église[1]. Certaines furent apôtres. Peu à peu elles furent déchargées de leurs responsabilités, contraintes de se taire et de se satisfaire dans le rôle de mère (1 Tim 2,11-15).[2] Telle fut la volonté des hommes de Dieu à travers les siècles : garder la prérogative des fonctions de direction de l’Église. Hommes de leurs temps, influencés par leur culture et leur contexte, ils ont évincé les femmes de ce domaine. Elles ont cherché et trouvé d’autres façons de proclamer leur foi, pas du haut de la chaire, non pas en distribuant la Cène ou en administrant des baptêmes ni en célébrant des mariages.  Jusqu’au début du XXe siècle, les frères eurent l’exclusivité du ministère pastoral. Aujourd’hui la question du ministère pastoral féminin reste d’actualité. Si les Églises protestantes l’ont progressivement reconnu à partir des années 1920[3], il demeure problématique dans certaines Églises conservatrices, et aussi chez les mennonites. Et pourtant, les Églises mennonites des Pays Bas l’avaient reconnu dès 1904[4]. Au XVIe siècle, les femmes anabaptistes n’ont pas bénéficié d’une meilleure estime ni d’autres droits que leurs sœurs des Églises issues de la Réforme ou de l’Église traditionnelle. Cependant, la Réforme a été un tournant dans la conception du ministère, en redécouvrant et réaffirmant le sacerdoce universel elle a aussi réhabilité les laïcs, hommes et femmes: devant Dieu tous sont égaux.

Pour placer mon sujet dans un cadre historique je parlerai d’abord du sacerdoce universel et de la conception des ministères chez Luther  puis chez les anabaptistes. Dans la troisième et dernière partie j’essayerai de mettre en relief comment, dans les limites de leurs possibilités, les femmes anabaptistes ont servi l’Église. Je réserverai le terme de ministère pour les ministères directement exercés dans l’Église.

  1. Égalité de tous devant Dieu et ministères particuliers.

Pour mieux situer la démarche de Luther rappelons comment se pose la question de l’Église et des ministères à l’issue du moyen-âge. Le XVIe siècle était profondément religieux mais de plus en plus mécontent du clergé qui négligeait ses devoirs. On connaît la critique des abus, « l’appel aussi vigoureux qu’ancien à la Réforme, et le vœu souvent exprimé de voir l’Église retrouver un état ancien, idéal en quelque sorte »[5]. L’Église, institution de droit divin, exerçait le pouvoir suprême. Considérée comme seule dépositaire de la vérité, elle seule avait le privilège d’administrer les grâces (baptême, Cène…) nécessaires au salut. Le clergé prétendait avoir reçu de Dieu le privilège d’être seul compétent en matière religieuse et de n’avoir aucun compte à rendre aux fidèles. Luther se détache progressivement de Rome et de ses prérogatives, il met en doute l’identification pure et simple de l’Église de Jésus-Christ avec l’institution de Rome. Il réagit aussi (1520) contre le pouvoir (potestas) confié au clergé : juger les autres chrétiens, édicter les lois dans l’Église. La méditation de 1 P 2,9 lui fait découvrir le principe du sacerdoce universel: il n’y a aucune différence essentielle entre le clergé et les fidèles[6]. Aucun pouvoir particulier n’est confié « aux prêtres à cause de leur état de prêtre[7]« . Luther écrit: Que tout homme qui se reconnaît chrétien soit assuré et sache que nous tous sommes également prêtres, c’est-à-dire que nous avons le même pouvoir à l’égard de la parole et des sacrements[8]. Le sacerdoce universel ne signifie pas que tous ont les mêmes capacités. D’après Luther un groupe de croyants, « doit se préoccuper de s’assurer le ministère d’un prédicateur qualifié. Ce serait tenter Dieu d’attendre qu’il l’envoie du ciel. L’Écriture nous invite à nous préoccuper nous-mêmes de trouver des hommes capables de nous édifier »[9]. Luther ne remet pas en question le ministère particulier, celui de la Parole, nécessaire à l’assemblée locale et à l’Église. L’autorité du pasteur n’est pas la sienne propre mais celle de la Parole qu’il sert. Personne ne peut servir la Parole s’il n’a été choisi et appelé à le faire, soit par l’Esprit, soit par l’Assemblée, soit par les autorités[10].

Comment s’exerce le sacerdoce universel pour la plupart des hommes et des femmes? S’il faut des personnes qualifiées pour le ministère de la prédication, l’Église comprend aussi tous ceux et celles qui servent Dieu par et dans leurs activités quotidiennes. Auparavant, la condition du mariage était considérée comme bien inférieure à celle des religieux, on prônait l’idéal de la vie cléricale ou monacale. Luther renverse ces valeurs: la condition du couple est plus digne que celle des moines et les nonnes. « Dieu a qualifié «la femme de bonne et d’aide» il faut le croire et reconnaître la vie conjugale comme telle. … Cette disposition d’esprit et de foi est indispensable pour discerner la noble valeur des tâches quotidiennes, fastidieuses et méprisées. Les accomplir, c’est accomplir la volonté de Dieu »[11]. Tous servent Dieu avec la même dignité et sont égaux devant lui: les parents qui s’occupent de leur foyer, le cordonnier qui travaille consciencieuse-ment ou le prédicateur qui annonce l’Évangile.

 2. Les anabaptistes et les ministères

Le principe du sacerdoce universel était fortement appuyé par la plupart des groupes anabaptistes. Il fut compris comme donnant accès à tous au ministère de la Parole. En 1531, deux anabaptistes de Hesse relèvent que si l’on n’a rien à se reprocher quant à la foi, chacun peut prêcher, inutile d’avoir été nommé pour cela : en ordonnant d’enseigner toutes les nations Christ a élu tout un chacun à la prédication[12]. Ces prédicateurs itinérants étaient connus sous le nom d’apôtres. Trente ans plus tard, en 1564, cette conception reste vivante ici et là. Un anabaptiste de Thuringe maintient que tous peuvent prêcher ou apporter un enseignement, ce n’est pas l’exclusivité des pasteurs[13].

Cependant, les anabaptistes n’ont pas rejeté l’organisation de l’Église; leur modèle fut celui des temps apostoliques qui aboutit au type congrégationaliste. Certes, d’aucuns prétendaient que leurs assemblées n’avaient ni prêtres ni apôtres ni responsables locaux : Dieu seul ou le Christ étant l’unique supérieur. Mais dans les faits, l’Église locale était pourvue d’un berger. A la différence des pratiques traditionnelles de nomination, celui-ci n’était pas nommé par les autorités de la ville ou du territoire mais choisi par les fidèles. Différents noms désignaient la fonction de la personne à la tête de l’assemblée: ministre, serviteur, berger, enseignant, « Vorsteher » (qui préside). Dès 1527 l’Entente Fraternelle de Schleitheim avait spécifié les qualités du berger, reprenant celles stipulées dans 1 Tim 3.1-7 :  irréprochabilité, mari d’une seule femme, maître de maison exemplaire, respecté et apprécié de « ceux du dehors ».

L’Église locale choisit son berger par vote ou par tirage au sort. L’élection est immédiatement suivie de l’imposition des mains par les Anciens; cette fonction est confirmée après un temps d’essai. L’élu ne peut pas encore célébrer tous les actes, seul un berger confirmé dans son ministère peut rompre le pain, baptiser, bénir des mariages, veiller à la discipline. Observons que ses tâches sont celles d’un pasteur. Il n’est pas toujours clair s’il cumulait plusieurs fonctions, par exemple également celle d’enseignant; souvent il s’entourait d’une petite équipe pour mener à bien sa tâche: d’autres personnes étaient préposées aux fonctions de diacres et veillaient au bien matériel et physique du groupe.

A l’instar d’autres Églises, les anabaptistes reconnaissent également la nécessité d’un ministère spécialisé tout en affirmant le principe du sacerdoce universel. Dans quelle mesure les femmes étaient-elles concernées par ces positions théologiques?

3. Les femmes et le principe de l’égalité de tous devant Dieu

Réformateurs et anabaptistes ont surtout insisté sur le ministère de la Parole. Luther conçoit qu’une femme puisse accomplir ce ministère[14]. Mais jamais une femme n’exerça ce ministère au XVIe siècle. La mise en œuvre d’une idée aussi révolutionnaire fut très longue.

La femme anabaptiste jouissait-elle davantage de liberté que ses sœurs? On pourrait être amené à le croire, elle furent nombreuses à rejoindre l’anabaptisme, souvent au prix de leur vie privée. Elles ont abandonné foyer et famille, sécurité et tranquillité. Que recherchaient-elles? Était-ce uniquement pour une question de foi ou n’aspiraient-elles pas aussi à quelque liberté?

Jusqu’il y a une quinzaine d’années les chercheurs[15] sur la Réforme Radicale prétendaient que la femme avait le même statut que l’homme quant aux choses de la religion: égales de leurs maris et dans la communauté des croyants. Certes, tant que les groupes ou groupuscules anabaptistes restèrent des phénomènes spontanés, sans grande structure ecclésiale, les femmes connurent une grande liberté d’action et on respectait leur autorité.  Quand les groupes s’organisèrent et s’établirent avec des structures ecclésiales et des ministères précis, les femmes furent rapidement évincées: les anabaptistes se conformaient aux coutumes de leur temps.[16] En théorie, la condition de la femme avait été réhabilitée dans les écrits réformateurs. De tentatrice et séductrice elle a été reconnue être une créature au même titre que l’homme. Cependant, le siècle de l’humanisme et de la Renaissance restait misogyne. Modifier les mentalités et comportements vis-à-vis de la femme était – et reste – une entreprise de longue haleine. Ce qui fut semé au temps de la Réforme fut récolté bien plus tard. Les anabaptistes étaient hommes et femmes de leur époque. Certes, ils ont le mérite d’avoir essayé de retrouver un modèle « idéal » de l’Église, mais ils ne surent ou ne purent pas dépasser leur temps. Bien que révolutionnaires, ils ne furent pas enclins à accorder à la femme un rôle plus grand que celui qui était le sien au XVIe siècle.

a. Le statut de la femme au XVIe siècle[17]

En fonction des régions et du statut social, les lois ou coutumes changeaient. Elles s’accordaient toutefois pour restreindre les droits des femmes qui demeuraient sous la puissance maritale ou sous celle du plus proche parent homme. Leur univers se réduisait le plus souvent au mariage et à la famille. La relation entre époux n’était pas d’égal à égal, il appartenait au mari de «gouverner» sa femme et à celle-ci d’obéir sans condition. Dans les villes et dans les campagnes, elles exerçaient en général une activité professionnelle. Cela était nécessaire. En effet, dans les couches moyennes et inférieures le revenu procuré par le travail des deux conjoints suffisait à peine à faire vivre la famille. Très tôt, à quatre ans,  les enfants devaient y contribuer pour leur part. La présence active de l’épouse et mère de famille était indispensable pour assurer la continuité de l’entreprise familiale, tant à la campagne qu’en ville, dans l’artisanat ou le petit commerce.

b. Femmes anabaptistes et ministère

Nous avons vu que le choix du berger se faisait par vote ou tirage au sort. Malgré l’affirmation du principe de l’égalité de tous devant Dieu, les femmes n’avaient pas le droit de participer au choix du « Vorsteher ». A Augsbourg, grand centre anabaptiste de 1525 à 1529, elles ne pouvaient être ni élues à une fonction de ministre ni participer aux élections[18]. De même dans la région de Zurich: le responsable d’assemblée Conrad Winkler précise que le ministère de la prédication et de l’enseignement est interdit aux femmes[19]. Si ces fonctions leur sont interdites, on pourrait supposer qu’elles avaient le droit à la parole, pouvant ainsi d’une manière indirecte participer aux décisions. Il n’est pas sûr que cela fût le cas, du moins d’après certains documents. Balthasar Hubmaier, un des premiers anabaptistes de Suisse est aussi l’un des rares dont les écrits ont été conservés. Dans son traité sur la Cène, Hubmaier, rappelle que la femme doit se taire. Si elle a des questions, qu’elle les pose à son mari à la maison[20]. C’est là une position on ne saurait plus traditionaliste. En effet, d’après la littérature pastorale de l’Église traditionnelle, il était du devoir du mari d’instruire son épouse. « Du mari, l’épouse a tout à apprendre, il est, selon le précepte de … Paul, un guide religieux et un relais entre l’assemblée des fidèles et l’épouse condamnée au silence[21]« .

Et pourtant, les femmes anabaptistes, et certaines plus que d’autres, contribuèrent largement au bien-être et à la survie des assemblées anabaptistes. D’abord par leur présence et attachement au mouvement, mais aussi parce que dès le début, elles s’investirent dans la mesure de leurs possibilités et limites. Elles ont veillé aux besoins physiques et matériels des premiers apôtres anabaptistes itinérants. Ces derniers parcouraient villes et campagnes, pressés d’annoncer l’Évangile. Au Tyrol[22], par exemple, lors de rencontres anabaptistes, certaines femmes préparaient de la nourriture qu’elles portaient au lieu de rencontre. Cela était interdit par les autorités qui menaçaient d’emprisonner celles qu’elles prenaient en flagrant délit. Ce furent également des femmes qui acceptèrent d’héberger les prédicateurs itinérants. Cela aussi était sévèrement défendu. Elles furent présentes dans les temps d’épreuve et furent nombreuses à aller jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Ainsi, la femme de Balthasar Hubmaier, issue de la bourgeoisie de Waldshut, resta ferme durant le temps de son emprisonnement; elle fut condamnée à mourir noyée dans le Danube[23] en mars 1528. Ce fut également le sort de l’épouse de Michael Sattler et de bien d’autres femmes anabaptistes.

Quelle autre réalité fut celle des femmes anabaptistes? C’est non sans quelque ironie que je dirais que certaines d’entre elles ont exercé un ministère de solitude. Ne cachons pas que quelques-uns des premiers anabaptistes qui se sentirent ou se surent appelés à la fonction d’apôtre le firent aux dépens de leur vie familiale. Ils n’ont pas hésité à abandonner enfants et épouses, les condamnant à vivre une vie de misère, à aller de lieu en lieu pour plusieurs semaines ou quelques mois afin de gagner quelques méchants sous en tant que couturières ou servantes[24].  Moins difficile peut-être, cependant marqué par la solitude fut le cas de la femme de Hans Brötli. Parti de Zurich avec elle et leur enfant, il leur chercha un logis puis s’en alla prêcher dans la ville voisine[25].

La documentation explicite est rare. Néanmoins, il serait fâcheux d’oublier les contributions des femmes. Elles sont souvent difficiles à retrouver, les sources dont nous disposons sont l’œuvre d’hommes. Imaginons un instant qu’il y eût des documents laissés par des femmes. Auraient-elles retenu les mêmes choses? Les auraient-elles analysées ou décrites de la même façon? J’aimerais citer deux cas de femmes anabaptistes des Pays Bas qui ont fait preuve d’initiative.

En 1551[26], Léonard Bouwens est nommé ancien. Son épouse craint pour sa vie, les persécutions contre les mennonites sont sévères et les responsables sont particulièrement recherchés. Accepter la charge d’ancien, c’est souvent renoncer à une vie familiale régulière. La femme de Bouwens en est consciente et le craint. Elle prend la plume, ce qui est rare pour une femme de son époque, et écrit à Menno Simons le priant d’user de son influence pour décharger son mari de cette responsabilité. Implicitement elle lui dit qu’il ne faut pas exposer inutilement la vie de son mari; en tant qu’époux, père peut-être, il a des responsabilités que devant Dieu il a promis d’assumer. Clairvoyante et prévoyante, elle semble parler pour ceux qui n’étaient pas tout feu tout flamme dans l’Église mennonite et qui plaidaient en faveur de plus de modération.  La réponse de Menno Simons n’alla pas dans le sens espéré. Il l’exhorta à servir l’Église, non pas comme partenaire du ministère de son mari mais de manière passive.

D’après un historien, Elisabeth Dirks aurait été la première femme diaconesse mennonite[27]. Que savons-nous d’elle? Fort peu. Jeune enfant, elle avait été mise au couvent à Tiengen (Frise Orientale). A l’âge adulte elle se réfugia chez un mennonite de la ville voisine (Leer), elle devint mennonite avant d’aller à Leuwarden où elle s’installa chez une veuve. Elisabeth aurait souvent rencontré Menno Simons. Arrêtée en janvier 1549 elle fut mise à mort en mai 1549. Que faisait cette femme seule à Leuwarden? Elle semble avoir été connue et appréciée puisqu’on composa un chant sur elle. On devine qu’elle a dû déployer une activité généreuse, qu’elle a su répondre aux besoins des uns et des autres. Elisabeth Dirks est l’une des rares femmes dont on connaît un peu plus que le nom mais les détails que nous voudrions savoir sont tus.

Conclusion

Vu le biblicisme très marqué des anabaptistes, voire leur légalisme, on ne s’étonne pas qu’ils aient pris à la lettre l’injonction de Paul sur le silence de la femme dans l’Église. C’est dans d’autres domaines que le ministère pastoral que les femmes ont exercé leurs dons et fait preuve de capacité et de sagacité. Les Réformes du XVIe siècle ont renouvelé l’Église. L’affirmation du principe du sacerdoce universel et de l’égalité de tous devant Dieu s’élevait d’abord contre les prérogatives du clergé de l’Église traditionnelle, seul détenteur de la vérité. La Réforme Radicale a voulu appliquer le principe du sacerdoce de tous mais très vite réalisa qu’un ministère particulier était nécessaire pour la bonne organisation de l’Église locale. Les réformateurs avaient affirmé le principe de l’égalité de la femme et de l’homme, en particulier dans le couple, mais pour autant les mentalités ne changèrent pas. Cela était également vrai chez les anabaptistes. Ils se disaient frères et sœurs devant Dieu mais dans les décisions d’Église les sœurs étaient exclues. Dans la société du XVIe siècle, les femmes étaient alors exclues de la plupart des instances de décision.  Aujourd’hui la réalité est autre. Pourquoi continuer à parler de ministères féminins? Les ministères sont des fonctions nécessaires; ceux et celles qui y sont nommés sont appelés à un service particulier. Il importe plus de prendre en compte les capacités d’une personne que d’être regardant à son sexe. C’est pourquoi je préfère parler de ministères sans les circonscrire aux femmes ou aux hommes. Progressivement une partie de la chrétienté appelle également des femmes au ministère pastoral. Les assemblées mennonites françaises hésitent encore. L’attachement à la lettre étouffe, l’Esprit de Dieu fait vivre et nous étonnera encore.

Malheureusement le petit dossier « Et tes filles prophétiseront » des Éditions Mennonites relatif aux ministères des femmes dans l’église locale est aujourd’hui épuisé. Heureusement certains articles vont être relayés sur ce blog avec l’aimable autorisation de leurs auteurs.

[1] Susanne HEINE, Frauen der frühen Christenheit. Göttingen, 1990.

[2] Le texte de 1 Tim 2,11-15 faisait, parmi d’autres, figure d’autorité. Au fil du temps, l’Eglise oublia dans quelles circonstances il avait été écrit et s’en servit pour limiter l’action des femmes. Or, ce texte s’adressait contre les pratiques gnostiques qui mettaient l’accent sur le spirituel et méprisaient les dimensions physique et matérielle. Un texte comme celui de Timothée affirmait, contre la croyance gnostique, que la grossesse n’entrave pas le salut ou la sainteté d’une femme. Voir S. Heine, Frauen…, p. 156.

[3] Jean BAUBÉROT et Jean-Paul WILLAIME,  « Féminisme »,Le protestantisme, Paris, 1987, 86-87.

[4] Mennonitische Blätter,  1905, 4 cité par B. UNRUH, « Frau » dans Mennonitisches Lexikon I, 693 ,Frankfurt/ Main & Weierhof, 1913.

[5] Marc LIENHARD, L’Evangile et l’Eglise chez Luther. Paris, 1989, 118.

[6] Henri STROHL, La pensée de la Réforme. Neuchâtel & Paris, 1951, 176.

[7] LIENHARD, Evangile et Eglise .. .. 32.

[8] Martin Luthers Werke, Weimarer Ausgabe = WA 6,566,26-28 cité dans LIENHARD, Evangile et Eglise ….. 32.

[9] STROHL, La pensée ….. 183.

[10] Holsten FAGERBERG, « Amt, Ämter, Amtsverständnis. Reformationszeit » dans Theologische Realenzyklopädie, Berlin & New York,1978, 552-574.

[11] Lydie HEGE, « Le mariage selon Luther » dans Positions luthériennes 1990, 55.

[12] Urkundliche Quellen zur hessichen Reformationsgeschichte, Band IV: Wiedertäuferakten 1527-1626. Günther FRANZ éd., Marburg 1951, n°198.

[13] Die Wiedertäuferbewegung in Thüringen von 1526-1584. Beiträge zur neueren Geschichte Thüringens, Bd. 2. P. WAPPLER éd., Jena 1913, 499, 426, 508 (137-1564) cité dans Elsa BERNHOFER-PIPPERT, Täuferische Denkweisen und Lebensformen im Spiegel Oberdeutscher Täuferverhöre. Münster Westfalen, 1967, 73.

[14] WA 8,498, 12-14 cité dans M. LIENHARD, Martin Luther. Un temps, une vie, un message,. Paris & Genève, 1983, 167.

[15] Lucille MARR donne un aperçu des affirmations de plusieurs auteurs (R. Bainton, G.H. Williams, M. Chrisman) cf. son article: « Anabaptist women of the North: peers in the faith, subordinates in marriage » dans The Mennonite Quarterly Review, 1987, 347-362.

[16] Lois Y. Barrett, « Women’s History/Women’s Theology: Theological and Methodological Issues in the Writing of the History of Anabaptist-Mennonite Women », Conrad Grebel Review, Winter 1992, 1-16.

[17] Claudia OPTITZ, « Contraintes et libertés (1250-1500) » dans Le Moyen-Age. (Série Histoire des femmes) Paris, 1991, 280.

[18] Fr. ROTH, Zur Geschichte der Wiedertäufer in Oberschwaben, III: Der Höhepunkt der Bewegung in Augsburg und des Niedergang im Jahre 1528. Zeitschr. d. Hist. Ver. f. Schwaben u. Neuburg 28 (1901), 71 cité dans Claus-Peter CLASEN, Anabaptism. A Social History, 1525-1618. Switzerland, Austria, Moravia, South and Central Germany. Ithaca & London, 1971, 207ss.

[19] Quellen zur Geschichte der Täufer (QGT) in der Schweiz, Band I: Zürich. Leonhard von Muralt & Walter Schmid éds., Zürich 1952 (2e éd. 1974) 313, cité dans CLASEN, Social History ….. 73.

[20] CLASEN, Social History …..,73.

[21] Silvana VECCHIO, « La bonne épouse » dans Le Moyen-Age. (Série Histoire des femmes ) Paris, 1991, 131.

[22] Différents rapports dans les trois volumes de sources anabaptistes en Autriche. Quellen Zur Geschichte der Täufer, Band XI, XII, XIV :Österreich 1., 2., 3.Teil,  Grete Mecenseffy éd., Gütersloh 1964, 1972, 1983.

[23] J. LOSERTH, « Balthasar Hubmaier » dans ML II, Frankfurt/Main & Weierhof, 1937, 353-363.

[24] CLASEN, Social History ….. 59.

[25] QGT Zürich, n°36.

[26] The complete Writings of Menno Simons,, Scottdale (Pa), 1956, 1038-40. Cité dans Lucille MARR, « Anabaptist Women… », 354s.

[27] HOOP-SCHEFFER, Menn. Bl. 1886, 74 cité par Chr. NEFF, « Elisabeth Dirks » dans ML I, 449s.

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3 comments on “Ministères et femmes anabaptistes au XVIe siècle

  1. Des ministères « circoncis aux hommes » ? (2° paragraphe) « Circonscrits » ne serait-il pas un peu moins sexiste dans un blog comme le votre ? (:-)

    • Marie-Noëlle

      Bravo, vous avez l’oeil! Merci de nous l’avoir signalé!

  2. Pilloud

    Encore un excellent article, j’ai la brochure que j’avais apprécié en son temps. Une réflexion sur la culture de chaque époque est tellement importante pour voir de quelle manière l’Évangile peut avoir une puissance de transformation et ainsi engendrer une éthique de changement…

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